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La Chine au présent | 26.02.2016 09h39

Daech et le terrorisme en Chine

Le terrorisme qui sévit en Chine s'inscrit lui aussi dans un contexte international. Dans les années 1990, la fin de la guerre froide a fait place au « choc des civilisations », selon le terme de l'Américain Samuel P. Huntington. Des idées panislamistes et panturques originaires du continent eurasiatique et du Moyen-Orient ont rapidement migré vers le territoire chinois. Des mouvements séparatistes et nationalistes se sont formés à l'intérieur du pays. Profitant du sous-développement de certaines zones reculées du Xinjiang et de différences ethniques touchant aux plans économique, éducatif, culturel, linguistique et religieux, qui existaient indéniablement, et non sans l'appui secret de certains pays étrangers via des organisations clandestines, des dizaines d'organisations séparatistes ont été créées visant à séparer le Xinjiang de la Chine. Plusieurs d'entre elles sont terroristes par nature, comme le Mouvement islamique du Turkestan oriental (ETIM), (dans l'article de Mme Gauthier, l'ETIM serait une « invention » de la Chine et de George W. Bush) qui est reconnu officiellement comme tel aussi bien par les Nations unies et les États-Unis que par le Kazakhstan. Ces mouvements terroristes ont perpétré en Chine un certain nombre d'attentats visant des civils.

Il faut constater par ailleurs que la société chinoise se trouve actuellement dans une phase de transition, marquée par des transformations intenses. Des transformations qui accroissent les déséquilibres sociaux, engendrant des ressentiments et même des conflits entre diverses ethnies, courants religieux, régions et catégories sociales. Cela étant posé, ce serait simplifier à outrance que d'affirmer que les actes terroristes qui ont coûté la vie à de nombreux civils avaient pour cause unique ces ressentiments et ces conflits. C'est comme si l'on prétendait que les discriminations qui frappent les jeunes issus de l'immigration en France avaient à elles seules provoqué les attentats de Paris. Aucune raison ne peut justifier le massacre de civils innocents.

Le vrai problème est qu'il existe actuellement, surtout en Occident, des personnes qui comme Mme Gauthier raisonnent avec un double standard, selon lequel tuer des civils occidentaux relèverait du terrorisme tout court, tandis que massacrer des civils de pays tiers, comme la Chine, relèverait d'une sorte de terrorisme « entre guillemets », ainsi qu'elle ne manquait jamais de les mettre à chaque fois (17 en tout) lorsqu'elle mentionnait des actes de violence aveugle se produisant en Chine. Le message qu'elle tentait de faire passer ne peut être plus clair.

Daech a revendiqué les attentats de Paris. Mais il a aussi déclenché des attentats visant des Chinois. Le 18 novembre, cinq jours après les attentats de Paris, Daech annonçait avoir fusillé en Syrie un otage chinois nommé Fan Jinghui, en même temps qu'un otage norvégien. Si Daech a exécuté un citoyen chinois, c'est parce que les forces terroristes du Turkestan oriental agissent de concert avec Daech et Al-Qaida. Les sept terroristes auteurs de l'attaque du 30 juillet à Kashgar revenaient du Pakistan où ils avaient été encadrés par l'ETIM. Après cette formation, ils sont rentrés au Xinjiang pour y conduire des attaques armées. Aujourd'hui, des milliers d'apprentis-terroristes de nationalité chinoise reçoivent des formations de la part de Daech en Syrie. Ils participent à des activités terroristes sous sa houlette et sont prêts à rentrer en Chine pour y poursuivre leurs sinistres activités. Encore un point commun avec les attentats de Paris : des extrémistes religieux français se sont rendus en Syrie faire leur djihad, avant de retourner en France pour y perpétrer les actes que l'on sait.

Seymour Hersh, le célèbre journaliste d'investigation américain, a prouvé dans Military to Military, un article récemment paru dans la London Review of Books, l'existence d'une « Uyghur rat-line » (« navette des rats ouïghours »), qui transporte des terroristes du Xinjiang vers l'EI en Syrie. Les djihadistes ouïghours du Xinjiang empruntent cette voie de transport clandestin pour se rendre en Turquie, d'où ils rejoignent la Syrie. Il y a trois ans, un autre réseau de ce type a été découvert, celui-ci passant directement du Xinjiang au Kazakhstan, d'où les activistes pouvaient pénétrer en Syrie. Des passages souterrains qui ont permis à des extrémistes du Xinjiang, dont le nombre est estimé entre 680 et 2 000, de participer au « djihad » en Syrie. Comme l'indiquait Jean-Paul Baquiast, journaliste du site d'actualités français Mediapart dans son article du 26 décembre 2015, « Apparemment, Ursula Gauthier n'avait pas enquêté complètement sur cette question. » Non seulement le Xinjiang est le théâtre de mouvements terroristes dangereux, mais il apparaît que les organisations terroristes en question ont noué des liens étroits avec des organisations internationales telles que l'EI. C'est là un troisième signe à mettre en parallèle avec les attentats de Paris. « Il est facile de comprendre pourquoi Pékin s'en inquiète », explique M. Baquiast.

De toute évidence, Mme Gauthier sait très bien ce qu'elle écrit. Maxime Vivas, journaliste et écrivain français l'auteur de La Face cachée de Reporter Sans Frontières, et Pas si Zen, la face cachée du Dalaï Lama a constaté simplement et justement que « Si Ursula Gauthier avait écrit sur les attentats terroristes de Paris (janvier et novembre) ce qu'elle a écrit sur les attentats au Xinjiang, elle aurait eu à en répondre devant la justice française ».


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(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)
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