Une évolution sur le long terme
D'autres préfèrent rendre extrêmes des sports qui ne le sont pas forcément au départ. Ainsi le Boxer Hash, un club de joggueurs pékinois qui se réunit tous les samedis pour prendre le bus et aller courrir un semi-marathon dans la campagne, parfois sur la Grande Muraille, parfois ailleurs. Ou ce club cycliste de Tangshan, dont les adeptes se retrouvent chaque week-end pour effectuer un périple de cent cinquante ou deux cents kilomètres avant de reprendre le travail le lundi matin.
Alors que je menais mon enquête sur l'éclosion des sports extrêmes en Chine, je ne pouvais m'empêcher de me demander sans cesse : cette notion d'émotions fortes et violentes, de prise de risque physique et d'accidents fréquents, n'est-elle pas en contradiction radicale avec l'esprit chinois qui en tout recherche l'harmonie et l'équilibre ? En Chine, la pratique sportive amateur se tourne beaucoup vers les pratiques douces liées à la santé et au bien-être. « Extrême » se traduit par « taï chi » en chinois : cette gymnastique aux gestes lents et mesurés n'a a priori rien à voir avec un sport dangereux. Et pourtant : son enseignement dérive du kungfu chinois, art martial et sport de combat.
L'émergence du sport extrême en Chine est finalement bien à l'image du taï chi : un lent entraînement, prélude (peut-être, un jour) à un déchaînement total ?