Le gouvernement burundais a reproché au Parlement européen d'avoir basé une résolution concernant le Burundi sur des rapports des activistes burundais qui, selon Bujumbura, recourent "à la manipulation et à la déformation de la vérité".
"Malheureusement, cette mentalité de recours à la manipulation et à la déformation de la vérité reste encore enracinée chez certains activistes de la société burundaise, et dont les rapports semblent avoir fortement influencé les députés européens dans les conclusions qui ont guidé la rédaction de leur résolution", a indiqué Philippe Nzobonariba, Secrétaire Général du Gouvernement et Porte-parole du Gouvernement burundais, dans un communiqué datant du 25 septembre.
Le 18 septembre, le Parlement européen a condamné, dans une résolution la détention du président de l'Association pour la Protection des Droits Humains et des Personnes Détenues (APRODH), Pierre-Claver Mbonimpa, demandant sa libération immédiate et inconditionnelle.
M. Mbonimpa est poursuivi depuis le 15 mai 2014 par la magistrature burundaise pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat à la suite de ses déclarations dénonçant l' armement et l'envoi en RDC de jeunes membres du Conseil National pour la Défense de la Démocratie-Forces pour la Défense de la Démocratie (CNDD-FDD, au pouvoir), dénommés "Imbonerakure" ( guetteurs), à des fins d'entraînements militaires.
Les députés européens demandent au gouvernement burundais de prendre des mesures pour contrôler la ligue des jeunes du CNDD-FDD et exigent aussi l'ouverture d'une enquête internationale indépendante.
Dans le communiqué du 25 septembre, le gouvernement burundais trouve paradoxal que le Parlement demande au gouvernement burundais de "s'immiscer dans le fonctionnement de la justice en libérant M. Mbonimpa comme si ce dernier était un prisonnier de conscience".
M. Mbonimpa est poursuivi par la justice pour "fabrication de fausses preuves" et non pour ses déclarations aux médias, rappelle le communiqué.
Le communiqué ajoute qu'il est incorrect de "lier l' emprisonnement de M. Mbonimpa à ses activités de défenseur des droits humains dans la mesure où l'exercice des activités des droits de l'homme ne soustrait aucun citoyen aux poursuites judiciaires en cas d'infraction".
A propos des allégations concernant l'armement et l'entraînement des jeunes Imbonerakure en RDC, le communiqué indique qu'elles ont été démenties par Kinshasa et par le rapport du 31 juillet 2014 du Secrétaire Général des Nations Unies, basé sur des investigations faites par la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC (MONUSCO).
"Le Burundi a, ces derniers mois, fait face à une vaste campagne de désinformation et de mensonges. Cela n'est donc pas étonnant que certains députés européens aient, dans leurs interventions, fait référence à certaines de ces rumeurs", souligne le communiqué.
Selon le communiqué, le gouvernement burundais invite les députés européens à se rendre constamment au Burundi pour se rendre compte de la réalité.