Il faut plus de coopération internationale pour contenir la menace que représente l'EI

Certes, le groupe terroriste de l'Etat Islamique (EI, Daesh en arabe) a dévié ses tirs de la Syrie et de l'Irak, grâce aux frappes aériennes internationales, mais ce n'est pas l'objectif si le résultat est plus d'attaques mortelles dans le monde entier.

Les derniers actes terroristes de l'EI contre l'avion russe au Sinaï et les attentats à Paris montrent tragiquement que la menace représentée par l'EI n'est pas encore contenue, montrant le besoin d'une coopération internationale substantielle.

Malgré les dégâts lourds subis par Daesh à cause des frappes aériennes de la coalition américaine en Syrie et en Irak et plus tard les bombardements ruses sur les positions rebelles en Syrie, la menace du groupe est devenue mondiale pour tenter de compenser ses pertes au Moyen-Orient.

"Les dégâts lourds enregistrés dans les rangs de l'EI et ses difficultés accrues pour s'étendre davantage en Irak et en Syrie ont poussé le groupe extrémiste à trouver de nouveaux fronts à l'extérieur des champs de batail classiques en Irak et en Syrie", a expliqué Najib al-Jubouri, analyste politique, à Xinhua.

L'EI aurait apparemment choisi la France à cause de sa large communauté musulmane et parce que nombre des combattants de l'EI sont français; il a choisi l'avion russe parce que la Russie est à la tête d'une campagne militaire en Syrie et parce qu'elle s'est battue contre les musulmans en Afghanistan et en Tchétchénie, selon M. Jubouri.

"L'EI n'agit pas à l'aveugle, il a choisi ses cibles minutieusement et a lancé des attaques massives et mortelles pour atteindre ses objectifs", a poursuivi M. Jubouri.

"Les objectifs de l'EI peuvent être résumés en trois points: propager la terreur, créer la polarisation sociale et mobiliser les sympathisants", a ajouté l'analyste.

Premièrement, les attaques de l'EI à Paris ont tué beaucoup de gens et ont ainsi provoqué une vague de peur irrationnelle. Deuxièmement, Daesh veut créer la haine entre les citoyens français vis-à-vis de la communauté musulmane de France afin de diviser la société en musulmans et anti-musulmans. Troisièmement, une telle division inspirera les sympathisants de l'EI et attirera de nouveaux membres.

"Un des moyens familiers de l'EI est d'exploiter brutalement toute division sociale interne, comme il l'a fait en Irak entre communautés chiites et sunnites, parce qu'il sait qu'une communauté divisée, où la haine est alimentée par la peur mutuelle, est un sol fertile pour recruter de nouveaux terroristes", a souligné M. Jubouri.

Après tout, beaucoup espère que la dernière alerte internationale pour vaincre les attentats mortels de Daesh aboutira à un genre de consensus sur une stratégie internationale durable pour combattre le terrorisme.

"Mais cette fois, il est essentiel de maintenir l'état d'alerte à son niveau le plus élevé même si l'EI perdra sa capacité à mener de telles attaques massives", a-t-il ajouté.

Pour sa part, Ibrahim al-Ameri, maître de conférence en sciences politiques à l'université de Bagdad, a déclaré à Xinhua que le terrorisme est le résultat de mauvaises politiques qui ont conduit à nourrir la terre pour les extrémistes comme ceux de Daesh.

"Le terrorisme ne peut prospérer sans environnement adéquate. Je pense que les Etats du monde doivent respecter le principe de respect mutuel, d'égalité et de coopération avec le reste de la communauté internationale afin de renforcer l'action anti-terroriste et maintenir la paix et la stabilité dans le monde", a souligné M. Ameri.

L'émergence de Daesh, qui s'est séparé d'Al-Qaïda il y a environ trois ans, est le résultat d'un déséquilibre dans les relations entre le monde islamique et l'occident. C'est le résultat du manque d'options pacifiques dans la correction de ces déséquilibres, a ajouté M. al-Ameri.

L'unilatéralisme des Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 a semé les graines de la violence qui ne pourra pas être déracinée avant plusieurs décennies, a-t-il ajouté, accusant les Etats-Unis d'adopter des standards doubles dans la gestion des dossiers mondiaux.

"Les Etats-Unis possèdent leurs propres règles pour définir l'acte de terrorisme et l'utilise ensuite comme excuse pour interférer dans les affaires internes des autres pays", a-t-il souligné.

Les observateurs attribuent l'instabilité chronique actuelle, le cycle de violence et l'émergence des groupes extrémistes comme l'EI aux standards doubles des Etats-Unis, qui ont envahi l'Irak en mars 2003 sous prétexte de vouloir détruire des armes de destruction massive dans le pays.

La guerre a conduit à l'éviction et à l'exécution du président irakien Saddam Hussein, mais aucune arme de destruction massive n'a été retrouvée.