Le président capverdien Jorge Carlos Fonseca a décidé d'annuler sa participation, le week-end prochain, au sommet de la Francophonie, à Dakar, "compte tenu de la situation d'urgence dans le pays", en raison de l'éruption volcanique sur l'île de Fogo, au sud de l'archipel, a appris Xinhua mercredi de source officielle.
Le chef de l'Etat a lancé à ses homologues, par le biais du " grand espace qu'est la Francophonie, un appel à la communauté internationale pour un soutien et une aide aux personnes touchées par l'activité sismique" dans l'île capverdienne.
Jorge Carlos Fonseca s'est déclaré "inquiet" avec l'intensité du phénomène éruptif et a demandé au pays d'être "prêt pour les scénarios complexes".
Le volcan de Fogo est entré en activité dimanche et la lave éjectée a atteint le village de Portela et le principal village de Cha das Caldeiras.
Dans des déclarations à la presse, Helio Semedo, géologue au Service national de la Protection civile et des pompiers du Cap- Vert, a déclaré que les deux torrents de lave principaux étaient à "seulement deux mètres" de la première maison de la ville de Portela et à trente mètres de l'hôtel Pedra Bravo.
Selon le spécialiste, l'augmentation de la vitesse de circulation de la lave est "due à l'augmentation de l'activité volcanique enregistrée mardi soir.
Le chef des opérations de protection civile, Nuno Oliveira, a déclaré que la lave a déjà dépassé également la "barrière naturelle" de deux mètres qui la séparait de l'entrée de Portela, augmentant le risque de détruire la ville.
Pour évaluer la situation, le Premier ministre du Cap-Vert, José Maria Neves, s'est rendu mercredi à l'île de Fogo, dans un petit avion avec 19 autres personnes, parmi lesquelles deux volcanologues des Canaries (Espagne), qui effectueront des tests sur les gaz libérés par le volcan pour déterminer les niveaux de toxicité de l'air, due à la libération de grandes quantités de dioxyde de soufre dans l'atmosphère.
Selon le géologue de l'Institut de météorologie et de géophysique, Bruno Faria, le gaz et le sable expulsés par le volcan dans l'atmosphère est un phénomène qui devrait continuer jusqu'au mois de janvier, parce que, selon lui, les éruptions volcaniques sur l'île de Fogo sont d'une durée de deux mois.
Le gouvernement capverdien a déjà créé un bureau pour gérer la crise et pour donner des réponses immédiates aux dégâts causés par l'éruption volcanique. Ce bureau est également chargé du suivi des populations touchées, principalement celles de Cha das Caldeiras, dont environ 1000 habitants se sont retirées de la petite ville située au pied du volcan et sont déjà relogées.
Le gouvernement, selon le Premier ministre, étudie la possibilité de construction d'un nouveau village au cas où Cha das Caldeiras serait totalement détruite, ainsi que des mesures extraordinaires pour demander des ressources financières internationales en vue de faire face aux destructions causées par l'éruption volcanique.
Parmi les principaux dégâts près de Portela, on signale la destruction partielle par les laves des installations du siège du Parc naturel de Fogo, un projet financé par la coopération allemande pour un montant de 1.308.120 dollars, et celle de beaucoup de terrains agricoles ainsi que quatre habitations. Cependant, il n'y a aucune victime humaine.
La dernière éruption du volcan sur l'île de Fogo, a eu lieu le 2 avril 1995 et avait détruit des centaines d'habitations et de cultures, sans faire de victime.