Dernière mise à jour à 09h50 le 26/02
Le 30 juin 2015, le premier ministre Li Keqiang et son homologue français Manuel Valls inaugurent la première succursale de la China Construction Bank en France.
L'impulsion de la classe moyenne
Auparavant devancée par de plus grand pays industriels tels l'Allemagne ou les États-Unis, la France avait du mal à émerger dans le marché chinois très tourné vers l'industrie. Mais aujourd'hui, la France, un des leaders dans les services, l'environnement, la sûreté alimentaire et des industries de pointe tels que les nouvelles énergies ou le nucléaire, a tout intérêt à profiter de cette vague impulsée par la montée en puissance de la classe moyenne chinoise : « La société chinoise est de plus en plus consciente des enjeux environnementaux. Dans le même temps, les consommateurs chinois commencent à prendre conscience de l'importance de produits de bonne qualité et de la sécurité alimentaire. Le vieillissement de la population chinoise et la réforme du système de santé chinois sont aussi de bonnes nouvelles pour nos échanges économiques avec la Chine », analyse Javier Gimeno.
« La France est en mesure de satisfaire au mieux cette nouvelle classe moyenne. Ce changement de politique économique est favorable aux entreprises françaises. C'est même mieux que ces dernières années. Pour prendre un exemple, l'entreprise que je dirige, spécialiste dans le domaine des matériaux de construction voit une différence : aujourd'hui, les constructeurs chinois font attention aux performances environnementales des matériaux. Au niveau du vitrage isolant par exemple, le consommateur chinois se renseigne sur le vitrage, il veut de la qualité. Les gens prêtent aussi attention à la réduction des émissions de CO2. Cette nouvelle conscience sur le plan de l'environnement favorise les entreprises françaises », détaille Javier Gimeno.
« Sur le plan alimentaire, la sécurité alimentaire prend de plus en plus d'importance. Le consommateur veut savoir si la nourriture fabriquée est en conformité avec des standards rigoureux. Or en France, nos produits sont tracés et contrôlés selon des normes très strictes. On observe donc un changement graduel : plus la société chinoise avance vers une société de classe moyenne, plus l'offre française est adaptée à la demande de cette nouvelle population. Le mouvement s'est accéléré de façon notable ces dernières années », ajoute-t-il.
La balance commerciale défavorable est-elle une fatalité ?
Naguère devancée par l'Allemagne, partenaire fétiche de la Chine dans l'automobile, l'industrie lourde, le ferroviaire et la machinerie, les États-Unis, poids-lourd du numérique et de l'investissement dans l'industrie et même les Pays-Bas, la France tente depuis de nombreuses années de rattraper son retard (la balance économique franco-chinoise est très largement déséquilibrée comparée à celle d'autres pays avec la Chine : –26,3 milliards d'euros pour 2014).
Première bonne nouvelle : « Aujourd'hui, les réformes économiques chinoises sont intéressantes pour la France, car la Chine a besoin de se développer de façon durable, de faire des progrès dans le domaine de l'environnement, de développer son système de santé, de produire mieux et de satisfaire la demande de sa classe moyenne grandissante en termes de services et de produits de qualité », nous explique M. Gimeno.
La France, championne du tertiaire, de l'industrie haut-de-gamme et à forte valeur ajoutée, gagne du terrain en Chine dans un contexte qui est plus favorable à la topologie des produits et des services proposés par les entreprises françaises. Pourtant, « Ce n'est pas demain qu'on va voir la balance commerciale franco-chinoise se rétablir, car les réalités économiques et sociologiques sont différentes. Évidemment, un des vecteurs de notre action est de réduire progressivement l'écart. Et les officiels français le répètent à chaque visite à leurs collègues chinois. Heureusement, la France joue dans des cours – celles de la technologie, de la qualité, de la valeur ajoutée, de la créativité – où les échanges peuvent se rééquilibrer plus rapidement. Ce déséquilibre de la balance commerciale n'est donc pas une fatalité », commente Javier Gimeno.