Dernière mise à jour à 09h29 le 26/02

Page d'accueil>>International

Une centaine de détenus auraient disparu massacrés et hachés dans une prison colombienne

le Quotidien du Peuple en ligne | 26.02.2016 09h06

Les autorités colombiennes enquêtent actuellement sur la disparition et le possible démembrement d'au moins 100 personnes dont les corps auraient été jetés dans un système d'égout sous une prison de Bogota, la capitale. L'enquête se concentre sur La Modelo, une des prisons les plus importantes et les plus surpeuplées de la Colombie. Mais selon les responsables, l'effrayante pratique qui consiste à démembrer les gens et à jeter leurs restes dans les égouts aurait également eu lieu dans d'autres prisons de villes comme Popayan, Bucaramanga et Barranquilla entre 1999 et 2001 et peut-être même plus tard.

Caterina Heyck Puyana, procureur spécial chargé de l'affaire, a déclaré mercredi que le bureau du Procureur général colombien enquête sur ce qui est arrivé à La Modelo pendant des mois. « Vers la fin de l'année dernière, nous avons commencé à enquêter sur la disparition possible et le démembrement d'un nombre indéterminé de personnes à la prison de La Modelo de Bogota », a dit Mme Heyck. « Les victimes étaient des détenus, des visiteurs et des gens qui ont rien à voir avec la prison. Leurs restes ont été jetés dans les tuyaux d'évacuation du système d'égout ».

Selon Mme Heyck, qui s'appuie sur les aveux d'un ex-paramilitaire selon qui les victimes auraient été littéralement hachées, « Nous parlons de 100 personnes, mais nous savons qu'il y en a davantage (...) Comme elles ont été coupées en morceaux puis jetées dans les canalisations, il est difficile de savoir exactement combien ont ainsi disparu ». Ces faits macabres se sont produits entre 1999 et 2003 dans ce centre pénitentiaire pour hommes, prévu pour 1 675 prisonniers, mais qui en comptait alors quelque 3 800. Mais la justice craint de ne pouvoir déterminer exactement combien de personnes ont disparu, et encore moins leur identité.

A cette époque-là, dans la prison La Modelo, située à seulement quelques centaines de mètres du Parquet, se trouvaient aussi bien des guérilleros que des paramilitaires, ennemis jurés de la guerre civile larvée qui déchire la Colombie depuis plus d'un demi-siècle et qui, selon les chiffres officiels, a fait 7,5 millions de victimes, dont au moins 220 000 morts et six millions de déplacés. C'est à la suite de l'enlèvement, de la torture et du viol d'une journaliste, Jineth Bedoya, qui travaillait en 2000 sur un trafic d'armes et autres irrégularités signalées dans cette prison que le Parquet a lancé une enquête sur ces atrocités. Selon Caterina Heyck, « Le Parquet a compris que la meilleure façon de répondre à l'injustice dont elle a été victime était d'enquêter sur ce sur quoi elle-même enquêtait ». Les prisonniers n'étaient pas les seules victimes de cette horreur. Leurs proches et d'autres visiteurs, qui franchissaient les grilles sans qu'aucun registre en soit tenu, ont également disparu avec l'assentiment tacite des gardiens.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Yin GAO)
Partez cet article sur :
  • Votre pseudo
  •     

Conseils de la rédaction :