Selon les experts de la lutte contre le tabac, la Chine devrait tenir compte d'un nouveau rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé appelant à un renforcement de la réglementation sur les cigarettes électroniques.
Dans un rapport de l'OMS qui doit être débattu lors d'une conférence en qui aura lieu en octobre à Moscou, l'organisme chargé de la santé à l'ONU appelle à l'interdiction de l'usage en intérieur, de la publicité/promotion et de la vente aux mineurs de cigarettes électroniques sur un marché qui pèse 3 milliards de Dollars US dans le monde.
Gan Quan, Directeur pour la Chine de l'Union Internationale contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires, a déclaré : « Les acteurs chinois de la lutte contre le tabagisme devraient s'intéresser à cette nouvelle tendance et adopter davantage de règlements sur les e-cigarettes en Chine ».
Actuellement, la Chine ne possède aucune disposition régissant ces appareils, dont l'OMS a déclaré qu'ils constituent une menace à la santé publique.
Les cigarettes électroniques ne sont pas aussi populaires en Chine qu'elles le sont aux États-Unis et en Europe, mais « le produit est vendu sans restrictions, notamment en ligne, en Chine », a-t-il dit.
Plus de 70% des e-cigarettes et des dispositifs similaires utilisés dans le monde sont fabriqués en Chine, a-t-il ajouté.
La cigarette électronique, ou e-cigarette, inventée en 2003, utilise des cartouches alimentées par des piles pour produire une vapeur aromatisée, avec ou sans nicotine.
Ce produit connait un grand succès en Occident, car les interdictions de fumer existantes n'ont pas encore touché ce produit, a dit M. Gan.
Douglas Bettcher, directeur du département des maladies non transmissibles de l'OMS, a déclaré lors d'une conférence de presse qui a eu lieu cette semaine à Genève que l'on manque encore de preuves scientifiques à long terme pouvant venir à l'appui de la sécurité du produit et que certains craignent que les cigarettes électroniques soient susceptibles de conduire à une dépendance à la nicotine et à l'usage du tabac.
« Le rapport constate, tout au moins à ce moment, qu'il n'y a pas suffisamment de preuves pour conclure que les cigarettes électroniques aident leurs utilisateurs à cesser de fumer », dit-il.
D'accord avec ce point de vue, M. Gan a ajouté que China Tobacco, société publique qui détient le monopole sur le tabac en Chine, a conclu un partenariat avec une autre entreprise chinoise pour développer un produit similaire conçu par elle-même.
Dans le même temps, en Chine, l'industrie n'a pas encore ressenti l'impact du rapport de l'OMS.
An Hui, Directrice des ventes chez Prius Biological Technology (Hunan) Co, estime pour sa part que les effets du rapport de l'OMS ne seront pas immédiatement évidents.
La société, créée en 2005, est spécialisée dans la production et la vente de liquide et exporte la plus grande partie de ses produits aérosols électroniques vers les États-Unis, le Royaume-Uni et d'autres pays européens.
« Les cigarettes électroniques occupent encore une part relativement faible du marché, même si cette industrie a connu une croissance très rapide. Il est encore trop tôt pour dire à quel stade l'OMS trouvera l'industrie avec cette nouvelle initiative », a-t-elle dit.
« En ce qui concerne l'interdiction de vendre des cigarettes électroniques aux adolescents, cette mesure aura peu d'impact sur les fabricants, car il est déjà illégal de vendre des cigarettes aux mineurs sur de nombreux marchés, dont la Chine. Mais si nous songeons à une interdiction d'une autre manière, je pense que cela encouragera les autorités chinoises à proposer des règlements concernant le marché chinois de la cigarette électronique, actuellement non réglementé ».