Dernière mise à jour à 08h45 le 17/04
Selon les chiffres publiés dimanche par un groupe de surveillance, le nombre de morts dans un attentat à la bombe visant les personnes évacuées quittant les villes syriennes assiégées a atteint 126 personnes. D'après l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme, l'explosion a atteint samedi un convoi de cars qui transportaient des personnes qui quittaient leurs villes dans le cadre d'un échange entre le gouvernement et les rebelles. Au moins 109 des personnes tuées étaient des évacués des villages chiites pro-gouvernement d'Al-Fu'ah et Kafraya tandis que les autres étaient des travailleurs humanitaires et des rebelles assurant la protection du convoi, selon l'Observatoire syrien. Au moins 68 enfants ont été tués dans l'attaque de samedi.
Par ailleurs, d'après la Défense civile syrienne, également connue sous le nom de Casques blancs, en plus des décès, 55 autres personnes ont été blessées à Rashidin, une banlieue d'Alep. Le convoi de cars, en stationnement à l'heure de l'attaque, emportait des milliers de personnes de deux villages sous domination du gouvernement, mais assiégés par les rebelles dans le Nord-ouest de la Syrie. Dans le même temps, des gens évacuaient deux villes rebelles du Sud-ouest de la Syrie dans le cadre d'un accord dit des Quatre Villes. La vidéo diffusée sur la télévision d'État a montré des autobus carbonisés garés sur le côté d'une route, tandis que des gens marchaient à l'extérieur des bus, examinant les dégâts ainsi que les corps couchés sur la chaussée et la bande médiane de gazon.
L'Agence de presse arabe syrienne, dirigée par l'État, a de son côté signalé que le convoi a pu poursuivre sa route, et que les premiers cars sont arrivés samedi à Alep. Ils se sont ensuite dirigés vers la zone de Jebrin pour un centre de logement temporaire équipé de fournitures alimentaires et médicales. A l'heure actuelle, aucun groupe n'a revendiqué la responsabilité de l'attaque. Néanmoins, au cours d'une entrevue télévisée, Rami Abdul Rahman, directeur de l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme, a déclaré que l'auteur de l'attaque était un kamikaze prétendant apporter des produits alimentaires et qui s'est fait exploser dans une station d'essence. Les évacués avaient été autorisés à quitter leurs villages cette semaine dans le cadre d'un accord d'échange shiites-sunnites conclu entre le gouvernement syrien et les insurgés qui s'affrontent depuis six ans dans la guerre civile qui déchire le pays.
Dans le cadre de l'accord, les forces gouvernementales permettent à des milliers de rebelles et de civils de quitter deux villes du sud-ouest de la Syrie, Madaya et Zabadani. Madaya et Zabadani sont sous le contrôle des rebelles anti-gouvernementaux mais sont assiégés par les forces fidèles au Président Assad. Le régime syrien a accusé les « groupes terroristes », un terme utilisé par le pouvoir pour désigner rebelles et jihadistes. Cependant, l'influent groupe rebelle Ahrar al-Cham a nié toute implication des insurgés, signalant que certains de ses membres avaient été tués dans l'attaque. Le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, s'est quant à lui dit « horrifié » par cette attaque « monstrueuse et lâche », ajoutant que ses auteurs « ont fait preuve d'une indifférence éhontée pour la vie humaine ».