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Les traditions et le manque d'éducateurs freinent la sensibilisation à la sécurité dans les campagnes

le Quotidien du Peuple en ligne | 16.08.2018 11h26
Les traditions et le manque d'éducateurs freinent la sensibilisation à la sécurité dans les campagnes
À Taizhou, dans la province du Jiangsu, des agents de police apprennent à un enfant comment réanimer une personne victime de noyade à Taizhou. [Crédit photo : China Daily]

Selon les spécialistes de la protection des enfants, les moyens déployés pour prévenir les accidents et aider les enfants à gérer les conséquences des accidents font face à de nombreux défis dans les plus petites villes et dans les régions rurales. En cause : la prégnance des idées traditionnelles dans les campagnes et le manque d'éducateurs.

Depuis plusieurs années, Cui Minyan, représentante de l'ONG Safe Kids Worldwide en Chine, sillonne le pays avec son équipe pour sensibiliser les populations aux mesures de sécurité élémentaires, comme par exemple l'installation de sièges pour enfant dans les voitures.

Cui a notamment découvert que les réactions des ruraux sont très différentes de celles des personnes vivant en milieu urbain.

« Dans les grandes villes comme Shanghai ou Beijing, un grand nombre de parents s'arrêtent pour écouter nos cours en plein air, tandis que l'audience dans les petites villes et les campagnes est plus réduite », rapporte-t-elle.

Les spécialistes constatent que davantage d'accidents se produisent dans les zones rurales que dans les espaces urbains.

Selon un rapport de la revue Médecine du travail et secours d'urgence, une étude menée auprès de 2 400 jeunes à Beijing âgés de 14 ans ou moins montre que, dans les environs de la capitale, 190 personnes vivant en zone urbaines et 215 enfants vivant en zones rurales ont été victimes d'un accident en 2014.

Les spécialistes expliquent que les parents vivant dans les grandes villes sont en général plus ouverts d'esprit, et donc plus sensibles à ce sujet, compte tenu de leur plus haut niveau d'éducation et d'un meilleur accès aux informations données pour garantir un environnement sécurisé et sûr aux enfants.

« Or, dans les endroits plus petits, les gens peuvent subir la pression de leurs pairs et rejeter les conseils qu'on leur donne pour qu'ils prennent des précautions contre les risques d'accidents. Très souvent, ils répondent “je ne connais personne qui prend de telles précautions” », rapporte Li Hao, directeur du Centre de traitement des traumatismes à l'hôpital des enfants de l'université de Fudan à Shanghai.

Les habitants des plus petites villes et des zones rurales sont également plus susceptibles d'être influencés par une façon plus traditionnelle de concevoir les choses. Par exemple, de nombreuses personnes pensent que tenir un enfant dans ses bras dans une voiture est plus sûr que de l'attacher sur un siège prévu à cet effet, rapporte les experts.

Cui se rappelle la réaction des gens quand son équipe s'est rendue dans un hôpital d'une ville de second rang pour expliquer l'importance de l'utilisation de sièges pour enfant dans les voitures. « Les parents nous ont regardé l'air ébahi. L'expression qu'ils avaient dans leur regard ressemblait à un “hors de question” de leur part », raconte-t-elle.

Les spécialistes de la protection des enfants encouragent également les écoles des petites villes et des zones rurales à fournir un enseignement adapté sur les questions de sécurité plutôt que de se contenter de lire à voix haute des bulletins via le système de diffusion audio de l'école, ces derniers rappelant par exemple qu'il est dangereux de jouer dans ou près des points d'eau en cas de chaleur estivale.

Cui souligne que les écoles peuvent télécharger et utiliser un certain nombre de fiches explicatives disponibles en ligne qui sont spécialement conçues pour les enfants, quel que soit leur âge, et qui sont fournies par les ONG et les organismes de bénévolat.

Par exemple, un paquet éducatif en ligne sur le comportement élaboré par l'ONG Safe Kids Worldwide est utilisé depuis plusieurs années par diverses écoles à Shanghai, à Beijing et à Shijiazhuang dans la province du Hebei.

« Nos cours ne se contentent pas de donner des instructions. Notre objectif est d'accélérer l'évolution des comportements et l'adoption de nouvelles habitudes via l'apprentissage et une pratique régulière », souligne Cui.

Elle explique que quand l'ONG enseigne aux élèves les règles de la sécurité routière, les différents points abordés sont illustrés en ayant recours à des modèles réduits de voiture qui sont placés dans la cour de l'école pour simuler les situations auxquelles seront confrontés les enfants quand ils traversent la route.

Cui explique qu'il est important de séparer les différentes étapes que comporte une situation donnée, car dans la vraie vie, les gens agissent pas à pas.

« Nous devons faire en sorte que les enfants comprennent clairement à quel moment ils doivent regarder à gauche puis à droite avant de traverser. C'est important qu'ils mémorisent le fait qu'ils ne doivent traverser seulement après avoir évalué la situation dans la rue et après s'être assuré si des automobilistes sont présents et qui les ont vus. »

Cui incite les écoles et les crèches dans les grandes villes à partager avec les écoles des régions rurales leurs bonnes pratiques et leur expérience en matière de sécurité, comme par exemple comment prévenir un accident dans un corridor bondé.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Wei SHAN)
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