Dernière mise à jour à 16h04 le 27/11
Les économies de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) devraient enregistrer une croissance plus faible d'environ 2,5% de leur produit intérieur brut (PIB) en 2015, alors que les prévisions antérieures tablaient sur 4,3%, révèlent les estimations publiées jeudi à Yaoundé par la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC).
C'est le niveau le plus bas depuis 2009, année où un taux de 1,8% avait été déclaré, une contreperformance due à la crise financière et économique mondiale vécue au cours de cette période-là et cause d'une forte baisse de la demande intérieure dans les six pays membres de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine et Tchad).
Pour le gouverneur de la BEAC, Lucas Abaga Nchama, ce ralentissement résulte des effets conjugués de la chute des prix du pétrole avec d'autres matières premières et des crises sécuritaires dues notamment aux activités terroristes de la secte islamiste nigériane Boko Haram au Cameroun et au Tchad, en dehors du Nigeria lui-même et du Niger, sans oublier la crise centrafricaine.
A l'exception de la RCA, les pays de la CEMAC sont producteurs de pétrole et c'est la principale source de leurs recettes d'exportation.
Afin d'atténuer l'impact de la diminution des revenus pétroliers sur leurs budgets engendrée par la baisse des cours mondiaux, la plupart d'entre eux ont adopté quelques mesures, qui consistent à une réduction de leur train de vie, de l'avis du dirigeant de la banque centrale.
En clair, les gouvernements respectifs des différents Etats optent pour une baisse des dépenses de fonctionnement pour privilégier les investissements publics en faveur de l'amélioration de l'activité économique et des conditions de vie de leurs populations.
Par exemple, dans son projet de budget pour 2016 à l'examen à l'Assemblée nationale et au Sénat, les deux Chambres du Parlement, le Cameroun prévoit une augmentation de 36,4% de son budget d'investissement public est aussi annoncée, contre 30,7% au cours de l'année finissante.
Mais contrairement à 2015, l'impact de la chute des prix du pétrole sera moindre lors de l'année à venir, pou la simple raison que "certains pays annoncent une hausse de production des hydrocarbures" suite à la découverte de nouveaux gisements, laisse entrevoir Lucas
Abaga Nchama, qui prédit en outre un regain de dynamisme de certains secteurs non pétroliers des économies de la région.
Parmi les secteurs qui suscitent l'espoir, figurent notamment l'agriculture et les services. Une reprise de l'activité économique déprendra cependant des efforts menés pour combattre Boko Haram.
"Nous espérons que la lutte contre Boko Haram va s'intensifier et que la volonté de nos Etats avec l'appui des partenaires pourrait conduire à annihiler les efforts conduits par le croupe terroriste", plaide le gouverneur de la BEAC.
Avec les effets combinés de la chute des cours du pétrole et d'autres matières premières, cette menace pèse lourd sur les budgets des pays de la CEMAC, déjà confrontés à une baisse de recettes consécutive à la contraction de la demande intérieure occasionnée par le ralentissement de l'économie mondiale, puis une diminution des réserves extérieures, déplore la banque centrale.
Bien que le niveau de ces réserves demeure "très confortable" pour permettre d'honorer les engagements liés au paiement des importations, et " plus élevé que celui par exemple de l'UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine]", "les déficits publics vont s'aggraver", s'inquiète M. Abaga Nchama, qui alerte par ailleurs sur une augmentation de l'endettement des Etats.
Sur la base des analyses du comité de politique monétaire de la BEAC réuni en session ordinaire annuelle jeudi au siège de l'institution bancaire à Yaoundé, la région devrait connaître un allègement des tensions inflationnistes à 2,8% en moyenne annuelle, avec une hausse du déficit budgétaire à 4,2% du PIB, une persistance du déficit extérieur courant à 11,4% du PIB.
Il est aussi fait état d'"une situation monétaire qui se solderait par un taux de couverture extérieure de la monnaie de 70,1%", souligne le communiqué de presse publié au terme de ces travaux.
Pour permettre une reprise, la BEAC insiste encore une fois sur la nécessité de diversification de l'activité économique et d'amélioration du climat des affaires, très critiqué. Comme mesure de soutien au financement de cette activité, elle annonce le maintien de son taux directeur au taux inchangé de 2,45%, décidé en juillet.
"Nous avons créé un marché de titres publics pour permettre aux Etats de pouvoir se financer sur ce marché. Dès le début de 2016, le marché de titres négociables sera mis en place", promet son gouverneur.