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Les « médecins aux pieds nus » préservent la santé des villageois

le Quotidien du Peuple en ligne | 15.11.2021 16h02

Les « médecins aux pieds nus » étaient des agriculteurs qui avaient reçu une formation médicale minimale pour répondre aux besoins médicaux de base de la vaste population rurale de la Chine entre les années 1960 et 1980.

« Dans les années 1950 et 1960, il n'y avait pas de médecin dans notre village », se souvient M. Ma Wenfang, originaire du village de Liuzhuang, dans le comté de Tongxu de la province Henan (centre de la Chine).

La mère de M. Ma est morte de la typhoïde à l'âge de 32 ans. Son jeune frère de 8 ans a également succombé à la maladie en moins de deux mois. Après avoir vu ses proches mourir, il a décidé de devenir médecin.

Ma Wenfang mesure la tension artérielle d'un patient le 6 janvier 2013. (Photo/China News Service)

Les statistiques montrent qu'en 1964, environ 70% des médecins professionnels étaient basés dans les villes -où vivait 10 % de la population nationale- tandis que 30% des médecins travaillaient dans les campagnes, où résidait plus de 90% de la population.

En 1965, le président Mao Zedong a ordonné aux autorités sanitaires de « déplacer le centre d'intérêt du travail médical et sanitaire vers la campagne » et de « cultiver un grand groupe de médecins dans les zones rurales pour servir les agriculteurs ».

C'est ainsi qu'un programme pilote visant à former des agents de santé ruraux a été lancé à Shanghai où le premier groupe de « médecins aux pieds nus » du pays a été constitué après une formation de quatre mois. Le modèle s'est rapidement répandu dans tout le pays. À la fin de 1975, on comptait plus d'1,5 million de « médecins aux pieds nus » dans le pays.

Diplômé d'un collège en 1967, Ma Wenfang a suivi une formation médicale en tant que « médecin aux pieds nus ». Il a appris la médecine occidentale, notamment l'anatomie et la physiologie, ainsi que la médecine traditionnelle chinoise, comme les herbes médicinales et l'acupuncture.

Selon M. Ma, les « médecins aux pieds nus » s'occupaient principalement des maladies légères et courantes telles que le rhume et la fièvre, tandis que les patients souffrant de maladies graves devaient être transférés dans les hôpitaux.

Comme la plupart des agriculteurs n'avaient pas les moyens de se payer des médicaments occidentaux, ils comptaient principalement sur les herbes médicinales qu'ils cultivaient eux-mêmes pour guérir les maladies. M. Ma réduisait également des herbes en poudre et fabriquait lui-même des pilules. Il a gagné la confiance des patients grâce à son dévouement et à son travail acharné.

Dans les années 1960, le paludisme sévissait dans les zones rurales, mais les villageois en avaient peu connaissance. Ma Wenfang a rendu visite à quelque 360 foyers du village, un par un, pour les sensibiliser au paludisme. Lorsque des villageois refusaient de prendre le médicament anti-paludisme, il les persuadait et veillait à ce qu'ils le prennent sur place.

M. Ma se souvient que les routes rurales étaient accidentées à l'époque. Sans bicyclette, il devait se rendre à pied au domicile des patients. Un jour, lorsqu'il était en train de voir un patient, sa femme a commencé à accoucher. Il est arrivé de justesse à la maison pour aider à l'accouchement. Aujourd'hui encore, M. Ma se sent honteux envers sa famille pour son absence dans des moments si importants.

Avec la disparition du système des communes populaires, le système médical coopératif rural et les médecins aux pieds nus ont perdu leur soutien institutionnel et économique.

L'appellation « médecin aux pieds nus » a été officiellement abolie en 1985. Beaucoup ont pris leur retraite. Certains ont changé de profession ou ouvert des cliniques privées. D'autres sont devenus des praticiens autonomes, toujours sous le nom de « médecins aux pieds nus ». Ils ont amélioré leurs compétences professionnelles par la formation et l'auto-apprentissage, et étaient toujours accueillis par les villageois dans les années suivantes.

Dans les années 1990, M. Ma a dit avoir vu plus de 150 patients par jour à ses moments les plus chargés. Après avoir mis de côté une partie de ses revenus pour les dépenses familiales, il utilisait le reste pour soigner les villageois et vacciner les enfants issus de familles pauvres.

Au milieu des années 1990, les zones côtières de l'est de la Chine ont connu un décollage économique, et la main-d'œuvre rurale s'est mise à la recherche de salaires plus élevés. Les cliniques de village, avec leurs installations vétustes et à un manque d'équipement, n'attiraient plus les patients qui étaient de plus en plus enclins à se rendre dans les grands hôpitaux.

Depuis 2008, M. Ma a visité plus de 300 villages dans sept provinces. Il a constaté que les agents de santé ruraux vivaient avec des salaires de misère. Dans certains villages, il n'y avait aucun médecin rural. M. Ma était inquiet. « Avec une subvention de quelque 1 000 yuans par mois, qui voudrait être médecin rural ? », a-t-il dit.

(Rédacteurs :Ying Xie, Yishuang Liu)
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