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Les universités américaines inquiètes de la baisse du nombre d'étudiants chinois

le Quotidien du Peuple en ligne | 12.10.2018 15h32

Le renversement de la tendance qui voyait de plus en plus de Chinois venir étudier aux États-Unis, en particulier au niveau premier cycle, suscite l'inquiétude des universités américaines en matière de revenus et de recherche universitaire.

Selon Rahul Choudaha, chercheur associé au Centre d'études sur l'enseignement supérieur de l'Université de Californie à Berkeley, depuis une décennie, le nombre d'étudiants chinois de premier cycle arrivant aux États-Unis avait connu une croissance constante et rapide. Mais à l'automne 2017, pour la première fois ces dernières années, leur nombre a diminué.

Certaines institutions, telles que les universités de l'Oregon et de l'Illinois, ont enregistré une baisse significative du nombre d'inscriptions d'étudiants chinois cette année, en particulier pour les programmes qui n'appartiennent pas à ce qu'on appelle les « STEM » (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques), a-t-il précisé.

D'après son analyse des données de la National Science Foundation, le nombre d'étudiants chinois de premier cycle dans des programmes n'appartenant pas aux sciences et à l'ingénierie a diminué de 1 920 à l'automne 2017 par rapport à l'automne 2016. Et le nombre total d'étudiants de premier cycle chinois aux États-Unis a diminué de 110 à l'automne 2017 par rapport à l'année précédente.

La baisse est significative du point de vue des tendances, estime M. Choudaha, vice-président exécutif pour l'engagement mondial et la recherche chez StudyPortals, une entreprise qui recrute des étudiants étrangers en ligne. « En 2006, le nombre d'étudiants chinois de premier cycle aux Etats-Unis s'élevait à 10 000. En 2016, ce nombre est passé à 142 000. Puis l'inverse a commencé à se produire », a-t-il déclaré.

De nombreux facteurs ont joué dans ce changement, parmi lesquels la rhétorique anti-immigrés et le climat peu accueillant, a souligné M. Choudaha. « L'élection du président américain Donald Trump a changé le discours sur l'idée dont les États-Unis sont accueillants en tant que nation, en particulier dans le premier cycle, où les familles prennent des décisions en fonction du choix des étudiants et de leur sécurité », a-t-il ajouté.

Les restrictions comprennent la limitation de la durée des visas pour les étudiants et universitaires chinois qui étudient et mènent des recherches dans certains domaines sensibles. Et selon un récent article du Financial Times, l'administration Trump a même également examiné, mais finalement rejeté une proposition visant à interdire l'entrée aux États-Unis de tous les étudiants chinois.

« Chaque fois qu'un visa est un problème, chaque fois que quelqu'un a l'idée que les Chinois ne sont pas les bienvenus aux États-Unis, à mon avis, c'est non seulement faux moralement, mais aussi économiquement stupide », a déclaré Robert Merges, professeur de droit à l'Université de Berkeley, lors d'une table ronde sur les relations américano-chinoises le 9 octobre dernier à Berkeley.

« Tous ceux qui veulent être ici et peuvent apporter une contribution devraient être les bienvenus. À une époque, c'était notre conviction fondamentale aux États-Unis. La position que l'on voit actuellement m'inquiète un peu », a-t-il dit, ajoutant que refuser des gens qui veulent apprendre et apporter une contribution était « une politique stupide » en termes économiques.

Shiyang Gong, avocat en droit de l'immigration basé dans la Silicon Valley, a quant à lui précisé que le renforcement des restrictions et le climat politique ont même obligé certains de ses clients à renoncer à demander un visa H-1B, qui permet aux entreprises américaines d'employer des travailleurs étrangers dans des métiers spécialisés.

« Tous les étudiants chinois veulent travailler aux États-Unis pour acquérir une certaine expérience, même s'ils envisagent de retourner en Chine après l'obtention de leur diplôme », a noté M. Gong. « Mais il y a beaucoup d'anxiété. La perte d'opportunités de travail pourrait influencer le choix des universités des futurs étudiants », a-t-il conclu.

La Chine est la plus grande source d'étudiants étrangers aux États-Unis. En effet, selon l'étude Open Doors publiée à la fin de l'année dernière, 350 755 étudiants chinois, soit environ 35% de tous les étudiants étrangers, étudiaient dans des universités américaines.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Wei SHAN)
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