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Attentats de Paris : Il faut rééquilibrer la politique française au Moyen-Orient pour venir à bout du terrorisme

Xinhua | 26.11.2015 08h26

La solution à la menace terroriste en Europe et, en particulier en France ne peut se résumer à la seule réponse militaire (bombardements contre Daech), a estimé Fréderic Pichon, spécialiste du monde arabe et méditerranéen à l'Université François Rabelais de Tours en France.

Selon l'enseignant-chercheur, également consultant en géopolitique, la solution est aussi diplomatique et politique. Car tant que la France n'aura pas redéfini ses alliances et ses relations avec certains pays du Golfe, il est illusoire de penser qu' on pourra venir à bout du terrorisme, a-t-il indiqué dans une interview à Xinhua.

Selon M. Pichon, la réponse française - bombardements de Daech (Etat islamique, ndlr) - aux attaques du vendredi 13 novembre fait penser à celle qui a suivi le 11 septembre aux Etats-Unis.

"On n'a pas compris que le problème n' était pas uniquement sécuritaire, que c' est un problème diplomatique et politique dans la région du Golfe. La France est dans une posture militaire et ne se pose pas la vraie question : comment en est-on arrivé là, comment la gestion de l'Occident en Syrie a de fait, encouragé le terrorisme via les pays qui sont nos alliés sur place à savoir Qatar, Arabie Saoudite, Turquie", a expliqué le chercheur français.

D'après lui, la solution aux menaces terroristes passera par un rééquilibrage de la politique française au Moyen-Orient.

"Il faut absolument rééquilibrer notre politique au Moyen-Orient. Il ne s' agit pas de rompre avec les puissances du Golfe mais pouvoir avoir une alternative, notamment avec l' Iran dans la région ou avec d' autres puissances qui nous permettraient de faire pression sur ces pays là (du Golfe) ", a dit M. Pichon.

D'autre part, le chercheur estime que l' Europe doit "passer à une réaffirmation de ses valeurs européennes, nationales, c' est le meilleur moyen de contrer ce phénomène".

"L'engagement des ressortissants européens dans le djihadisme est la cause de quelque chose qui est propre aux sociétés européennes qui sont des sociétés qui, depuis 40 ans ont abandonné tout sens de l' histoire, tout sens du tragique. Des sociétés qui n' affirment pas leur valeur non plus. Et là dessus a prospéré le djihadisme", a expliqué M. Pichon.

Selon lui, les terroristes ont pu commettre les attaques de Paris en s' engouffrant dans ce qui fait la force mais en même temps la faiblesse de l' espace européen : la très grande liberté de circuler. "Cette liberté a été utilisée par Daech pour faire du mal à travers ses réseaux, à Paris", a-t-il indiqué.

Pessimiste, le chercheur n' exclut pas d' autres tentatives d'attentats en France ou en Europe. Pour lui, la réponse contre le terrorisme doit être européenne.

Les attentats de Paris n'ont rien d'étonnant d'après le chercheur : "depuis trente ans dans certains quartiers en Belgique et en France les politiques ont, en quelque sorte, acheté la paix sociale en laissant prospérer des groupes qui faisaient la police dans leur propre quartier, mais qui en même temps pouvait cacher d' autres activités. Des choses qui remettent en cause les politiques menées jusque-là par tous les gouvernements", a fait savoir M. Pichon.

Il a indiqué par ailleurs que le départ du président syrien Bachar Al-Assad n' est ni la solution ni une priorité. Car, a-t-il dit, " tout le monde sait, à Paris comme à Washington, que l' effondrement de l' Etat syrien amènerait encore plus de chaos. Personne n' a intérêt à un effondrement du régime syrien et, à une chute de Bachar Al-Assad".

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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