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Quand l’étranger s’invite à la télévision (2)

La Chine au présent | 26.02.2016 09h11

Crise de fou rire lors de « Rencontre au Sommet » sur la Tianjin TV.

Des chroniqueurs étrangers stars

« A Bright World », diffusé sur la télévision satellite du Jiangsu le jeudi soir à 21 heures 30, a acheté les droits de « Non-Summit » et a été lancée en fanfare sur les réseaux sociaux chinois. Une véritable campagne de publicité autour de ses chroniqueurs, les starisant et les propulsant sous les projecteurs avant même que l'émission n'ait été diffusée a été mise en place. Détenant les droits de l'émission coréenne, le décor a été refait à l'identique de celui de « Non-Summit », la forme de l'émission, le ton potache, libre et divertissant ont été gardés.

11 chroniqueurs réguliers, surnommés les « TK 11 », venant de partout dans le monde et 3 présentateurs discutent en chinois autour d'un thème donné pendant 45 minutes. Certains chroniqueurs sont parfois remplacés par des « stagiaires » qui ne reviennent que quand les « grands chroniqueurs » sont absents. Ces « stagiaires » peuvent devenir permanents lors qu'ils ont atteint un degré de notoriété assez important, ou quand les fans de l'émission les réclament sur Weibo.

L'émission mise donc beaucoup sur la célébrité des chroniqueurs présents comme par exemple le russe David Kosolov ou encore l'américain Myley Woods, ou encore le costaricain Isaac Pena déjà bien connus des jeunes Chinois et plus ou moins stars du petit écran en Chine. Des séances signatures d'autographes sont d'ailleurs régulièrement organisées pour les fans de l'émission et des mini-films et autres produits dérivés ont été développé suivant une stratégie très marketing.

Au début de chaque émission, une séquence « crâneur » assez typique pour savoir qui sont les chroniqueurs qui ont le plus de fans sur Weibo et une séance de « moqueries potaches entre copains » pour « chauffer le début de l'émission » montre bien le rôle prépondérant qu'ont les chroniqueurs étrangers dans ce programme, à la différence d'avant où les étrangers devaient rester « modestes et presque invisibles ». L'émission passe ensuite à une « bataille culturelle internationale » qui est en fait une présentation de la culture de chacun sur un thème donné. Elle se termine enfin par un débat sur le thème principal de l'émission.

Actuellement, l'émission compte 990 000 fans sur Weibo, témoin de son succès et surtout du succès de la campagne publicitaire de la production.

Un ton plus libre

« Informal Talks » de la télévision satellite du Hubei et diffusée le vendredi soir à 21 heures 20 a été lancée peu après « A Bright World ». Elle reprend un peu le concept de « Non-Summit » sans toutefois en faire une copie complète. 10 chroniqueurs ou plus sont mobilisés pour l'émission qui s'articule autour de discussions sur un thème donné, de vote et débat sur une question particulière, de présentation de phénomènes culturels et sociaux chinois et étrangers.

Ce qui caractérise ce programme, c'est son ton très libre. L'émission se permet même d'aborder des thèmes comme le changement de sexe, la sexualité, la religion ou encore la mort qui sont généralement tabous dans les émissions chinoises. Peut-être parce qu'« étranger oblige », une plus grande tolérance est observée et la liberté de parole est plus grande. Toutes les opinions sont admises, tant qu'elles ne vont pas trop loin dans la confrontation ni ne s'attaquent à des tabous culturels trop sensibles.

Les présentateurs chinois ne se bornent plus à essayer de rattraper les « gaffes » des chroniqueurs étrangers ou à jouer les garde-fous mais rentrent dans le jeu, et arrivent même parfois à expliquer la différence culturelle existante entre la culture chinoise et celle des autres pays, et même parfois les différences culturelles pouvant exister entre les différents chroniqueurs présents. Cela fait de l'émission une véritable plate-forme culturelle sympathique et amusante.

Quand variété rime avec ouverture

On peut encore citer trois autres émissions qui diffèrent un peu de celles présentées : « The Beijinger », « Hello China ! » et « Happy Chinese » respectivement de la BeijingTV, de la GuangzhouTV et de CCTV International.

« The Beijinger » - calqué sur « The New-yorker » reste assez traditionnel dans son style : l'émission n'a pas repris le concept de « Non-Summit », mais gardé la façon chinoise de faire les émissions : un couple de présentateurs homme-femme, une scène où les animateurs peuvent évoluer avec les invités et un bureau-estrade pour les chroniqueurs étrangers. L'émission invite des personnalités chinoises plus ou moins connues et le rôle des étrangers présents à l'émission est surtout de poser des questions aux invités et de réagir sur ce qu'ils disent ou leur performance.

« Hello China ! » ressemble plus à un jeu télévisé qu'à une émission talk-show : les candidats étrangers doivent répondre à des questions sur la culture chinoise pour gagner des lots. Quant à « Happy Chinese », autrefois une émission mi-tourisme mi-cours de langue destinée aux étrangers apprenant le chinois, c'est aujourd'hui devenu un jeu télévisé.

Montée en puissance du soft-power chinois ? Ouverture sur le monde ? Ces émissions sont là pour montrer aux Chinois que la Chine attire les étrangers, qui sont de plus en plus nombreux à y vivre et à en parler la langue. Ces programmes permettent aussi au public chinois d'avoir une ouverture sur l'étranger et sur toutes les cultures.

Pourtant, les émissions n'étant pas traduites en langue étrangère, dire qu'elles permettent à la Chine d'accroître son soft-power à l'étranger serait faux, car il est impossible pour une personne non sinophone de les regarder.

Enfin, cela montre aussi que la télévision chinoise, même si elle imite souvent des concepts étrangers, arrive tout de même à créer des émissions taillées pour la Chine et son audience et qui marchent, puisque certaines parviennent même à dépasser les émissions phares de la grande chaîne de divertissement chinoise HunanTV.


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(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)
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