Une troupe d'art de l'ethnie Tujia apporte contribue au développement d'un village

Tandis que ses élèves vêtus de couleurs vives chantent des chansons folkloriques et offrent aux touristes de l'alcool de riz fait maison, Gong Guimei, 83 ans, aime regarder et fredonner. Mme Gong, membre de l'ethnie Tujia, vit dans le village de Matouxi, dans les montagnes du nord-ouest de la province du Hunan. Une des rares personnes âgées du village à pouvoir encore exécuter des danses et des chants traditionnels Tujia, elle a créé une troupe d'art villageoise il y a sept ans.

Si sa région est riche en beautés naturelles, son terrain accidenté signifie cependant que son village pauvre souffre d'un manque de moyens de transport et de terres arables. « De nombreux jeunes sont partis travailler dans les villes », a dit Mme Gong. « De nos jours, les villageois chantent et apprennent rarement les chansons Tujia. Au début, je n'arrivais pas à trouver les bons étudiants à qui transmettre cet art ».

De son côté, Zheng Minghua, le secrétaire du Parti du village, a confié que c'est en 2011 qu'il a réalisé que « la culture de Tujia est la perle du village et que nous devons la protéger pour nous développer ». Il a en conséquence encouragé les villageois à se joindre à la troupe d'art de Mme Gong en leur disant : « Notre village est aujourd'hui laissé pour compte. Nous devons chanter notre village à haute voix et nous promouvoir nous-mêmes ».

Gong Guimei n'a pas tardé à recruter des membres, à diriger des spectacles et à former des membres de la troupe, prenant seulement quelques jours de congé pour la récolte du riz. « Notre motivation est de tirer parti de notre culture pour offrir un meilleur avenir à notre village et à nos vies », a-t-elle déclaré.

En 2014, le gouvernement du district de Zhangjiajie à Yongding, de qui dépend le village, a annoncé des mesures visant à soutenir l'économie distincte en combinant culture et tourisme. L'année suivante, une équipe de travail est arrivée à Matouxi pour aider les résidents à lutter contre la pauvreté et le développement du tourisme rural s'est accéléré.

Les membres de la troupe d'art expriment leurs sentiments par le biais de chants et de danses inspirés de leur quotidien, comme le travail agricole. Les chants et les danses constituent un moyen intéressant pour les touristes chinois et étrangers d'en apprendre davantage sur le village.

« Notre village est magnifique et les touristes sont les bienvenus », chante la chorale, exprimant son bonheur et son hospitalité aux visiteurs.

Le boom du tourisme a également incité des villageois à revenir chez eux. Ainsi de Zhang Huarong, chanteuse principale de la troupe d'art, qui est revenue l'an dernier pour apprendre la langue et les chansons Tujia. « Je suis revenue parce que mon village natal s'est développé », a-t-elle dit. « Je veux apporter ma force à l'avenir de mon village ».

Aujourd'hui, on peut à nouveau entendre les chansons Tujia dans tout le village. La troupe d'art se produit tous les jours et le revenu quotidien de Zhang Huarong peut dépasser 300 yuans (45 dollars) en haute saison.

« Ils sont très concentrés sur chaque spectacle malgré la chaleur torride », a de son côté noté Tian Haowen, un peintre qui a passé quelques mois dans le village. « Les habitants partageaient souvent de l'eau et des cacahuètes avec moi. J'ai été impressionné par l'hospitalité des Tujia ».

Matouxi a reçu environ 150 000 touristes l'année dernière et le revenu par habitant des villageois est passé de 1 890 yuans en 2014 à 5 350 yuans.

La culture ethnique locale attire les touristes et l'industrie touristique en pleine croissance offre une opportunité pour la conservation de la culture et des compétences qui autrement auraient pu être perdues. « En s'appuyant sur notre patrimoine et la promotion de notre propre culture pour vivre une vie meilleure, tous les membres de la troupe sont très motivés », a conclu Zhang Huarong.