Une Asie du Sud-Est prospère doit être avant tout une communauté solidaire

En obtenant des résultats fructueux à l'issue d'une série de réunions des dirigeants asiatiques, la communauté de destin commun Chine-ASEAN s'est de nouveau montrée unie, et ce malgré les provocations récentes des Etats-Unis en mer de Chine méridionale visant à ébranler la confiance entre les voisins asiatiques.

Tout a commencé par un paradoxe ironique. Non-partie à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM), les Etats-Unis ont accusé la Chine de violer le droit maritime international et se sont présentés comme les défenseurs de la liberté de navigation en mer de Chine méridionale, alors même que deux navires de guerre américains ont sillonné la région ces dernières semaines.

Mais la communauté Chine-ASEAN n'est pas dupe. Dans un contexte morose pour le commerce international, les échanges commerciaux entre la Chine et l'ASEAN ont atteint 379,2 milliards de dollars au cours des dix premiers mois de 2015, et la circulation de près de 20 millions de touristes entre les deux parties montre une fois de plus la solidarité au sein de cette grande communauté de destin.

L'histoire a montré que la solidarité régionale était indispensable à la prospérité commune. Au lendemain de la fin de la Seconde Guerre mondiale, six pays européens ont mis de côté leurs différends historiques pour forger une communauté visionnaire, la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), qui a ensuite entraîné la création de l'Union européenne (UE), un modèle pour toutes les institutions d'aujourd'hui qui cherchent à parvenir à un développement commun régional.

"L'Europe [...] se fera par des réalisations concrètes, créant d'abord une solidarité de fait", avait déclaré Robert Schuman, père fondateur de l'UE, dans sa fameuse déclaration du 9 mai 1950.

L'absence de solidarité empêche de surmonter les défis. Face à l'afflux de migrants, une Europe divisée n'a pas pu répondre à la crise de manière efficace. Le haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Antonio Guterres a ainsi évoqué l'échec des pays membres de l'UE face à cette crise migratoire.

"L'Europe n'est plus unie, elle est divisée", et cela "provoque d'énormes souffrances" et donne "une terrible image de l'Europe", a-t-il regretté.

Là encore, des reproches peuvent être faits aux Etats-Unis. Des millions de réfugiés syriens fuient les troubles causés par l'Etat islamique (EI), un groupe terroriste qui a pu se développer en profitant de l'anarchie créée par l'intervention américaine en Syrie visant à renverser le président Bachar el-Assad.

Les Etats-Unis cherchent à créer un chaos qui leur permettra de maintenir leur présence hégémonique dans les diverses régions du monde au détriment de la stabilité régionale, voire des intérêts de leurs alliés, comme c'est le cas avec la crise des migrants.

Les Etats-Unis sont obsédés par cette ruse. "A ce stade, les Etats-Unis sont presque en train de s'inventer une excuse pour s'engager militairement dans la région, en mer de Chine méridionale, en mer de Chine orientale ou ailleurs, afin de pouvoir justifier leur 'basculement vers l'Asie' et peut-être créer un conflit là où il n'y en a pas", a estimé l'avocat américain Bruce Fein, spécialiste du droit international.

Néanmoins, les peuples d'Asie du Sud-Est ont la sagesse de rester solidaires et de continuer à prospérer en évitant le piège tendu par les Etats-Unis, et ils pourront résoudre leurs différends par des négociations fondées sur la confiance et le respect mutuels.