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La détresse des femmes d'homosexuels en Chine

Xinhua | 15.04.2016 08h15

Sun Wenlin et Hu Mingliang, un couple d'homosexuels, ont perdu le 13 avril leur procès pour avoir le droit de se marier. Le tribunal populaire du district de Furong, dans la ville de Changsha de la province chinoise du Hunan (centre), qui statuait sur la première affaire du pays concernant le mariage homosexuel, a débouté les deux hommes.

Le couple a décidé de faire appel et de poursuivre sa bataille pour faire valoir son droit au mariage.

Parallèlement, le pays compte quelque 16 millions de familles au sein desquelles l'homosexualité de l'époux n'était pas connue de sa femme avant le mariage.

Ce n'est qu'après la naissance de son enfant que Liu Siqi a découvert l'homosexualité cachée de son mari, alors que celui-ci appelait le nom d'un homme dans son sommeil.

Elle a cherché sur Internet l'expression "femmes d'homosexuels", un concept qui l'a emplie de détresse. Sans querelle, le mari a reconnu tout de suite son homosexualité. Liu Siqi a écrit une ultime lettre et l'a postée sur un forum homosexuel sur Internet. Elle a ensuite voulu avoir une dernière conversation avec son mari avant de sauter par la fenêtre.

Heureusement, cette histoire s'est conclue par la formation d'un groupe de discussion pour "femmes d'homosexuels" par Liu Siqi. Depuis dix ans, ce groupe ne cesse de croître et tente d'aider davantage de femmes partageant ce sort.

Une équipe de recherche travaillant dans le domaine homme et société à la faculté des sciences humaines de l'Université de l'industrie de Harbin, capitale de la province du Heilongjiang (nord-est), a étudié pendant trois ans 173 femmes d'homosexuels. 75% d'entre elles ont moins de 35 ans. Parmi ces 173 femmes, 90% ont connu des violences familiales et 30% n'ont pas de rapports sexuels. Elles sont seulement 30% à avoir choisi le divorce.

Comme Liu Siqi, la plupart de ces femmes sont tombées sans en avoir conscience dans une vie conjugale purement nominale. Elles sont victimes de la mentalité traditionnelle, du système social et des règles de droit. Le silence, la tolérance face à un mari indifférent, le mariage sans rapports sexuels et même la menace du Sida, semblent être le destin commun de ces Chinoises.

Elles comprennent que les femmes d'homosexuels seront toujours les dernières victimes de cette situation, tant que la société chinoise n'acceptera pas l'homosexualité.

Xu Jie, professeur d'université, a divorcé de son mari il y a un an. Cette femme qui rêvait d'amour a rencontré le véritable amant de son mari un mois après leur mariage. "Il m'a demandé de lui rendre son homme", se rappelle-t-elle. Et son mari, de toute la durée de leur mariage, de l'a jamais vue dévêtue.

"Ma belle-mère a menacé de poignarder mon mari et de se suicider pour que nous ne divorcions pas", raconte Mme Xu. Pour elle, les parents tentent vainement de guérir ce qu'ils considèrent comme une "maladie" chez leurs enfants homosexuels.

Dans le bureau du professeur Zhang Beichuan, l'un des premiers universitaires à avoir étudié les femmes d'homosexuels en Chine, les boîtes aux lettres débordent de courriers rédigés par des homosexuels et leurs femmes.

M. Zhang note que ces femmes sont une population victime de souffrances et d'insultes. Derrière ce phénomène, c'est l'inacceptation de l'homosexualité par la société qui aboutit à une situation cruelle - les marginalisés contre les marginalisées.

"Ce que nous défions, c'est la mentalité la plus traditionnelle de la Chine, une culture basée sur la reproduction et deux sexes. Il faut prendre le temps de changer", indique Zhang Beichuan de manière optimiste.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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