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France/Présidentielle : "Emmanuel Macron est bien le candidat libéral", estime un politologue français

Xinhua | 15.04.2017 14h36

Emmanuel Macron se définit comme le plus libéral des prétendants à l'Elysée, aussi bien sur le plan économique que sur les questions sociétales, et par un pragmatisme qu'il présente comme une méthode de gouvernement, explique, dans un entretien récemment accordé à Xinhua, le chercheur Thomas Vitiello qui travaille à Sciences Po pour le projet baptisé "La boussole présidentielle 2017".

"Afin de faire sens des positionnements des différents candidats à l'élection présidentielle, le système d'aide au vote (SAV) de 'La boussole présidentielle 2017' propose de situer les candidats dans un espace politique bidimensionnel. Connus dans la littérature anglophone comme les online voting advice applications, les SAV comparent sur des enjeux variés les positions des utilisateurs avec celles des candidats à l'élection présidentielle", résume Thomas Vitiello, doctorant au centre de recherche de la vie politique (CEVIPOF), à Sciences Po.

"Les utilisateurs de 'La boussole présidentielle' sont ainsi positionnés dans l'espace politique français en fonction de leurs réponses et peuvent comparer leur positionnement à celui des candidats, l'emplacement de ces derniers étant établi à partir d'une analyse des programmes de campagne", précise-t-il.

Grâce à cette "science politique appliquée", estime le chercheur, "La boussole présidentielle" en étant à sa deuxième édition, "il est possible d'observer les évolutions des positions dans l'espace politique des cinq principaux candidats et familles politiques par rapport à l'élection présidentielle de 2012. On constate très clairement que les candidats s'éloignent les uns des autres, confirmant la polarisation de l'offre politique".

"Même Emmanuel Macron, qui s'affirme comme le plus modéré des cinq principaux candidats en lice, accentue ses positions libérales, à la fois culturellement et économiquement, par rapport aux positions de François Bayrou en 2012. Il est bien le candidat libéral de cette élection", affirme M. Vitiello. "Non seulement sur le plan économique mais aussi sur les questions sociétales et culturelles", ajoute-t-il.

"Son discours insiste sur la libéralisation du marché du travail et les économies en matière de dépenses publiques. Dans le même temps, il a un positionnement très européen et développe des thématiques post-matérialistes basées sur la qualité de la vie", précise le chercheur.

"La forte polarisation des candidats laisse une large place dans l'espace politique de 'La boussole présidentielle' pour une offre politique modérée. Offre politique qu'Emmanuel Macron tente d'incarner dans cette élection. Très éloigné à première vue de l'ensemble des candidats dans l'espace politique, il est en réalité proche de Benoît Hamon sur l'axe culturel et proche de François Fillon sur l'axe économique, ce qui lui assure aujourd'hui une position médiane dans l'espace politique et un soutien important au sein de l'électorat. Par son positionnement, il apparaît comme le seul candidat à même de rassembler au second tour", considère le doctorant.

Le programme de l'ancien ministre de l'Economie du président Hollande parle d'abord aux "gagnants de la mondialisation" mais "avec son plan d'investissement sur la formation, il met aussi en avant une thématique de gauche", poursuit M. Vitiello.

"On a beaucoup critiqué le flou de son programme ; je n'ai jamais été d'accord sur ce point. Je pense que son côté très pragmatique n'est pas forcément perçu comme une qualité car en France on aime les discours très polarisés. Son discours est par conséquent moins tranché. Il insiste par exemple sur la réévaluation des politiques publiques mais, selon moi, il sait tout à fait où il va", affirme le doctorant.

Interrogé par Xinhua sur la politique étrangère prônée par Emmanuel Macron, M. Vitiello concède néanmoins que "jusqu'ici, il s'est peu prononcé sur ces questions. Il ne s'est pas exprimé sur la Chine. Quant aux Etats-Unis, au lendemain de l'élection de Donald Trump, il a insisté sur les liens d'amitié entre Washington et Paris, mais en revendiquant une certaine indépendance. Ce que l'on peut noter, c'est que, contrairement à d'autres candidats, il ne s'interdit de parler avec personne".

Le chercheur estime qu'en matière de politique internationale aussi, le "pragmatisme sera au cœur de son action" s'il est élu. "Emmanuel Macron a souligné le rôle des Nations Unies et l'importance du multilatéralisme comme une clé de la résolution des conflits. Je pense qu'il s'inscrira sur ce point dans la continuité de la présidence de François Hollande", ajoute-t-il.

Concernant l'Union européenne, "il a annoncé vouloir restaurer la crédibilité de la France au niveau européen, et pour cela, faire des réformes afin de relancer la construction européenne avec le couple franco-allemand", ajoute le chercheur.

Mais, pour l'instant, Emmanuel Macron doit surtout se concentrer sur le sprint final avant le premier tour du scrutin le 23 avril, qui reste très incertain. D'autant que Jean-Luc Mélenchon, candidat de la gauche radicale, continue à grimper dans les sondages.

Un enseignement peut cependant d'ores et déjà être tiré grâce à "La boussole présidentielle 2017", relève M. Vitiello. "La comparaison avec la dernière élection présidentielle met clairement en lumière la plus forte indécision des électeurs. En 2012, 45-50% de nos utilisateurs déclaraient ne pas avoir arrêté leur choix. Cette année, ils sont plus de 60%. Cela confirme le résultat d'autres enquêtes", ajoute le chercheur.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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