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Le ministre français des AE prône une "diplomatie de l'action"

Xinhua | 31.08.2018 08h36

Devant les ambassadeurs français réunis à Paris, le ministre français de l'Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a plaidé mercredi en faveur d'une "diplomatie de l'action". Au coeur de son discours : l'Union européenne, les priorités de la France sur la scène internationale et la défense du multilatéralisme.

"Nous vivons dans une période de tension et de conflictualité ; une rupture sur le plan de la sécurité, se manifestant par la multiplication des crises aux portes de l'Europe ; une rupture dans l'économie internationale, liée aux déséquilibres commerciaux que risquent d'aggraver les tentations de guerre économique", a d'abord diagnostiqué le Chef de la diplomatie française.

"Mais à ces crises sur la scène internationale s'ajoute une crise de la scène internationale", a-t-il poursuivi, avant de citer "la dénonciation de l'accord de Paris sur le climat, de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien, l'imposition unilatérale de surtaxes douanières remettant en cause les accords commerciaux existants".

"Nous devons nous battre pour qu'il demeure possible de faire de la diplomatie", a-t-il insisté, "la seule approche qui nous permettra de faire face aux grands défis de demain : le défi du climat, le défi du numérique, le défi de la mondialisation".

Le ministre a plaidé en faveur d'une "diplomatie dotée de moyens nouveaux et d'un capital de relations renforcé" qui "soit d'abord une diplomatie de l'action", "une diplomatie sûre d'elle-même, mais consciente des dangers qui la menacent ; une diplomatie à la fois ferme et agile".

"La maîtrise de notre destin passe d'abord par l'Union européenne. Le président de la République nous l'a rappelé lundi : l'Europe est au coeur de notre souveraineté", a également insisté le chef de la diplomatie française.

Alors que se profilent les élections européennes de mai prochain, le ministre a lancé une mise en garde très claire.

"Chaque État membre est libre d'élire les dirigeants qu'il souhaite, mais notre vision de l'Union européenne comme cercle premier d'alliance et de valeurs n'est pas compatible avec des gouvernements qui n'en respectent pas les principes fondamentaux, ne se sentent aucunement liés par la solidarité communautaire et ont, au fond, une approche utilitariste de l'Union européenne, dans laquelle ils ne choisiraient que ce qui les intéresse, et en premier lieu la redistribution d'argent", a-t-il dit. Avant d'asséner : "Nous ne sommes pas prêts à payer pour cette Europe-là".

Concernant la question migratoire, il a insisté sur la nécessité "de ne pas laisser ce sujet aux populistes et aux marchands d'illusions". "La question migratoire ne peut être traitée par une approche simpliste, ou par des slogans. La France a été et continuera d'être à l'avant-garde pour promouvoir une approche européenne de solidarité et de responsabilité, seule approche efficace pour faire face à ce défi", a-t-il déclaré.

Au sujet des relations entre Paris et Moscou, il a indiqué que "la France ne recherche ni l'isolement, ni l'affaiblissement de la Russie. Mais, en retour, elle attend respect et coopération". "Le conflit dans l'est de l'Ukraine constitue par ailleurs toujours une fracture entre l'Union européenne et la Russie", a-t-il rappelé. "La mise en oeuvre des accords de Minsk est la seule issue envisageable", a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie a également détaillé les relations que la France voulait approfondir avec l'Afrique qui "sera au centre de nos préoccupations dans l'année qui vient".

Il a aussi évoqué la lutte contre le terrorisme islamiste au Levant et au Sahel, la Syrie où s'ouvre, selon lui, "une nouvelle étape, celle de la stabilisation des zones" et "de la recherche d'une solution politique" sur "la base d'un dialogue plus large, incluant la Russie et la Turquie". Il a appelé à "éviter le pire à Idlib, véritable bombe à retardement humanitaire et sécuritaire".

Le ministre a ensuite insisté sur "la responsabilité historique" de la France en Libye où il s'est rendu trois fois, a-t-il rappelé. "Bien sûr, rien n'est réglé. Mais, désormais, il y a un plan, il y a un scénario de sortie de crise", a-t-il dit.

Sur le dossier iranien, il a affirmé que la France continuerait à "plaider en faveur d'un cadre de discussion global qui porte aussi bien sur le nucléaire après 2025, sur le balistique et sur les volontés de déstabilisation du régime iranien dans la région".

Concernant le climat, le ministre a déclaré que le retrait de Washington de l'accord de Paris "n'avait pas freiné la dynamique lancée en décembre 2015" et a annoncé un "nouveau rendez-vous de haut niveau en début d'année prochaine, vraisemblablement sur le continent africain".

Le chef de la diplomatie française a par ailleurs consacré un grande partie de son discours à la défense du multilatéralisme. Il s'agit de "préserver, partout où cela demeure possible, les espaces de consensus, et la possibilité d'un avenir commun". "Certains acteurs ont fait de la déconstruction du système multilatéral un véritable agenda politique", a-t-il déploré.

"Aujourd'hui, deux options s'offrent aux Etats. S'ils parviennent à renoncer au confort de l'immobilisme pour négocier de nouvelles règles garantissant une concurrence équitable et loyale pour l'ensemble des entreprises, le multilatéralisme sera plus fort et plus respecté. C'est un peu notre message à la Chine où je me rendrai dans quelques jours, pour évoquer en particulier ces questions", a-t-il assuré.

Si les Etats "s'avèrent incapables de cet effort, alors c'est l'unilatéralisme et sa conséquence inévitable, la guerre commerciale généralisée. Soyons lucides : un effondrement de l'OMC n'est pas inenvisageable. Mais il est encore temps de se mobiliser pour éviter le pire", a-t-il ajouté.

(Rédacteurs :实习生2, Yishuang Liu)
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