Dernière mise à jour à 14h25 le 18/03

Page d'accueil>>Société

La politique de deux enfants créera-t-elle un nouveau dividende démographique en Chine ?

Xinhua | 18.03.2017 10h28

Dès le début de cette année, les quartiers résidentiels de la capitale chinoise ont vu de nombreux agents immobiliers faire visiter des logements à des clients inquiets, alors qu'une nouvelle hausse des prix de l'immobilier touche les métropoles du pays, dont Beijing, Shanghai et Shenzhen.

De 2016 à 2017, la recherche de logements dans de bons quartiers, garantissant l'admission des enfants dans des écoles primaires correctes, a été accusée d'être responsable de cette folie des ventes immobilières, dans un pays en pleine application de sa politique de deux enfants. Depuis le 1er janvier 2016, chaque couple chinois en âge de procréer est autorisé, voire encouragé, à avoir deux enfants, après l'abandon de la politique de l'enfant unique introduite dans les années 1980.

Un baby-boom devrait arriver dans les prochaines années. Selon les chiffres du Bureau d'Etat des statistiques (BES), 17,86 millions de naissances ont été enregistrées l'année dernière dans la partie continentale de la Chine, soit 1,31 million de plus qu'en 2015. Parmi ces bébés, 45% étaient le deuxième enfant d'une famille. La province du Shandong (est) a décroché le titre de champion en matière d'augmentation de sa population, avec un taux de naissance du deuxième enfant dépassant 63%.

Ce phénomène coïncide à la fois avec un vieillissement accéléré de la population, qui devrait compter 25% de personnes de 60 ans ou plus en 2030, et un ralentissement de la croissance de la deuxième économie mondiale, avec un objectif d'augmentation du PIB à environ 6,5% cette année, soit le niveau le plus bas ces dernières années.

Le miracle de l'économie chinoise, illustré par une croissance à deux chiffres pendant plus de 20 ans, était basé sur un dividende démographique.

La Chine doit sa réputation d'"usine du monde" à ses nombreux ouvriers travaillant pour de bas salaires dans les secteurs de la transformation, qui ont permis à des entreprises étrangères pendant une vingtaine d'années d'engranger des profits considérables. En outre, les consommateurs du monde entier ont bénéficié de produits "fabriqués en Chine" à petits prix.

Ce même pays est cependant confronté à un manque de main-d'oeuvre dans les régions développées de l'est et du sud depuis 2010. Selon un reportage de CCTV, la chaîne de télévision centrale chinoise, datant de 2014, utiliser des machines pour remplacer les ouvriers est désormais à la mode dans le delta de la rivière des Perles, dans la province méridionale du Guangdong, région manufacturière spécialisée dans les produits industriels. Ce changement permet à chaque usine d'économiser en moyenne 300.000 yuans (43.478 dollars) par mois.

Tang Min, conseiller auprès du Conseil des Affaires d'Etat, a noté, lors d'un forum sur les opportunités de développement de la nouvelle génération de travailleurs migrants organisé en novembre 2016 à Beijing, que 70% des emplois actuels seraient amenés à disparaître.

Paradoxalement, le pays compte un grand nombre de jeunes diplômés d'un master, ou même d'un doctorat, alors que les usines ont une grande difficulté à embaucher des techniciens compétents, a constaté Yang Jin, chef de l'Institut de recherche sur l'éducation professionnelle relevant du ministère de l'Education. Il a critiqué, à l'occasion du même forum, le système éducatif actuel pour son incompatibilité avec le marché du travail.

Le plan stratégique "Fabriqué en Chine 2025", lancé par les autorités centrales en mai 2015, vise à restructurer les industries chinoises, notamment afin de fabriquer des équipements et produits industriels haut de gamme. Réaliser cette ambition et parvenir à un développement socio-économique durable nécessitent une nouvelle génération qualifiée.

"Il faut se débarrasser de la peur d'un pays trop peuplé", a noté Liang Jianzhang, PDG du groupe Ctrip, l'une des plus grandes plates-formes touristiques chinoises.

Depuis dix ans, M. Liang ne cesse de faire entendre sa voix sur le problème du vieillissement de la population. Selon lui, la structure de la population chinoise en 2020 pourrait ressembler à celle du Japon en 1990, qui a souffert d'un important vieillissement.

L'élément démographique et l'innovation décideront la perspective future de l'économie chinoise, a-t-il indiqué, ajoutant que le système éducatif, les services sanitaires et le soutien politique étaient loin d'être compatibles.

La politique de deux enfants ambitionne certes de créer un nouveau dividende démographique dans le pays, mais il reste encore un long chemin à parcourir.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
Partez cet article sur :
  • Votre pseudo
  •     

Conseils de la rédaction :