Dernière mise à jour à 08h15 le 05/06
Quelques semaines à peine après le drame du pont de Westminster, Londres a connu une nuit de terreur après une attaque terroriste lors de laquelle 7 personnes ont été tuées et au moins 48 blessées à l'arme blanche par trois hommes qui ont ensuite été abattus par la police britannique. Tout a commencé quand une fourgonnette blanche a percuté les piétons sur le London Bridge, d'une manière similaire à l'attaque du 22 mars, vers 22h00 samedi, avant que les trois hommes n'en sortent et poignardent des gens à Borough Market, situé à proximité. La police, dont un des hommes a été blessé en tentant d'aider les autres victimes, a déclaré que les trois hommes portaient aussi de faux gilets explosifs.
Les partis politiques ont suspendu la campagne nationale des élections générales et le Premier ministre Theresa May, qui a qualifié les événements de samedi soir de « terribles », tandis que le chef des Travaillistes Jeremy Corbyn les a appelés « brutaux et choquants», a présidé une réunion du comité d'urgence Cobra du gouvernement. Borough Market est une zone connue pour ses bars et restaurants qui étaient très fréquentés lors de cette douce soirée d'été. Le maire de Londres, Sadiq Khan, a déclaré que c'était « un attentat délibéré et lâche contre les londoniens innocents », soulignant cependant que la capitale britannique restait la « ville mondiale la plus sûre » et que les londoniens ne seraient pas intimidés par le terrorisme. C'est la troisième attaque terroriste au Royaume-Uni en trois mois suite après l'attaque à la voiture et au couteau à Westminster en mars, qui fit 5 morts, et l'attaque à la bombe de Manchester il y a moins de deux semaines, où 22 personnes ont été tuées.
Le commissaire adjoint de la police métropolitaine Mark Rowley a déclaré qu'il semble établi qu'il n'y avait que trois terroristes impliqués et que les vestes explosives qu'ils portaient étaient des « canulars ». Un utilisateur de médias sociaux a publié une photo montrant un des assaillants couché sur le sol à l'extérieur d'un pub sur le marché alimentaire, avec le faux gilet visible. Holly Jones, journaliste de la BBC,, qui était sur le pont au moment de l'attaque, a déclaré que la camionnette « circulait probablement à environ 90 km/h ». « Elle a tourné juste à côté de moi et a frappé environ cinq ou six personnes. Elle a atteint deux personnes devant moi et trois derrière », a-t-elle précisé à la chaîne BBC News. Un autre témoin oculaire, qui n'a donné que son prénom, Robbie, était assis dans un taxi en face du Barrowboy et du Banker Pub sur London Bridge. « J'ai vu environ 20 ou 30 personnes se précipiter pour rentrer dans le pub et cinq secondes plus tard, une grande camionnette blanche a traversé le trottoir », a-t-il déclaré à la BBC Radio 5 en direct. « Deux ou trois personnes en ont sauté. Initialement, je pensais que c'était un incident de circulation routière et que les gens étaient sortis pour voir si quelqu'un avait été blessé, mais je pouvais tout de suite dire qu'ils avaient l'air très agressifs ».
Son ami Josh est sorti du pub quelques secondes plus tard et a vu des gens se précipiter jusqu'au pont de Borough Market. « Un homme a couru et je l'ai entendu crier,"Il a un couteau, il poignarde les gens" ». Un autre témoin, Gerard, a déclaré à la BBC : « Ils criaient "C'est pour Allah". Ils ont poignardé une fille peut-être 10 fois, 15 fois. Elle disait, "Aidez-moi, aidez-moi" ». Gerard a dit qu'il a ensuite poursuivi les attaquants, qui couraient dans des pubs et des bars, et leur a jeté des bouteilles, des chaises et d'autres choses pour tenter de les arrêter. Steven Gibbs, qui buvait à St Christopher's Inn, à quelques mètres de la scène, a déclaré à la BBC : « Un taxi noir est passé et le conducteur a crié :"Attaque terroriste, courez !". Je me suis levé pour jeter un coup d'oeil et tout de suite il y a eu des coups de feu. Beaucoup de gens criaient ». Steven a ensuite été emmené dans le sous-sol du bar avant que la police n'y pénètre et dise à toutes les personnes présentes à l'intérieur de courir. « Je n'ai jamais eu si peur de toute ma vie », a-t-il dit.
Avec trois attaques en peu de temps, le terrorisme contre des cibles faciles commence à donner à certaines personnes, comme en France, une sorte de sentiment de quasi-normalité mêlée de fatalisme. La réalité brutale est que ce genre de menace est absolument typique de ce que les djihadistes cherchent à obtenir dans toutes leurs attaques à travers l'Europe. Depuis 2013, les services de sécurité britanniques ont déjoué 18 complots terroristes. Une grande partie de ceux-ci ont impliqué des suspects qui s'étaient préparés à commettre des actes de violence semblables à l'attaque contre le pont de Westminster et le London Bridge. Les plans visant à utiliser des bombes, comme à la Manchester Arena, sont plus rares parce que les terroristes doivent posséder les compétences techniques pour une attaque de ce genre -mais attaquer des personnes avec des voitures et des couteaux est beaucoup plus facile et a longtemps été encouragé par l'Etat islamique et d'autres groupes djihadistes, d'autant plus que presque toujours, les terroristes ne craignent pas d'y laisser leur vie, au contraire même, le but étant tout autant de tuer que de marquer les esprits et essayer d'instaurer un climat de peur permanente.