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Le président français Macron face au défi de moralisation de la vie publique

Xinhua | 01.06.2017 08h24

La polémique enfle dans l'Hexagone depuis les premières révélations du Canard Enchaîné concernant le ministre de la Cohésion des territoires Richard Ferrand, embourbé dans des soupçons de clientélisme. Une épine dans le pied du fondateur d'En Marche! qui entache le début de son quinquennat alors qu'Emmanuel Macron a promis pendant sa campagne une loi de moralisation de la vie publique, et qui pourrait polluer la campagne des législatives des 11 et 18 juin.

Soupçons de conflit d'intérêts, accusations de mélange des genres et appels à la démission se multiplient à l'encontre du ministre de la Cohésion des territoires Richard Ferrand, fidèle de la première heure et homme de confiance du Président Macron. Une affaire qui tombe mal alors que le projet de loi sur la moralisation de la vie publique, annoncé en conseil des ministres le 7 juin, devrait être dévoilé entre les deux tours des législatives.

Ce télescopage commence à susciter des inquiétudes dans les rangs de La République En Marche (LREM) à moins de quinze jours d'un scrutin clé pour le nouveau pouvoir en quête d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. D'autant qu'à cette "affaire Ferrand" s'est ajoutée l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "abus de confiance" à l'encontre de la ministre des affaires européennes, Marielle de Sarnez, une proche du nouveau garde des sceaux François Bayrou en charge de la loi sur moralisation de la vie publique.

Depuis les révélations de l'hebdomadaire Le Canard Enchaîné la semaine dernière concernant une affaire immobilière dont a bénéficié la compagne de Richard Ferrand lorsqu'il dirigeait les Mutuelles de Bretagne, de nouvelles informations publiées par le journal Le Parisien, le quotidien Le Monde et le site Mediapart sont venues ternir un peu plus l'image du ministre de la Cohésion des territoires.

Selon un sondage publié mercredi, plus des deux tiers des Français estiment que l'ancien député socialiste devrait démissionner. Mais jusqu'ici, Matignon fait bloc derrière Richard Ferrand. Mardi soir sur France 2, le Premier ministre Édouard Philippe lui a renouvelé sa confiance tout en comprenant "l'exaspération des Français, leur émotion, leur agacement".

"J'ai parfaitement conscience que des usages et des comportements passés qui ne sont pas illégaux mais qui ne sont plus acceptés aujourd'hui, ne peuvent plus être tolérés", a-t-il déclaré avant de rappeler l'exemplarité exigée aux membres du gouvernement et réitérer qu'un ministre mis en examen devrait quitter son poste.

La veille, c'est le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner qui est monté au créneau, affirmant qu'il n'y avait "pas d'affaire Ferrand". De nouveau accusé de mélange de genres par Le Monde dans son édition de mercredi, le ministre a démenti ces allégations dans un long communiqué, dénonçant un "climat de suspicion entretenu de façon continue" et excluant une nouvelle fois de démissionner.

Si la justice ne s'est pas saisie du cas Ferrand, le risque d'amalgame avec l'affaire Fillon est pourtant bien réel. D'autant que le ministre de la Cohésion des territoires utilise un argumentaire qui rappelle étrangement celui du candidat de la droite à la présidentielle en plein PenelopeGate qu'il avait à l'époque vertement attaqué. À Bercy le 17 avril, lors du dernier grand meeting d'Emmanuel Macron avant le premier tour, il fustigeait François Fillon en assénant: "Il a définitivement perdu toute autorité morale!" C'est désormais la sienne qui est mise en cause.

Le Parquet national financier s'est estimé non compétent, tout comme le parquet de Brest (Bretagne) qui a jugé qu'"aucun des faits relatés n'est susceptible de relever d'une ou plusieurs qualifications pénales permettant d'ouvrir une enquête préliminaire". Mais les partis politiques, la droite en tête qui y voit une aubaine pour se remettre en scelle dans la bataille des législatives, dénoncent le "deux poids deux mesures" de la justice, réclament la "démission" du ministre, certains pressant le Président Macron de "faire le ménage dans son gouvernement" afin de "démontrer" que sa loi sur la moralisation de la vie politique n'est "pas un marché de dupes".

Tout porte à croire que ces attaques vont aller croissantes d'ici le premier tour des législatives le 11 juin. S'il reste difficile de mesurer l'impact dans les urnes pour les candidats de la République En Marche, le cas Ferrand a d'ores et déjà fait des dégâts symboliques dans l'opinion.

Quant au Chef de l'Etat, qui se garde bien d'intervenir sur ce dossier, laissant Matignon affronter la tempête, il pourrait néanmoins être contraint de se positionner dans la mesure où la suspicion qui entoure désormais son ministre le met en porte-à-faux avec les valeurs qu'il a défendues depuis la fondation de son mouvement En Marche !

Après avoir réussi son entrée sur la scène internationale, Emmanuel Macron est potentiellement fragilisé par cette affaire Ferrand, qu'elle se révèle en être une ou non sur le plan judiciaire.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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