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Les relations russo-américaines mises à l'épreuve après les frappes en Syrie

Xinhua | 14.04.2017 08h28

Le président américain Donald Trump a reconnu mercredi que les relations russo-américaines se trouvaient "peut-être au plus bas". "A l'heure actuelle, nous ne nous entendons pas du tout avec la Russie", a-t-il admis lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche.

M. Trump a indiqué que le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson avait eu un entretien réussi à Moscou avec le président russe Vladimir Poutine et que "les choses se sont bien passées". Toutefois, il n'a su dire comment ces relations allaient évoluer.

"Ce serait merveilleux" si les deux pays s'entendaient mieux, a poursuivi Donald Trump, tout en reconnaissant que cela pourrait bien ne pas être le cas.

Tout espoir d'assister à un rapprochement historique entre Washington et Moscou a volé en éclats après le bombardement américain d'une base aérienne près d'Homs (centre de la Syrie) le 6 avril dernier.

Lors de sa conférence de presse au côté du secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg, le nouveau président américain, qui a plusieurs fois souhaité un tel rapprochement pendant sa campagne présidentielle, a défendu sa décision de tirer 59 missiles Tomahawk sur la base de Charyat en représailles à l'attaque chimique présumée menée par l'armée syrienne à Khan Cheikhoun (nord-ouest).

M. Trump a qualifié le président syrien Bachar el-Assad de "boucher". Après le drame survenu près d'Idleb, "j'ai senti qu'il fallait faire quelque chose. Je n'ai absolument aucun doute que nous avons fait la bonne chose. Et ça a été très, très bien fait".

Interrogé sur le fait de savoir si Moscou était au courant par avance de l'attaque de Khan Cheikhoun, il a répondu : "C'est certainement possible", mais "hautement improbable".

Les propos pessimistes de Donald Trump font écho à ceux tenus un peu plus tôt en Russie par M. Tillerson. "Il y a un faible niveau de confiance entre nos deux pays. Les deux plus grandes puissances nucléaires ne peuvent pas avoir ce genre de relations", avait-il dit lors d'une conférence de presse au côté de son homologue russe Sergueï Lavrov.

Il a toutefois ajouté que les deux pays avaient accepté de créer un groupe de travail chargé de recenser les différends et d'améliorer les relations bilatérales.

LA LUNE DE MIEL TRUMP-POUTINE TOURNE AU VINAIGRE

Vladimir Poutine n'a pas manqué de condamner le bombardement de la base de Charyat, disant y voir une agression contre un Etat souverain qui viole le droit international pour un prétexte tiré par les cheveux.

Dans une interview diffusée mercredi avant son entretien avec M. Tillerson, le chef du Kremlin a estimé que la confiance mutuelle entre les deux pays, particulièrement au niveau militaire, s'était érodée au cours des premiers mois de la présidence Trump.

Lors de la visite mercredi de Rex Tillerson, M. Lavrov s'est montré très critique de l'attitude américaine. Demandant une enquête "objective et impartiale" sur le drame de Khan Cheikhoun, il a indiqué que son pays n'avait pas l'intention de protéger quiconque en serait le responsable, tout en répétant que le régime de Damas n'en était pas responsable.

La Russie a opposé mercredi soir son veto au Conseil de sécurité de l'ONU à une résolution demandant à la Syrie de coopérer avec une enquête sur cette attaque chimique présumée. Elle a exprimé son "désaccord catégorique" avec le texte proposé, s'attirant de nouvelles critiques occidentales, notamment américaines.

Wayne White, ancien directeur adjoint de l'antenne Moyen-Orient/Asie du Sud au Bureau de renseignement et de recherche (INR) du Département d'Etat, juge très improbable un rapprochement entre Washington et Moscou.

"Les intérêts américains et russes, que ce soit concernant la Syrie, l'OTAN, les droits de l'Homme, etc., sont bien trop éloignés en dépit de la volonté initiale de Trump de parvenir à un accord", analyse-t-il dans un entretien à Xinhua.

Pour ce faire, "l'une des parties devrait inévitablement faire de grands sacrifices qui ne cadreraient pas avec certains de ses intérêts", observe M. White. "Or Trump et Poutine sont deux (...) fortes personnalités qui veulent instinctivement préserver leur image de puissance. D'une certaine façon, ils se ressemblent trop", conclut l'expert.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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