Dernière mise à jour à 16h15 le 11/07

Page d'accueil>>International

La victoire de Shinzo Abe aux élections de la chambre haute du parlement menace la stabilité du Japon et de la région

Xinhua | 11.07.2016 16h12

La coalition dirigée par le Premier ministre japonais Shinzo Abe a remporté la majorité aux élections de la chambre haute du parlement dimanche, ce qui signifie que les partis de M. Abe et de sa coalition ont réussi à obtenir la majorité des deux tiers nécessaire pour tenter de réviser la Constitution pacifiste d'après-guerre du Japon.

Bien qu'elle soit sans surprise, cette victoire pourrait constituer un danger pour le Japon et menacer la stabilité régionale, car elle signifie que Shinzo Abe obtiendra plus de pouvoir et mettra en péril la Constitution japonaise.

La "victoire" de la coalition au pouvoir aux élections de dimanche est considérée comme le résultat du manque de meilleures options et du fait que les électeurs ont préféré maintenir le statu quo, et non d'une reconnaissance réelle des bienfaits des politiques de M. Abe.

Le Parti libéral-démocrate de M. Abe (PLD) n'a pas réussi à obtenir la majorité simple.

D'une part, M. Abe a vanté les prétendues réussites de sa politique économique en citant uniquement les données économiques qui lui étaient favorables, tout en restant vague sur son programme politique réel, qui est de réviser la Constitution pacifiste. Cette stratégie a réussi à leurrer de nombreux électeurs opposés à la révision de la Constitution.

D'autre part, les électeurs, bien que mécontents de la politique de M. Abe, ont estimé qu'il n'y avait pas de meilleures options, car ils sont tout aussi mécontents des partis d'opposition, qui semblent également incapables d'offrir des solutions réalisables aux problèmes auxquels le Japon est confronté. Beaucoup d'électeurs ont par conséquent choisi de maintenir le statu quo ou se sont abstenus.

La victoire de la coalition donne raison à un certain nombre de sondages réalisés récemment par les médias japonais avant les élections. Mais maintenant que M. Abe a levé les obstacles à ses ambitions politiques, dont l'un des objectifs est la modification de la Constitution pacifiste, on peut s'inquiéter de l'avenir du Japon.

Au cours des trois dernières années, M. Abe a mis fermement en avant son programme politique et tenté de mettre fin progressivement à soixante-dix ans de pacifisme au Japon malgré l'opposition à l'intérieur et à l'extérieur de son parti et les manifestations massives de la population en général.

Sous le gouvernement de M. Abe, les dépenses militaires du Japon n'ont cessé de croître chaque année. Le budget militaire pour l'exercice 2016 a ainsi augmenté de 1,5% par rapport à 2015 pour atteindre 5.050 milliards de yens (50,21 milliards de dollars américains), un record pour le pays.

Dans sa politique étrangère, le gouvernement de M. Abe, en essayant de consolider son alliance avec les Etats-Unis et de s'ingérer dans des affaires qui ne concernent pas le Japon telles que la question de la mer de Chine méridionale, n'a fait qu'attiser les tensions et compromettre la stabilité régionale, ce qui crée des troubles au lieu de promouvoir la paix.

Maintenant que la coalition de M. Abe a obtenu plus de pouvoir au parlement, le Premier ministre est plus près que jamais de réaliser son objectif politique de réviser la Constitution dont il avait évité de parler pendant sa campagne, et les Japonais mal informés continuent d'attendre en vain un miracle dans sa politique économique.

Cette menace sérieuse à la Constitution pacifiste du Japon et l'expansion du pouvoir de M. Abe sont alarmantes non seulement pour les voisins du Japon, mais aussi pour le Japon lui-même, car la militarisation du Japon n'est dans l'intérêt d'aucune partie.

Il est intéressant de noter que le Japon devait en partie son développement rapide et sa prospérité économique des décennies précédant la décennie perdue à sa promesse de rester pacifique après sa défaite lors de la Seconde Guerre mondiale. Toute déviation de cette voie pacifique peut coûter très cher au pays d'un point de vue économique, mais aussi diplomatique en ce qui concerne les relations du Japon avec ses pays voisins.

A mesure que le Japon renforce son engagement dans des conflits militaires à l'étranger, le pays sera aussi moins sûr, contrairement à ce qu'affirme le parti au pouvoir de M. Abe, car les Japonais pourraient devenir la cible d'attaques terroristes.

Les voisins du Japon ont quant à eux suivi de près les politiques et mesures de sécurité du Japon pour des raisons historiques. A présent, la remilitarisation du Japon et le renforcement du pouvoir de M. Abe vont devenir de nouvelles sources d'inquiétude pour ces pays.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
Partez cet article sur :
  • Votre pseudo
  •     

Conseils de la rédaction :