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Le Traité de 1887 est toujours en vigueur pour légitimer la souveraineté de la Chine sur les îles Xisha : expert français

le Quotidien du Peuple en ligne | 11.07.2016 15h57

Jean PEGOURET, fondateur de SAPHIR EURASIA PROMOTION, Observatoire des relations dans l'espace eurasiatique et spécialiste en géopolitique eurasiatique, répond aux questions du Quotidien du Peuple à l'approche du verdict attendu le 12 juillet 2016 du Tribunal arbitral de La Haye saisi par les Philippines pour trancher son différend avec la Chine en Mer de Chine méridionale.

Quotidien du Peuple : En France, dispose-t-on de données historiques qui peuvent témoigner de la souveraineté chinoise sur les îles de la mer de Chine méridionale ? 

J.Pégouret : Si la France n'est pas intervenue directement dans la question des îles Nansha, elle a par contre été un acteur déterminant dans la souveraineté de la Chine sur les îles Xisha. Les frontières entre la Chine et l'Annam, alors sous protectorat français ont été fixées à l'issue de la guerre qui a opposé la Chine et la France entre 1881 et 1885, motivée par l'expansion de cette dernière au Tonkin.

Le Traité signé entre la France et la Chine le 26 juin 1887 stipule très précisément : « Les îles qui sont à l'Est du méridien de Paris 105°43' de longitude Est sont attribuées à la Chine ; les autres îles qui sont à l'Ouest de ce méridien sont à l'Annam. »

Le méridien de Paris se trouvant à 2°20' du méridien de Greenwich, la ligne de démarcation se trouve donc sur le 108° méridien, ce qui attribue clairement les îles Xisha à la Chine.

La France tenta de revenir par la suite sur cette décision car les Xisha étaient une plaque tournante de contrebande mais la Chine n'accepta pas les propositions d'arbitrages de la France en 1932, 1937 et 1947 et ne fut ensuite conviée ni aux accords de Genève de 1954 de décolonisation de l'Indochine qui attribua les Xisha au Vietnam du Sud ni au Traité de San Francisco de 1951 attribuant les îles occupées puis reprises aux Japonais pendant la seconde Guerre mondiale.

Dès lors le Traité de 1887 est toujours en vigueur pour légitimer la souveraineté de la Chine sur les îles Xisha.

Quotidien du Peuple : Comment voyez-vous l'arbitrage sollicité par les Philippines?

J. Pégouret : Il faut replacer cette demande d'arbitrage dans le contexte général de la situation intérieure des Philippines et pas seulement au regard du seul litige maritime en Mer de Chine méridionale.

Les Philippines sont confrontées de façon endémique depuis leur indépendance en 1946 à la corruption, à la criminalité, aux trafics en tout genre et au népotisme de leur classe dirigeante. Le développement économique du pays est affecté par une démographie galopante et un système politique qui, sous le couvert d'institutions démocratiques calquées sur le système américain, a laissé prospérer des dynasties familiales à la tête du pays qui a dû recourir sur de longues périodes à la loi martiale, aux assassinats politiques, a laissé prospérer des « escadrons de la mort » et vu se développer des mouvements islamistes.

Face à ces difficultés intérieures, le précédent président philippin Aquino n'a pas hésité à enfourcher le cheval du nationalisme, allant jusqu'à comparer la Chine à l'Allemagne nazie.

L'élection du président Duterte sur un discours populiste et anti-corruption est le résultat de cette situation.

Les Etats-Unis ont bénéficié de cette instabilité pour maintenir leur présence dans ce pays qui avait été leur colonie pendant la première moitié du XXe siècle jusqu'au départ de l'occupant japonais en 1945.

A l'inverse, la Chine a suivi un développement harmonieux et efficace depuis la politique d'ouverture et de réformes et dispose aujourd'hui des moyens mais se trouve aussi dans la nécessité de s'ouvrir au-delà de ses frontières.

L'initiative « une Ceinture une Route » en est l'illustration.

La Chine trouve face à elle sur tous les théâtres et pas seulement en Mer de Chine méridionale, les Etats-Unis qui « offrent leurs services » à tous les voisins de la Chine pour les « préserver de son expansion au-delà de ses frontières ».

C'est ainsi que les Philippines leur ont donné accès à cinq nouvelles bases militaires.

Les Philippines n'ont jamais valorisé ni assuré la sécurité maritime dans les îles Nansha. A l'inverse, les constructions engagées par la Chine sur les îlots en mer de Chine méridionale contribuent à sécuriser la navigation là où d'autres pays riverains n'ont pas été en mesure de le faire, et cela dans l'intérêt commun de la région.

Les installations de sécurité maritime chinoise dernièrement construites auraient été bien utiles lors des recherches du vol MH370 il y a deux ans.


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(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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