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Les fortes inondations soulèvent à nouveau la question de la planification urbaine

le Quotidien du Peuple en ligne | 11.07.2016 14h20

Les inondations qui ont transformé des dizaines de villes dans le Sud de la Chine en marais la semaine dernière ont amené les experts se poser des questions sur le processus d'urbanisation qui accorde peu d'attention à la protection de l'environnement.

« D'une part, nous devons admettre que la raison principale est le climat extrême, car la quantité de précipitations est beaucoup plus élevée que d'habitude, mais d'autre part, nous pouvons également voir que le gouvernement n'était pas préparé à ce genre de situation », a déclaré au Global Times Zhang Junfeng, expert en environnement qui suit la situation de l'eau à Beijing depuis 1993.

Depuis le 30 juin, le bassin du fleuve Yangtsé a été atteint par des pluies continues. Les inondations ont frappé de nombreuses provinces bordant le fleuve Yangtsé, comme l'Anhui, le Hubei, le Hunan, le Jiangxi et le Jiangsu.

Un tronçon de route inondé à Wuhan, le 6 juillet 2016.

A la date de vendredi, les inondations avaient affecté environ 31 millions de personnes dans 11 provinces et coûté la vie à 164 personnes, plus 26 disparues, et des dommages économiques aux biens d'une valeur de 67 milliards de Yuans (10 milliards de Dollars US).

Selon M. Zhang, dans le passé, la Chine était plus axée sur le développement économique et avait ignoré l'importance de la protection de l'environnement. Par exemple, les marais et les lacs sont essentiels pour le contrôle des inondations, mais beaucoup de gouvernements locaux, comme à Wuhan, ont récupéré des terres sur les marais et les lacs pour y développer des programmes immobiliers.

De son côté, le China Youth Daily a rapporté que Wuhan, la ville la plus touchée par les inondations de la semaine dernière, comptait 127 lacs dans les années 1950. Le nombre de lacs de la ville a considérablement diminué, pour atteindre environ 40 au fil des ans.

A cause du remblaiement, le nombre des lacs dans la municipalité a réduit de 127 dans les années 1950 à une quarantaine aujourd'hui.

De 1991 à 2002, 38,67 kilomètres carrés de lacs ont disparu à Wuhan. Et à la fin de 2014, la superficie totale couverte par les constructions urbaines est passée de 220 kilomètres carrés en 1986 à 527 kilomètres carrés.

« La planification urbaine nécessite une analyse plus scientifique, et la ligne rouge de la bonification des terres ne doit pas être franchie », estime M. Zhang, qui a ajouté que « Les gouvernements locaux doivent être conscients que les pertes causées par les inondations et les engorgements pourraient être beaucoup plus grands que les gains provenant de la récupération de terres ».

Wang Yongchen, un journaliste devenu écologiste âgé de 61 ans, a déclaré dimanche au Global Times que les dommages causés par les inondations en Chine sont non seulement dus aux catastrophes naturelles, mais aussi au manque d'information et de la collecte de l'opinion publique de la part du gouvernement.

Des barrages « bombes à retardement »

Certains analystes ont mis en garde contre les problèmes de construction de barrages, qui peuvent devenir des « bombes à retardement » en période de graves inondations.

Les barrages hydroélectriques servent à la fois de moyen de contrôle des inondations et de moyen de produire de l'électricité. Cependant, certains décideurs politiques sont plus intéressés par les avantages économiques du barrage, au point qu'ils peuvent en arriver à ignorer l'autre fonction, a souligné M. Wang.

Ma Jun, directeur de l'Institut des affaires publiques et de l'environnement, a pour sa part déclaré que par rapport à d'énormes barrages hydroélectriques, les petites installations de conservation de l'eau font face à des problèmes plus importants : beaucoup de petits projets d'infrastructures aquatiques ont été construits dans les années 1950 et 1960. Et à cette époque, pour des raisons techniques, de nombreux projets ne bénéficiaient pas de conceptions intégrées. C'est pourquoi ce genre d'infrastructure pourrait devenir de problématiques « bombes à retardement » en cas de pluie. Les petits barrages sont très peu fiables et ils risquent même de conduire à des dommages plus importants.

M. Ma a suggéré que le gouvernement songe à réajuster le concept de « lutte contre les inondations » pour passer à une « gestion des inondations ». Il estime que si nous insistons sur l'utilisation de grandes quantités de ressources pour lutter contre les catastrophes naturelles, nous gaspillons ces ressources dans une certaine mesure, et que les dommages ne seront pas limités.

M. Ma croit aussi que les inondations peuvent nous aider à comprendre l'environnement hydrologique. En d'autres termes, nous pouvons déterminer où les inondations se produisent normalement. Le gouvernement doit protéger autant que possible les villes des inondations, mais dans les zones rurales, le gouvernement peut essayer de déplacer les gens hors des zones basses et d'utiliser ces zones pour retenir l'eau.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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