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Au Tibet, un petit village qui a la pêche... (2)

La Chine au présent | 26.02.2016 09h46

Panorama du village Junpa.

Comme son affaire se développait, il a ouvert avec son frère un atelier de maroquinerie dans le village qui emploie une dizaine de travailleurs plus deux maîtres artisans. En dehors des canots, l'atelier fabrique aussi des portefeuilles, des sacoches, des sacs à main.

La danse du bateau est d'ailleurs une autre curiosité culturelle du village de pêcheurs. Drasang, un vieux monsieur de 78 ans, se targue d'être le meilleur danseur du village. La danse consiste pour lui, qui est le soliste, à brandir un drapeau à cinq couleurs en chantant. Les quatre à six autres danseurs portent sur leur dos un canoë qui pèse de 30 à 40 kg, tous mouvant sur le même rythme, tandis que la rame frappe le flanc du navire, ce qui donne un rythme joyeux et entraînant.

Avant la réforme du Tibet en 1959, les pêcheurs de Junpa devaient chaque année effectuer des corvées de transport fluvial pour le compte de l'ancien gouvernement. Les canoës peuvent descendre le cours du fleuve mais pas le remonter. Une fois arrivés, les pêcheurs devaient donc faire sécher les bateaux avant de les porter sur leur dos sur le chemin du retour.

Pour ces pêcheurs, qui passent le plus clair de leur temps en bateau, la chanson et la danse du canot sont le principal loisir. Il existe en fait deux chansons du bateau : la première est une mélodie douce propre à la détente, qui correspond à la navigation par temps clair sur un fleuve apaisé ; l'autre s'appelle le haozi, un rythme rapide et sonore chanté pour illustrer la lutte contre les éléments et l'orage qui résonne dans les montagnes. L'accompagnement vocal sans paroles reproduit le murmure des vagues.

Une danse complète du bateau se divise en quatre mouvements. D'abord l'introduction chantée par le soliste. Le deuxième morceau s'appelle la danse du yak au cours de laquelle les bateliers interprètent la danse du bateau proprement dite, et le soliste entonne en même temps la Chanson de la bénédiction. Le troisième morceau s'appelle Relever le khata. Le soliste pose un khata (foulard de soie blanche tibétain) par terre, que les danseurs doivent relever à l'aide des angles du bateau posé sur leur dos. Enfin, le quatrième morceau s'intitule la Chanson de la bénédiction, qui conclut le rituel.

Depuis 2008, la danse du bateau du village Junpa est inscrite au Registre national du patrimoine culturel immatériel. Ce bateau de cuir, outil ancestral des pêcheurs de montagne, mais aussi accessoire de loisir, constitue aujourd'hui une attraction touristique.

À 8 km du village, un village de vacances a été créé, autour d'un bâtiment principal qui reprend la forme du bateau traditionnel des pêcheurs. Ici, les touristes peuvent goûter la cuisine locale à base de poisson, le vin d'orge d'ici et le thé tibétain au beurre. D'autre part, ils peuvent aussi découvrir la danse du bateau et faire du canotage sur le fleuve.

 

*LU MINGWEN est journaliste au Tibet Business Daily.


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(Rédacteurs :Yin GAO, Wei SHAN)
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