Dernière mise à jour à 08h29 le 09/06
La ville de Spolète est célèbre pour sa magnifique vieille ville perchée sur une colline escarpée de l'Ombrie, dans le centre de l'Italie. Elle a récemment ajouté un nouveau motif d'être fière d'elle, en devenant l'une des premières du pays à interdire les voitures et à installer un « métro piétonnier » -car ce métro n'a pas de voitures- à la place. Et cela n'a pas été facile : comme l'a déclaré à l'AFP l'architecte Giuliano Macchia, l'un des promoteurs de ce titanesque projet achevé cet hiver après pas moins de 30 ans de travaux, « Il fallait du courage et de l'inconscience pour tenter ça ». Mais aujourd'hui, la ville respire et offre à nouveau ses splendeurs sans être encombrée de voitures ou de cars de tourisme, grâce à un ensemble de tunnels, ascenseurs, escaliers roulants et couloirs avec tapis roulants qui relient la vieille ville à trois grands parkings, dont deux souterrains, installés à l'extérieur.
Ce projet a coûté la coquette somme de 65 millions d'Euros, dont 46 millions ont été financés par les ministères des travaux publics et de l'environnement. D'après Sergio Zinni, président de la Fondation Caisse d'épargne de Spolète, l'un des sponsors du projet, « Cette manière originale de résoudre le problème d'une ville verticale et touristique, avec des vestiges archéologiques remontant à l'époque pré-romaine, des monuments et des églises médiévales, est un exemple pour le monde ». Le métro piétonnier est un système de mobilité alternative qui permet aux touristes, mais aussi aux habitants, d'accéder à pied aux places en longeant les murs de différentes époques, jusqu'à la Rocca Albornoziana, la forteresse du 14e siècle qui domine le cœur de la ville, tout en haut de la colline. Et manifestement, le nouveau métro plait : « C'est très facile à utiliser. Je viens souvent ici et je n'ai jamais eu de problèmes », dit ainsi Nestor, un Colombien qui vient souvent passer le week-end à Spolète.
« Tel est notre défi : une ville sans voitures, ouverte à tout le mondes, a déclaré le maire de Spolète, Fabrizio Cardarelli. « Nous profitons des vieilles murailles existantes, sans exproprier de terres ni de vergers, nous creusons la montagne, tout en vérifiant la résistance aux séismes », a de son côté précisé l'architecte Giuliano Macchia. Avec ses longs tapis roulants, le « métro piétonnier » court dans la montagne, passant sous une série de tunnels colorés. Et ici, cerise sur le gâteau, pas de ticket, seulement des « stations » distantes de 200 à 300 mètres : Teatro Nuovo, Piazza Pianciana, Via Saffi... Les avantages sont évidents : dehors, le paysage est intact, le silence plaisant, l'air plus propre. Petite précision toutefois : l'automobile n'est pas totalement bannie de Spolète, mais seuls certains résidents ont le droit de rouler en voiture, les autres devant se garer dans les grands parkings situés à l'entrée du centre historique.
En 2016, alors même que les travaux n'étaient pas encore complètement achevés, plus de 2 millions de visiteurs avaient déjà utilisé le métro sans train de Spolète, a souligné Giuliano Macchia. Ville d'environ 38 000 habitants inscrite en 2011 au patrimoine mondial de l'Unesco, Spolète accueille en résidence tout au long de l'année des artistes de tous les continents, en particulier dans le secteur de la musique et de la danse. Là, concerts et opéras sont joués en plein air dans le spectaculaire théâtre romain, comme il y a 2 000 ans. Un petit bémol toutefois : pour venir profiter des merveilles de Spolète, mieux vaut quand même avoir une voiture : car, au grand dam des habitants et des élus locaux, la ligne ferroviaire qui relie Spolète à Rome reste trop vétuste et les trains trop rares pour proposer une véritable alternative aux touristes souhaitant voyager sans trop polluer. Mais ce « métro piétonnier » est sans doute une idée qui devrait faire école en Italie et ailleurs.