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Mort à 83 ans de Manuel Noriega, l'ancien homme fort du Panama

le Quotidien du Peuple en ligne | 31.05.2017 08h44

Manuel Antonio Noriega, l'ancien et impétueux homme fort du Panama, un temps allié des Etats-Unis jusqu'à ce que ses liens avec le trafic de drogue aient entraîné son renversement en 1989 dans ce qui fut alors la plus grande action militaire américaine depuis la guerre du Vietnam est décédé à 83 ans. Le Président du Panama Juan Carlos Varela a annoncé de façon très sobre la mort de Manuel Noriega mardi matin sur Twitter, disant « La mort de Manuel A. Noriega ferme un chapitre de notre histoire ; Ses filles et ses proches méritent de l'enterrer en paix ». Manuel Noriega est mort lundi vers 11 heures à l'hôpital Santo Tomás de Panama, a confirmé un employé de l'hôpital, sans donner dans l'immédiat la cause de son décès. L'ancien dirigeant panaméen, que ses adversaires avaient méchamment surnommé « Tête d'ananas » du fait de son visage grêlé, avait été admis en soins intensifs depuis le 7 mars après que les complications se soient développées à la suite d'une opération destinée à supprimer ce que son avocat a décrit comme une tumeur cérébrale bénigne.

Ses filles avaient déclaré aux journalistes à l'hôpital en mars qu'il avait eu une hémorragie cérébrale après l'opération. Il avait été assigné à résidence en janvier pour se préparer à celle-ci. Ses problèmes médicaux sont survenus lors d'une odyssée juridique qui a débuté avec l'invasion de son pays et l'a conduit à des peines de prison aux États-Unis, en France et enfin au Panama. Alors qu'il était emprisonné à l'étranger, il fut victime d'accidents vasculaires cérébraux, d'hypertension et d'autres maladies, a déclaré son avocat. Après son retour à Panama le 11 décembre 2011, il avait commencé à purger de longues peines pour meurtre, détournement de fonds et corruption dans le cadre de sa direction du pays au cours des années 1980.Manuel Noriega, qui était devenu le chef de facto du pays en se nommant lui-même au grade de général des forces armées en 1983, avait eu une longue relation avec les États-Unis, passant d'un allié coopératif et d'un informateur pour les agences de lutte contre la drogue américaines à un adversaire, vendant des secrets aux ennemis politiques des États-Unis dans l'hémisphère occidental et renseignant les cartels de la drogue, faisant dire qu'il était souvent difficile de savoir de quel côté il était.

Ce fut une relation tumultueuse, à l'image de l'histoire des relations américano-panaméennes depuis que les États-Unis avaient construit le canal de Panama au début du 20e siècle. Les États-Unis ont continué à exploiter le canal -et gouverné une bande de territoire à côté de lui- pendant huit décennies avant de le transmettre au Panama le 31 décembre 1999. Tout en fournissant des secrets sur Cuba aux États-Unis, Manuel Noriega aurait vendu à Fidel Castro des milliers de passeports panaméens, à 5 000 Dollars US pièce, à l'usage des agents secrets cubains et éventuellement d'agents d'autres pays du bloc soviétique. Ses gains illicites auraient ainsi atteint au moins 772 millions de Dollars US. Puis le vent a tourné : en 1988, il a été inculpé à Miami et à Tampa, en Floride, d'accusations fédérales de trafic de stupéfiants et de blanchiment d'argent. Il a été accusé de transformer le Panama en une plate-forme d'expédition pour la cocaïne sud-américaine destinée aux États-Unis et de permettre la dissimulation de la drogue dans des banques panaméennes. Après diverses péripéties, tout a basculé le 16 décembre 1989, quand des troupes panaméennes ont tué un soldat américain non armé à Panama, blessé un autre et arrêté et battu un troisième. Ce fut alors l'invasion déclenchée par le président George Bush, tandis que Manuel Noriega se réfugiait à l'ambassade du Vatican à Panama City, avant de se rendre le 3 janvier 1990 et d'être envoyé en prison en Floride, laissant derrière lui un nouveau président assermenté sur une base militaire américaine et une nouvelle ère pour le Panama.

Antonio Noriega était né dans un bidonville du Panama, officiellement le 11 février 1934, mais même cette date était contestée. Lors d'une audience en France en juin 2010, il a initialement donné son année de naissance comme étant 1936, mais s'est ensuite corrigé en disant que c'était en 1934, la date généralement acceptée. Des documents juridiques l'ont fait aussi naître en 1938 et de toute façon, Manuel Noriega a dit qu'il mentait au sujet de son âge. Il laisse son épouse et trois filles, Lorena, Sandra et Thays Noriega. Pendant son incarcération aux États-Unis, il a écrit un livre, « Prisonnier de l'Amérique : les Mémoires de Manuel Noriega », dans lequel il a exprimé sa frustration envers ses ravisseurs. « Personne ne peut éviter le jugement de l'histoire », a-t-il écrit. « Je demande seulement à être jugé sur la même échelle de trahison et d'infamie que mes ennemis ». Pourtant, en juin 2015, dans une interview en prison avec la télévision panaméenne, il s'était montré plus conciliant, laissant de nouveau aux gens deviner qui il était peut-être réellement. « Je veux fermer le cycle de l'ère militaire en tant que dernier commandant de ce groupe », avait-il déclaré, « demandant un pardon ». 

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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