Dernière mise à jour à 09h50 le 26/02
Les membres du Conseil de sécurité votent à l'unanimité l'interruption du financement des organisations terroristes, le 17 décembre dernier. |
Changement de la gouvernance mondiale
Les défis lancés par la gouvernance mondiale et l'élaboration de nouvelles règles de conduite internationales sont en contradiction avec le jeu des grandes puissances. Un rapport de forces qui risque d'entrer dans une phrase critique.
En 2015, on a vu les pays en voie de développement représentés par la Chine prendre part à la gouvernance mondiale et prendre l'initiative. Les contributions de la Chine à l'ONU en général et aux opérations de maintien de la paix en particulier ont été renforcées pour arriver respectivement à la troisième et à la deuxième place mondiales, soit environ 8 % et plus de 10 %. Par ailleurs, la coopération entre les BRICS et les membres de l'Organisation de coopération de Shanghai s'est renforcée. La Banque asiatique d'investissements pour les infrastructures, fondée sur une proposition chinoise, les nouvelles Routes de la Soie terrestre et maritime, illustrent un nouveau mode de coopération internationale caractérisé par le développement et l'enrichissement communs, bien accueillis par les pays concernés, notamment certains pays européens. La monnaie chinoise a été officiellement admise par le FMI dans la corbeille des droits de tirage spéciaux. Le projet de réforme du FMI et de la Banque mondiale a finalement été lancé. Tout cela montre que la gouvernance mondiale, autrefois monopolisée par l'Occident, est désormais partagée. Une révolution qui coïncide avec le changement du contexte international. 2016 amorcera une ère nouvelle.
En 2016, la Chine présidera à l'organisation du Sommet du G20. Un moment crucial de transition de son mécanisme de réponse aux crises pour son mécanisme de gouvernance à long terme, mais aussi pour la recherche de nouveaux moteurs de croissance et d'un nouveau mode de coopération et de développement dans le contexte économique morose actuel. Les pays en voie de développement et des puissances moyennes comme la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne ou l'Australie placent de grands espoirs dans la Chine. L'idée est de puiser dans la sagesse de la civilisation chinoise pour réformer le système et le mécanisme de gouvernance globale, trouver un nouveau mode de développement, une alternative au néolibéralisme et au « consensus de Washington » longtemps préconisés par l'Occident. Un moyen de conduire l'économie mondiale vers une nouvelle croissance généralisée.
Parlant des problèmes actuels de la gouvernance mondiale, le président Xi Jinping a exposé trois points :
Primo, l'économie mondiale est pratiquement sortie d'une passe dangereuse, quoique son rétablissement reste fragile et son moteur de croissance trop faible.
Secundo, la réforme de la gouvernance économique mondiale n'avance pas, parce qu'un changement profond est en cours dans les règles de l'économie et du commerce internationaux.
Tertio, la solidarité fait défaut dans la communauté internationale et il est difficile au G20, en tant qu'institution principale chargée de coordonner l'économie mondiale, d'harmoniser la politique macro-économique. Elle ne peut pour l'instant que jouer un rôle limité.
C'est à ce moment critique que la Chine assume sa responsabilité de travailler dans l'intérêt du monde entier. Sa volonté est que les fruits de son développement pourront profiter à d'autres pays et elle veut partager son expérience de développement avec le reste du monde. Le président Xi Jinping a annoncé au Sommet d'Ankara de 2015 que le Sommet de 2016 aurait pour thème « Bâtir une économie mondiale d'innovation, de dynamisme, d'interaction et de tolérance ». Cette idée de développement coïncide avec la nouvelle idée de développement adoptée par la cinquième session plénière du XVIIIe Comité central du Parti communiste chinois : « Innovation, coordination, écologie, ouverture et partage ». On peut admirer la synergie entre les nouveaux concepts de gouvernance et de développement en Chine et dans le monde, et constater que la Chine a commencé à jouer un rôle pilote dans la gouvernance du monde.
Le G20 rassemble les principales puissances du monde et la somme de leurs PIB représente 80 % de celui du monde. Il n'est donc pas exagéré d'affirmer qu'elles ont entre leurs mains l'avenir politique et économique du monde. Mais le progrès de la gouvernance mondiale dépendra du développement stable et d'une solution correcte apportée aux rapports entre les puissances, notamment d'un développement sain des relations sino-américaines.
À en juger par la coopération sino-américaine sur le problème du changement climatique, on voit qu'il est possible que deux pays s'accordent sur les grandes orientations de la gouvernance et coopèrent pour relever des défis de caractère global. Cela est aussi profitable au développement des relations sino-américaines et au maintien de la paix mondiale. Il faudra donc déployer tous nos efforts pour élargir la sphère et les domaines de coopération entre les deux pays et faire progresser ensemble la réforme et l'amélioration de la gouvernance du monde. En 2016, les États-Unis devront faire tout leur possible pour éviter que la campagne électorale ne nuise aux relations bilatérales. La coopération dans le domaine de la gouvernance mondiale peut justement aider à renforcer la confiance réciproque, dissiper la suspicion et par conséquent profiter au monde entier.
En 2016, la Chine et les États-Unis pourront faire avancer la gouvernance mondiale et prouver l'efficacité de la « double locomotive ». Premièrement, en maintenant l'orientation vers l'innovation et le développement coordonné de l'économie mondiale ; deuxièmement en résolvant ensemble la question qui est de faire du G20 « un directoire » de l'économie mondiale, au lieu d'un salon de conférence où l'on se dispute sans parvenir à prendre des décisions ni à les mettre à exécution ; enfin, continuer à réformer le système et le mécanisme de la gouvernance mondiale, renforcer le droit de parole des pays en voie de développement, afin de tenir compte du changement de rapport de forces dans le monde.
*HE YAFEI est ancien vice-ministre des Affaires étrangères et ancien directeur adjoint du Bureau des affaires des Chinois d'outre-mer relevant du Conseil des affaires d'État.