Dernière mise à jour à 14h10 le 09/10

Page d'accueil>>Société

Avec mon ayi chinoise

La Chine au présent | 09.10.2015 14h08
Avec mon ayi chinoise
Loan Schwedler et son ayi chinoise, qu'elle a invitée en Allemagne pour sa remise de diplôme secondaire.

(Allemagne) LOAN SCHWEDLER*

La Chine a toujours été importante à mes yeux, notamment parce que ma mère est sinologue. Mais moi-même, je me suis passionnée pour ce pays.

Dès l'enfance, j'ai noué des liens forts avec la Chine. Chaque fois que ma mère s'y rendait pour son travail, elle m'emmenait avec elle. Donc tout petit déjà, j'y allais fréquemment. En 1995, à l'âge de 3 ans, je suis partie pour la première fois à Shanghai avec ma maman pour une période de six mois. Je fréquentais alors l'école maternelle au sein de l'université Tongji. Au quotidien, avec mes amis chinois, j'apprenais le mandarin, je faisais des jeux... Je me prenais pour une Chinoise, et d'ailleurs, mes camarades avaient bien vite oublié que j'étais Allemande. Ma mère avait engagé une ayi locale (« nounou », « femme de ménage » ou encore « tatie ») pour prendre soin de moi. Celle-ci venait me chercher à l'école tous les jours, me cuisinait des plats chinois et amenait parfois son petit-fils pour que nous puissions jouer ensemble.

À 6 ans, j'ai suivi ma mère à Xi'an, où là encore nous avons vécu six mois. Puis, en 2001, nous sommes retournées à Shanghai et nous avons engagé une autre ayi pour nous aider dans les tâches ménagères. Elle travaille pour nous depuis une dizaine d'années maintenant. À mon arrivée dans cette ville, j'avais déjà tout oublié en chinois. Ma mère étant très occupée, elle n'avait pas le temps de me donner des cours. C'est donc mon ayi qui m'a enseigné le chinois phrase par phrase, en gesticulant pour me faire comprendre. Aussi, l'été, malgré la chaleur accablante à Shanghai en cette saison, elle m'accompagnait aux leçons de croquis que je prenais deux fois par semaine.

La même année, mon ayi m'a invitée pour la première fois à venir chez elle à l'occasion de la fête des Enfants. Ma mère m'a déposée là-bas le matin, puis mon ayi et son mari m'ont emmenée faire du bateau dans le parc de Changfeng. Un autre jour, ils m'ont conduite à la piscine, bien que mon ayi ne sache pas nager et craigne quelque peu l'eau. J'étais très heureuse, parce que selon moi, ce geste était le signe de son affection pour moi.

Et les années se sont succédées ainsi... Comme les Chinois, je me demande parfois « Où est passé le temps ? » Aujourd'hui, mon ayi n'est plus toute jeune, mais pour moi, elle fera toujours partie de la famille. Elle disait souvent à ma mère : « On se connaît depuis tellement longtemps. On est de vieilles amies maintenant. On peut tout se dire, pas besoin d'y mettre les formes. »

À moi, elle me préconisait : « Luan (en chinois, je m'appelle An Luan), dépêche-toi de te marier et d'avoir un enfant. Comme ça, tu pourras me le laisser et je m'occuperai de lui. » En Allemagne, nous n'avons pas la même logique. Nous ne voulons pas avoir un enfant tôt. D'abord les études, ensuite le travail, et enfin, après 30 ans, le mariage. Mais j'espère que lorsque je deviendrai mère, mon ayi, qui a quasiment le même âge que ma mère, aura encore l'énergie pour garder mon chérubin.

Voilà donc ce qui caractérise mon histoire avec la Chine : ces doux sentiments qui ont bercé mon enfance. Aujourd'hui, j'étudie le chinois avec d'autant plus de motivation qu'avant car je rêve de trouver un bon poste en Chine et de vivre dans ce pays avec ma famille. Je voudrais donner à mon futur enfant cette chance de grandir à l'étranger. Il pourra alors découvrir la langue et la culture d'un autre pays, de même qu'il pourra, tout comme moi, faire la connaissance de nombreux amis chinois.

Tant que la sollicitude de mon ayi et le charme de la Chine persisteront, et tant que je maintiendrai mes ambitions et efforts personnels, cette belle histoire continuera...

 

*LOAN SCHWEDLER est étudiante à l'université Tongji de Shanghai.

(Rédacteurs :Yin GAO, Wei SHAN)
Partez cet article sur :
  • Votre pseudo
  •     

Conseils de la rédaction :