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France : les images de la perquisition houleuse au siège de la FI font polémique

Xinhua | 19.10.2018 08h26

Alors que le parquet de Paris a ouvert mercredi matin une enquête pour "menaces ou actes d'intimidation contre l'autorité judiciaire" et "violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique" à la suite des incidents qui se sont produits lors de la perquisition du siège de la France insoumise (FI), les images de cette fouille policière font polémique en France.

Sur la vidéo diffusée en boucle mercredi par les médias, on y voit les responsables de la FI, notamment Jean-Luc Mélenchon, exiger avec force l'accès à son siège qui est en train d'être fouillé par les policiers.

"Allez enfoncez-moi cette porte, on va voir s'ils vont m'empêcher d'entrer dans mon local", a lancé M. Mélenchon à ses militants. "On n'est pas des bandits ni des voyous, alors pourquoi vous m'empêchez d'entrer dans mon local ?", a-t-il ajouté en s'adressant aux policiers. Le ton est vite monté et il y a eu des altercations entre les responsables de la FI et les enquêteurs.

Ces images ont fait réagir les autorités, les syndicats et les politiques. Pour le Premier ministre Edouard Philippe, qui a réagi mercredi lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, ces images sont "d'une très grande violence à l'égard de fonctionnaires de police qui exerçaient leur mission".

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a aussi dénoncé des "images choquantes et inacceptables" qui, dit-elle, font "primer le coup de force sur la loi et le respect des procédures et démentir l'indépendance de la justice". Selon Mme Belloubet, cette perquisition s'est déroulée dans un cadre légal, car elle a été demandée par un procureur de la République et autorisée par un juge des libertés et de la détention.

Dans un communiqué, le nouveau ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a condamné "fermement les violences commises à l'encontre de magistrats et de fonctionnaires de police, dans le cadre de leurs missions". Les syndicats de police ont eu la même réaction.

Le syndicat Alliance police nationale a décidé de se constituer partie civile, et invité le ministre de l'Intérieur à porter plainte. En effet, "les intimidations verbales qu'on a pu constater lors de cette perquisition sont inadmissibles, notamment de la part d'un élu de la République", a déclaré mercredi sur BFMTV Jean-Claude Delage, secrétaire national d'Alliance police nationale. Linda Kebbab, déléguée nationale Unité SGP Police-Force ouvrière, a également qualifié sur France Info les images de la perquisition de "choquantes et révoltantes, indignes d'un élu de la République".

Mais les opposants, eux, pointent du doigt la forme de la perquisition et dénoncent le "deux poids deux mesures". "Ce qui pose problème, c'est la manière dont tout cela se passe. On a le sentiment de deux poids deux mesures, quand on se souvient des précautions qui ont été prises concernant la perquisition de M. Benalla", a dénoncé mercredi sur BFMTV Christian Jacob, président du groupe parlementaire Les Républicains (LR).

Sur son compte Twitter, Benoît Hamon, leader du mouvement Générations, fait aussi le parallèle avec l'affaire Benalla. "La mise en scène d'une opération policière contre un parti de l'opposition, la FI, est indigne de la part du pouvoir, qui avait plus d'égards pour M. Benalla", a-t-il écrit.

Les opposants relancent ainsi à travers cette affaire le débat sur la séparation des pouvoirs. Pour Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN), "on est en pleine violation de la séparation des pouvoirs" concernant cette perquisition. "Le parquet, qui n'est pas indépendant, a aspiré, par l'intermédiaire des procédures judiciaires, tous les mails et conversations téléphoniques des deux grands partis d'opposition que sont le Rassemblement national et la France insoumise", a-t-elle déclaré mercredi sur LCI.

A l'instar de l'opposition, la secrétaire générale du syndicat FO Magistrat, Béatrice Bruyère, a aussi appelé à un dialogue sur les équilibres du pouvoir et notamment sur le "statut du parquet". Car "la première victime dans cette affaire c'est la justice, parce que ce qui ressort, c'est qu'on serait à la botte du pouvoir politique", a indiqué la magistrate.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Gao Ke)
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