Ce serait peut-être le bon moment pour l'Europe de changer de politique en reconnaissant officiellement la Chine comme une économie de marché afin de promouvoir les relations commerciales bilatérales, estime l'ancien Premier ministre italien Enrico Letta.
La question clé pour le développement des relations Chine-UE, c'est bien celle du statut d'économie de marché de la Chine, dit-il dans une interview accordée à Xinhua.
A en croire des analystes, ce statut pourrait être approuvé en 2016, une année qui, selon M. Letta, deviendrait alors un point tournant dans les relations Chine-UE.
"Le statut d'économie de marché pourrait être reconnu par l'UE et (2016) pourrait être l'année où nous pourrions lancer les négociations sur l'accord de libre-échange (ALE)", a noté M. Letta.
Lors du dernier sommet Chine-UE fin juin à Bruxelles, le Premier ministre chinois Li Keqiang a lancé un appel vibrant à la conclusion rapide d'un accord commercial bilatéral avec l'UE.
Pourtant, l'établissement d'un ALE entre les deux parties sera un processus très compliqué, a estimé M. Letta. "Il y a de nombreux domaines, allant de l'agriculture à la protection de la propriété intellectuelle, et nous devons les résoudre tous ensemble", a relevé Enrico Letta.
Les engagements forts que sont la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII) et la stratégie "Ceinture et Route" constituent des étapes importantes dans le renforcement des relations économiques entre l'Europe et l'Asie, a-t-il poursuivi.
La Ceinture économique de la Route de la soie et la Route de la soie maritime du XXIe siècle, connues sous le nom des initiatives de la Ceinture et de la Route, ont été proposées par le président chinois Xi Jinping en 2013.
Selon M. Letta, la BAII est "une initiative importante et décisive prise par les dirigeants chinois". "Il était important pour les pays de l'UE de la suivre, de réagir d'une manière positive. C'est pourquoi l'Italie et les principaux pays de l'UE ont décidé d'y adhérer", a-t-il ajouté.
M. Letta, qui est professeur invité à l'Université technologique de Sydney (UTS), a noté que l'Europe était trop axée sur ses affaires politiques internes, dont la dette de la Grèce, qui occupe beaucoup d'énergie des Etats membres. "Je pense que l'UE doit se concentrer sur les grandes opportunités que nous avons à travers le monde", a souligné M. Letta.
Dans un débat organisé mardi à l'UTS avec Bob Carr, ex-ministre australien des Affaires étrangères et directeur de l'Institut des relations Australie-Chine, M. Letta a affirmé: "Je pense tout à fait que l'avenir du monde sera mû par l'Asie".
Et de souligner que si l'Australie n'a pas été contaminée par le "virus" qu'est la crise financière internationale, c'est grâce à ses liens avec l'Asie. "Nous, tous les pays occcidentaux, devons changer d'état d'esprit, changer la manière de faire du commerce et essayer de créer des liens permanents", a-t-il suggéré.