En République démocratique du Congo (RDC), le débat sur le dialogue national continue de dominer l'actualité politique à Kinshasa, la Majorité présidentielle (MP) ayant renoncé à l'appui de la Mission de l'ONU (MONUSCO), exigé par l'opposition dans l'organisation de ces concertations nationales qui doivent apaiser le climat social et politique avant la tenue d'élections présidentielle et législatives de novembre 2016.
Certains partis de l'opposition, dont principalement l'UDPS, sont d'accord avec une médiation internationale.
"L'exigence de certains partis de l'opposition de ne participer au dialogue que si le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et le chef de la MONUSCO, Martin Kobler, en assurait le leadership ne correspond ni à la lettre ni à l'esprit de résolutions du Conseil de sécurité", a déclaré Lambert Mende, ministre de l'information et des médias et porte-parole du gouvernement, le 8 juin au cours d'une conférence de presse.
Selon lui, dans les résolutions 2098 et 2211 du Conseil de sécurité des Nations Unies, il n'est nullement question de demander à un diplomate onusien de convoquer les forces politiques congolaises à un quelconque dialogue.
En effet, pendant que l'opposition et la MP restent divisées sur le contenu et les modalités du dialogue, Martin Kobler réaffirme sa disponibilité pour offrir ses bons offices.
Le 10 juin, M. Kobler a indiqué, au cours d'une conférence de presse, avoir proposé ses bons offices pour faciliter le dialogue national envisagé par le président Joseph Kabila et souhaité par certains partis de l'opposition.
"Nous avons offert nos bons offices mais nous devons avoir le consentement des deux parties", a-t-il notamment déclaré.
C'est du moins la réconciliation et le consensus que tente de trouver le président Joseph Kabila, qui a reçu les 10 et 11 juin des représentants des partis de la majorité et la société civile, des ambassadeurs accrédités en RDC, des gouverneurs et des patrons de presse, dans ce que l'on peut appeler "un avant-dernier round de consultations".
Face aux 22 ambassadeurs, Joseph Kabila a tenu à expliquer le sens de sa démarche: consulter un maximum d'acteurs de la vie politique congolaise pour décider s'il y a besoin d'ouvrir un dialogue sur les questions qui bloquent: le calendrier électoral, le budget de financement, la sécurisation du scrutin, ou encore le découpage territorial.
L'objectif ne serait pas de retarder les scrutins, a assuré le président, mais d'aller aux urnes dans un climat apaisé et consensuel. "La Constitution, c'est notre Bible", a encore affirmé Joseph Kabila.
Pour la première fois depuis le début de ces consultations, le chef de l'Etat a parlé. Il semble avoir convaincu la communauté internationale de son idée d'appeler au dialogue politique national.
"C'est la preuve d'une certaine ouverture et d'une volonté de rassurer", analysent certains diplomates. Et ce, même si le président a répété que pour lui, "tous les scrutins sont importants, les élections locales comme la présidentielle". Contrairement à une frange de partis de l'opposition qui souhaiterait vivement voir les élections locales repoussées après les présidentielles et les législatives.
Martin Kobler reste aussi convaincu que les élections sont importantes et constituent l'une des priorités de la Mission de l' ONU en RDC, comme l'exige le Conseil de sécurité.
En son article 19, la résolution 2211 (2015) du Conseil de Sécurité demande au gouvernement de la RDC et à ses partenaires nationaux de veiller à la transparence et à la crédibilité du processus électoral, étant donné qu'il incombe au premier chef de créer des conditions propices à la tenue des prochaines élections et notamment d'en faire une priorité, la présidentielle et les législatives étant prévues, conformément à la Constitution, pour novembre 2016.
Le Conseil de sécurité exhorte le gouvernement et toutes les autres parties à créer les conditions pour que le processus électoral soit libre, juste, crédible, ouvert, transparent, pacifique et conforme à la Constitution de la RDC et au calendrier électoral.
Cependant, les conditions ne sont pas encore créées. Il existe un manque criant de dialogue entre les deux parties sur la tenue des concertations nationales. L'effort de réconciliation et la recherche du consensus sont diversement interprétés.
"L'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) demeure une équation à x inconnue pour Joseph Kabila, à l'occasion de la tenue de ce dialogue. Et le parti d'Etienne Tshisekedi est resté attaché aux résolutions 2018 et 2211 du Conseil de sécurité de l' ONU, ainsi qu'à l'accord-cadre, en s'accordant à une facilitation de la MONUSCO pour la tenue du dialogue politique, pour décrisper la situation politique née des élections du 28 novembre 2011", commente un observateur.
Si Joseph Kabila a tenté de rassurer le corps diplomatique, il n'a dit aucun mot sur la possibilité que la communauté internationale joue un rôle de médiateur dans ce dialogue, comme le réclame le premier parti d'opposition l'UDPS.