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Pourquoi la stratégie américaine au Moyen-Orient est plongée dans l'embarras

le Quotidien du Peuple en ligne | 23.11.2015 16h19

Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry commence le 22 novembre une visite au Moyen-Orient, et il a indiqué que sa visite se concentrera sur les violences entre Israéliens et Palestiniens, l'organisation États islamiques et le conflit syrien. Le déplacement de John Kerry au Moyen-Orient en ce moment suscite beaucoup d'attention mais aussi de spéculations à l'extérieur des Etats-Unis. En raison du désordre actuel que connait le Moyen-Orient, la politique américaine dans cette région est devenue la cible du public, et le célèbre commentateur politique Noam Chomsky a récemment critiqué le « trou noir » politique créé par les États-Unis au Moyen-Orient.

Depuis que Barack Obama a pris ses fonctions, les caractéristiques globales de la stratégie américaine au Moyen-Orient sont la frilosité stratégique, l'évitement du chaos et la recherche de la stabilité, soulignées par l'extrême prudence des États-Unis dans la lutte contre l'Etat islamique et leur patience sur le dossier des négociations sur le nucléaire iranien ces deux dernières années. Et les frappes aériennes russes en Syrie qui ont commencé à la fin du mois de septembre ont également plongé les Etats-Unis dans un embarras certain. Après les attaques terroristes majeures dont a été victime Paris, la stratégie de Barack Obama a montré une fois de plus l'embarras dans lequel elle se trouve, et reflète globalement le dilemme dans lequel se trouvent les États-Unis, pris entre leur objectif stratégique de maintien de leur hégémonie au Moyen-Orient et leur manque de volonté et leurs moyens limités, embarras qui se manifeste concrètement de trois manières.

Tout d'abord, la contradiction entre le changement radical du modèle de conflit au Moyen-Orient et la frilosité stratégique des Etats-Unis dans la région. Depuis le changement de situation au Moyen-Orient, la transition dans les pays arabes, le puissant rebond du terrorisme, les changements brutaux en termes d'équilibre régional du pouvoir et de réorganisation des forces, les ajustements profonds de stratégie intérieure et extérieure des pays de la région, tout cela reflète profondément l'énormité et la rapidité des changements que connait la structure du Moyen-Orient. Toutefois, dans un contexte de repli stratégique global des Etats-Unis au Moyen-Orient, les efforts stratégiques de ceux-ci doivent encore se concentrer sur des problèmes anciens dans lesquels ils sont très impliqués, comme la Palestine et Israël, le dossier nucléaire iranien ainsi que le retrait d'Irak et d'Afghanistan, et autres sujets traditionnels, en particulier la réparation des troubles laissés par l'administration Bush, mais face aux nouveaux problèmes, les Etats-Unis font preuve de graves défauts comme un manque évident d'anticipation, et une passivité dans leur réponse.

S'agissant du problème du schéma régional, les Etats-Unis ont déjà bien du mal à forger une structure d'équilibre des forces sous leur houlette, entre les quatre grandes puissances régionales que sont l'Arabie Saoudite, la Turquie, l'Iran et Israël et le reste du monde arabe. Aujourd'hui, la Russie a eu vite fait de repérer ce ventre mou du repli stratégique des Etats-Unis au Moyen-Orient, et a pris l'initiative sur la question syrienne.

Deuxièmement, le conflit entre la stratégie américaine au Moyen-Orient et ses objectifs multiples, dont le noyau du conflit est la contradiction entre l'importance de la diplomatie et du pragmatisme, et le réalisme diplomatique. Actuellement, malgré leur frilosité stratégique au Moyen-Orient, les Etats-Unis n'ont pas changé leur objectif, maintenir leur hégémonie au Moyen-Orient. Mais dans le même temps, s'agissant d'objectifs spécifiques comme protéger la sécurité des alliés, assurer la sécurité énergétique, exporter la démocratie, lutter contre le terrorisme et assurer la non-prolifération etc, les contraintes mutuelles constituent souvent un obstacle pour la stratégie américaine au Moyen-Orient, souvent perturbée.

Troisièmement, les alliés stratégiques des États-Unis au Moyen-Orient sont plongés dans une crise grave. Pour les États-Unis, ils ont longtemps été un moyen important pour maintenir leur hégémonie au Moyen-Orient, mais aussi un lourd fardeau pesant sur la stratégie américaine au Moyen-Orient. Les Etats-Unis ont souvent dû constamment assurer un difficile équilibre entre leurs alliés, qu'il s'agisse de les cultiver, de les utiliser, de les conforter, voire de les abandonner. À l'heure actuelle, les changements que connait l'alliance américano-égyptienne constitue un exemple parfait du dilemme stratégique concernant les alliés des Etats-Unis.

Pendant la guerre froide, le besoin des Etats-Unis de garantir la sécurité de l'allié israélien et de s'opposer à l'Union soviétique a eu un impact majeur sur les relations israélo-arabes et autres questions régionales, permettant de faire de l'Egypte un de leurs alliés. Mais après le « printemps arabe », les États-Unis ont d'abord, afin de répondre à leur volonté d'exporter la démocratie, impitoyablement abandonné le régime d'Hosni Moubarak, pourtant allié de longue date, puis, plus tard, face au mécontentement envers les Frères musulmans alors au pouvoir, ils ont donné leur feu vert à un coup d'Etat militaire qui a déposé le régime de Morsi, suscitant de fortes critiques de la part du peuple égyptien et de l'opinion publique arabe. Finalement, les Etats-Unis, avec leur position mouvante, se sont aliénés bien des cœurs qu'il leur sera difficile de reconquérir. 

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Yin GAO)
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