Dernière mise à jour à 16h05 le 30/08
Chongqing, une ville de plus de 32 millions d'habitants située dans le sud-ouest de la Chine, a fait face à un test sans précédent cet été, avec une vague de chaleur et une sécheresse provoquant une série de grands incendies de forêt depuis le 17 août.
Les résidents locaux ont protégé leur ville natale de toutes les manières possibles, avec des milliers de volontaires de tous horizons combattant les incendies aux côtés des professionnels.
Sous un soleil de plomb, certains habitants ont utilisé des scies à chaîne pour abattre des arbres afin de fabriquer des pare-feu. D'autres ont conduit des motos sur des sentiers nouvellement formés pour emmener les pompiers et les fournitures sur une montagne, tandis que certains volontaires transportaient à pied de la nourriture et des boissons sur le dos. De leur côté, les femmes et les enfants ont aidé à organiser les fournitures et à nettoyer le terrain, et ont effectué d'autres tâches essentielles.
Des volontaires font passer des fournitures sur le mont Jinyun. (Photo / China Daily)
Le 25 août soir, alors que les incendies de forêt s'approchaient d'une barrière artificielle sur le mont Jinyun dans le district de Beibei, un total de plus de 1 000 pompiers et volontaires se tenaient le long de la barrière avec des extincteurs. Vu d'en haut, leurs lumières formaient comme un mur d'argent contre la ligne de feu déchaînée.
Les histoires des résidents ont touché beaucoup de monde. « Les habitants de Chongqing sont vraiment incroyables », a ainsi déclaré Du Hailang, directeur de l'Association de sauvetage d'urgence de Beijing, une ONG fondée en 2007 qui a participé à de nombreuses opérations de sauvetage à l'étranger. Avec 10 autres membres de l'association, il a rejoint l'équipe de pompiers de Chongqing la semaine dernière. « Le mur artificiel était incroyable, mais impressionnant. Il montrait vraiment la détermination du peuple chinois à défendre sa patrie », a-t-il déclaré.
De son côté, Zou Yu, du Bureau de gestion des urgences de Chongqing, a déclaré lors d'une conférence de presse que le 26 août matin, les incendies de forêt dans la ville avaient été éteints et que des efforts étaient déployés pour empêcher que de nouveaux n'éclatent, ajoutant que Chongqing a été témoin de plusieurs incendies de forêt cet été en raison de la pire vague de chaleur et de la sécheresse depuis 1961, lorsque de telles statistiques furent enregistrées pour la première fois.
« La ville a connu des températures locales record, celles du district de Beibei atteignant 45° C. Les températures à Chongqing ont même été supérieures à 40° C pendant 15 jours à la date du 25 août. 31 des 38 districts et comtés au total ont connu une chaleur et une sécheresse persistantes ainsi que de faibles précipitations, avec 70% de précipitations en moins que la moyenne enregistrée », a-t-il expliqué.
Le gouvernement local a quant à lui mis en place un quartier général de secours contre les incendies de forêt, organisé des forces professionnelles locales et des équipes de lutte contre les incendies de forêt des provinces voisines du Yunnan, du Gansu et du Sichuan, et plus de 20 000 cadres, milices et volontaires du Parti et du gouvernement pour combattre les incendies, a enfin noté M. Zou.
Un site populaire
Le mont Jinyun est l'un des espaces extérieurs les plus appréciés des habitants de Chongqing. Situé dans les gorges de Wentang le long de la rivière Jialing et connu pour ses nuages roses, la montagne forme une barrière naturelle avec la zone urbaine. Dans les temps anciens, elle était connue sous le nom de Mont Ba. Les magnifiques paysages de la montagne ont attiré de nombreux poètes et son nom est souvent apparu dans leurs œuvres.
Avec une couverture forestière de 96,6%, la réserve naturelle du mont Jinyun abrite une riche diversité d'espèces. Elle possède un paysage forestier subtropical à feuilles persistantes bien préservé et un écosystème relativement stable.
Le feu de forêt qui a éclaté à Jinyun le 21 août a constitué une menace pour tout le monde à Chongqing.
Les motocyclistes s'approvisionnent en première ligne de l'incendie. (Photo / China Daily)
Chen Yiyong, qui dirige une usine de sculpture sur bois à Beibei, est expérimenté dans l'utilisation de scies à chaîne. Il s'est immédiatement engagé à abattre des arbres après avoir reçu un avis de recrutement du gouvernement local. Accompagné de deux ouvriers, tous dans la quarantaine, il a emmené des scies à chaîne et s'est dirigés avec eux vers la montagne. « Beibei est ma région d'origine et je dois la protéger », a-t-il déclaré.
Les motos ont emmené le trio à mi-chemin de la montagne, avant qu'ils finissent en grimpant pendant près de deux heures pour atteindre le chantier. Leurs vêtements étaient trempés de sueur.
M. Chen a raconté : « Le feu se rapprochait, mais nous étions si anxieux que nous avons oublié à quel point nous étions fatigués, et c'est la même chose pour la chaleur. Nous avons continué à abattre des arbres et avons fait de notre mieux pour aider à construire des barrières artificielles ».
À leur grande surprise, on leur a offert des boissons fraîches et même de la crème glacée ainsi que des soins médicaux rapides sur la montagne, grâce aux efforts des bénévoles. « Nous n'avions pas à nous inquiéter et nous avions plus qu'assez de fournitures », a-t-il dit.
Il a ajouté que bien que les volontaires se soient rendus sur les lieux individuellement, ils ont suivi les conseils du quartier général des secours. « La solidarité, c'est le pouvoir. Nous pouvons tout conquérir si nous nous unissons », a-t-il souligné.
Chongqing, un pôle industriel traditionnel, est célèbre pour son industrie automobile et est connue comme la capitale chinoise de la moto. L'une des rares grandes villes du pays à accueillir les motos, elle accueille chaque année un salon national de la moto, qui attire des motards de tout le pays.
Rien d'étonnant donc que, face à la montagne escarpée et aux routes non goudronnées, les motocyclistes de Chongqing aient joué un rôle clé dans le transport des pompiers et des fournitures. Portant des paniers de bambou sur leur dos, ils étaient surnommés « les cavaliers de paniers de bambou ». La plupart d'entre eux -des hommes dans la vingtaine- venaient de différents horizons, tels que des livreurs, des hommes d'affaires et des enseignants.
En raison des conditions de sauvetage difficiles, la plupart des femmes et des moins de 18 ans travaillaient quant à eux dans des stations d'approvisionnement et de rassemblement au pied de la montagne. Ils ont trié et réparti toutes sortes de fournitures. Après l'extinction de l'incendie le 27 août, ils sont montés dans la montagne pour ramener les ordures.
Shen Tongcheng, 15 ans, entrera au lycée le mois prochain. Son père s'est porté volontaire comme opérateur de scie à chaîne travaillant sur la montagne, tandis qu'avec sa sœur aînée, le jeune homme a commencé le 26 août à ramasser les déchets au poste de secours. « J'ai voulu faire quelque chose pour contribuer après avoir vu des petits enfants, probablement des élèves du primaire, ramasser des ordures au poste de secours », a-t-il dit.
Le travail remarquable des bénévoles et l'accueil des riverains ont impressionné les pompiers. Ainsi de Bai Xueguang, des pompiers de la forêt de Gansu, qui a déclaré : « Je n'aurais jamais imaginé que j'aurais des sucettes glacées et des boissons fraîches sur un site de secours en cas d'incendie ».
Zhou Hongyu, des pompiers de la forêt du Yunnan, a pour sa part déclaré que tous les volontaires qu'il a rencontrés sur les lieux lui ont demandé s'il avait besoin de quelque chose. « C'était la première fois que je prenais une moto pour atteindre une scène d'incendie. Nous apprécions vraiment l'hospitalité des habitants. Leur soutien a été formidable », a-t-il déclaré.
Une aide internationale
L'incendie sur le mont Jinyun a attiré l'attention de la communauté internationale sur Chongqing.
Le 23 août, un jour après le déclenchement de l'incendie, Francis Stonier, 42 ans, originaire des États-Unis et professeur associé au département d'éducation de l'Université du Sud-Ouest, située au pied de la montagne, s'est inscrit dans l'équipe de tronçonneurs pour aider à créer des barrières coupe-feu. Avec ses collègues de l'université, ils ont vérifié et ajusté une cinquantaine de tronçonneuses, qui ont été livrées aux pompiers et aux secouristes avant d'être emmenées en montagne par des motocyclistes volontaires pour abattre des arbres.
Les pompiers de la province voisine du Yunnan se sont rendus le 25 août sur les lieux de l'incendie à Chongqing (sud-ouest de la Chine). (Photo / China Daily)
L'histoire de Francis Stonier a impressionné Yasir Cheena, un homme d'affaires pakistanais de 31 ans vivant à Chongqing. « Je suis une personne de plein air et très proche de la nature. Quand j'ai entendu parler de l'incendie, j'étais si triste », a-t-il confié. Après avoir vu des séquences vidéo de Francis Stonier faisant du bénévolat sur les lieux de l'incendie, Yasir Cheena a demandé à ses amis chinois comment il pouvait devenir lui aussi volontaire.
Le 27 août, des centaines de personnes étaient encore occupées à terminer leur travail sur les lieux de l'incendie de Beibei, où elles surveillaient les cendres et enlevaient les déchets de la montagne à des températures encore supérieures à 40° C.
Yasir Cheena a rejoint un groupe de volontaires locaux de 60 personnes le matin pour transporter de l'eau en haut de la montagne pour les pompiers et les bénévoles gardant les sites d'incendie.
Vêtu d'un gilet jaune et d'une serviette imbibée d'eau sur le cou pour se rafraîchir, il a travaillé pendant environ six heures à transporter de l'eau dans un grand sac à dos. Il a été profondément impressionné par les efforts des résidents locaux. « J'ai rencontré des gens qui n'aiment pas trop la vie en plein air et qui ne sont pas très sportifs, mais ils ont tous participé à l'effort de sauvetage et ont fait de leur mieux pour aider », a-t-il raconté, ajoutant « c'était assez incroyable et plutôt surprenant pour moi de voir autant de jeunes volontaires ».
Un motocycliste français, nommé uniquement Jeremy par les médias locaux, a quant à lui transporté des extincteurs, de l'eau et des fournitures médicales dans la montagne. « Je suis ici jour et nuit depuis trois jours », a-t-il déclaré le 26 août dans une vidéo sur la plateforme de médias sociaux Douyin. « Je rentre chez moi et je dors quatre à cinq heures, puis je reviens ». Le Français, qui est en Chine depuis environ neuf ans, vit à Beibei. Il aime faire de la randonnée sur le mont Jinyun avec sa famille et a déclaré aux médias locaux que la montagne est comme un vieil ami et qu'il espère qu'elle pourra bientôt se remettre des incendies.