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Une jeune Pakistanaise brûlée vive par sa mère pour avoir choisi un mari ne plaisant pas à sa famille

le Quotidien du Peuple en ligne | 12.06.2016 09h27

La tragique histoire de Zeenat Rafiq, 17 ans, est encore plus terrible du fait des liens familiaux unissant la victime à son bourreau : incitée par tromperie par sa mère à rentrer chez elle quelques jours après qu'elle se soit enfuie et ait épousé son petit ami sans la permission de sa famille, Zeenat n'en est pas ressortie vivante. À son arrivée, sa mère l'a aspergée d'essence et mis le feu. Sans éprouver la moindre honte ni le moindre remords pour son crime, la mère a en plus bruyamment proclamé que sa fille a été tuée parce qu'elle avait déshonoré sa famille.

Les Rafiq sont des Pendjabis, et le mari de Zeenat, Hassan Khan, est un Pachtoune, ce qui au Pakistan n'est pas sans importance. Hassan et Zeenat étaient mariés seulement depuis quatre jours quand la promesse d'une cérémonie de mariage correcte par sa mère et les assurances d'un oncle en qui elle avait confiance ont induit la jeune mariée à rentrer chez elle. Elle avait hélas eu raison d'avoir peur. Ces soi-disant « crimes d'honneur » ont acquis une triste notoriété internationale. Il y a quatre mois, le Premier ministre du Pakistan, Nawaz Sharif, a promis de changer une loi qui permet aux membres de la famille de « pardonner » un assassin, ce qui en l'Etat retire à l'Etat la capacité de poursuivre. Aujourd'hui encore, si la famille est d'accord pour dire que la jeune fille a jeté l'opprobre sur sa famille, l'affaire est effectivement rejetée.

La loi est encore en vigueur aujourd'hui, malgré les promesses de Nawaz Sharif. Plusieurs centaines de jeunes Pakistanaises sont tués par leurs familles chaque année dans des « crimes d'honneur ». L'assassinat de Zeenat est le troisième incident à avoir reçu une attention à l'échelle nationale et même plus ces derniers mois. La semaine dernière, une jeune fille de 19 ans a été lynchée et brûlée pour avoir refusé une proposition de mariage, et, le mois dernier, une jeune fille de 16 ans a été tuée pour avoir aidé une autre jeune fille à s'enfuir. Dans ce dernier cas, la peine de mort a été prononcée par un conseil tribal local, qui avait estimé que la fugue portait atteinte à la réputation du village. Peu de temps après que l'histoire ait fait les manchettes nationales, et même internationales, 15 membres du conseil ont été arrêtés, de même que la mère et le frère de la jeune fille.

Avec le « pardon » échappatoire faisant encore partie de la loi pakistanaise, de nombreux crimes d'honneur demeurent non poursuivis. La difficulté à laquelle Nawaz Sharif fait face en tentant d'abroger ce terrible échappatoire est que celui-ci découle de la charia –la loi islamique- et est soutenu par des groupes religieux conservateurs du pays. Malgré cela, le Premier ministre pakistanais a déclaré qu'il était « totalement contraire à l'islam ». Ces remarques n'ont cependant pas manqué d'étonner certains observateurs, car, dans le passé, il a défendu la rigoureuse loi de la charia.

 

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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