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Paris : la communauté internationale réaffirme son attachement à la solution à deux Etats

Xinhua | 16.01.2017 13h17

Les représentants de près de 70 pays, réunis dimanche à Paris dans l'espoir de relancer le processus de paix israélo-palestinien, ont réitéré dans une déclaration conjointe leur attachement à la solution à deux Etats, à cinq jours de l'investiture de Donald Trump à la Maison Blanche, qui fait planer de grandes incertitudes.

Les participants ont exhorté les deux parties à réitérer leur engagement en faveur de la solution à deux Etats et à "s'abstenir de toute mesure unilatérale qui préjugerait du résultat des négociations sur le statut final", en particulier sur la question des frontières ou le statut de Jérusalem.

Ils ont en outre réaffirmé "leur soutien au règlement juste, durable et global du conflit israélo-palestinien". "Ils ont rappelé que le seul moyen de parvenir à une paix durable était une solution négociée avec deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité", a indiqué dimanche soir le ministère français des affaires étrangères sur son site internet.

"Les participants ont souligné le potentiel pour les deux parties d'un accord de paix en matière de sécurité, de stabilité et de prospérité. Ils se sont déclarés prêts à déployer les efforts nécessaires pour parvenir à la solution des deux Etats, ainsi qu'à contribuer de manière substantielle aux arrangements visant à assurer la viabilité d'un accord de paix négocié, en particulier concernant les incitations politiques et économiques, le renforcement des capacités de l'Etat palestinien et le dialogue avec la société civile", ajoute le Quai d'Orsay dans son communiqué.

Le communiqué ne fait pas référence au projet controversé du futur président américain Donald Trump de transférer l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.

Le président élu a, pendant sa campagne, affiché une position très pro-israélienne, promettant de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël et d'y installer l'ambassade américaine, actuellement à Tel-Aviv. Une telle mesure représente une ligne rouge à ne pas franchir aux yeux des Palestiniens, qui menacent en retour de revenir sur leur reconnaissance d'Israël.

Une telle mesure serait "lourde de conséquences", a jugé dimanche le ministre français des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. Elle romprait en effet non seulement avec la politique historique de Washington, mais irait aussi à l'encontre de la position de l'ONU, pour qui le statut de Jérusalem, également revendiquée par les Palestiniens comme capitale de leur futur Etat, doit se régler par la négociation.

Le transfert de l'ambassade "(priverait non seulement) les Etats-Unis de toute légitimité à jouer un rôle dans la résolution du conflit, mais elle réduirait [aussi] à néant la solution des deux Etats", a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas au quotidien français Le Figaro samedi.

La proclamation de Jérusalem comme capitale d'Israël n'est pas acceptée par la communauté internationale, qui considère que Jérusalem-Est, occupé par Israël depuis la guerre des Six jours, fait partie des territoires d'un futur Etat palestinien, avec la Cisjordanie et Gaza.

Cette conférence de Paris, proposée par la France et fustigée par Tel-Aviv, qui l'a qualifiée d"imposture" et d'"insignifiante", avait avant tout valeur de symbole. Objectif affiché: réaffirmer solennellement que la solution des deux Etats, israélien et palestinien, est la seule voie possible pour régler l'un des plus vieux conflits au monde, et ce malgré l'absence des représentants des deux parties en conflit. Depuis la suspension en avril 2014 des dernières négociations de paix directes entre Israël et l'Autorité palestinienne, l'Etat hébreu refuse de participer à des discussions multilatérales.

Parmi les représentants des pays et organisations internationales rassemblés dimanche à Paris au Centre de conférence du ministère des Affaires étrangères se trouvaient la haute représentante de l'Union européenne (UE) pour la diplomatie, Federica Mogherini, une quarantaine d'autres ministres des affaires étrangères ou secrétaires d'Etat, des délégations de tous les pays du G20, de tous les membres du Conseil de sécurité, permanents ou élus, de tous les Etats de l'UE, de tous les membres de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique, ainsi que de quelques pays d'Amérique latine.

Si le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a finalement été remplacé par l'envoyé spécial des Nations unies pour le Moyen-Orient, Nikolaï Mladenov, John Kerry était bien présent, réalisant pour cette occasion son dernier déplacement en tant que secrétaire d'Etat américain. La participation de l'Américain était d'autant plus scrutée que les récentes déclarations de l'imprévisible Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, angoisse de nombreuses chancelleries.

Cette Conférence de Paris est le dernier acte d'une série de gestes remarqués sur la question israélo-palestinienne, dont le plus important s'est produit à l'ONU le 23 décembre dernier. Un mois avant son départ de la Maison-Blanche, le gouvernement de Barack Obama s'est en effet abstenu de voter sur une résolution condamnant la colonisation israélienne, pour la première fois depuis 1979, provoquant ainsi la colère de Donald Trump, qui avait appelé Washington à mettre son veto.

"Il n'est pas question de dicter aux parties les paramètres du règlement. [...] Seules des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens peuvent conduire à la paix, nul ne le fera à leur place", a déclaré le président français François Hollande dans son discours devant les participants à la conférence, dimanche, en début d'après-midi.

Mais "le monde ne peut pas, ne doit pas se résigner au statu quo", a-t-il insisté, en précisant que l'initiative lancée par la France "était d'abord une alerte".

"La solution des deux Etats, celle sur laquelle la communauté internationale s'était retrouvée depuis plusieurs années, apparaît menacée. Elle l'est physiquement, sur le terrain, par l'accélération de la colonisation, elle l'est politiquement par l'affaiblissement progressif du camp de la paix, elle l'est moralement par la méfiance qui s'accumule entre les parties et bien sûr qu'exploitent les extrémistes", a ajouté le chef de l'Etat français.

Lors d'une conférence de presse, dimanche, en fin d'après-midi, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a qualifié cette conférence de "main tendue aux parties" et de "contribution constructive, de bonne foi". "Vous pouvez compter sur la France pour qu'elle ne renonce pas, c'était le sens de cette conférence", a-t-il ajouté.

Plusieurs pistes ont été explorées, notamment sur l'économie au travers d'un "partenariat spécial avec l'UE", a précisé le chef de la diplomatie française, qui a également fait état d'un "travail de fond sur le rapprochement des sociétés civiles palestinienne et israélienne" et sur la "mobilisation internationale".

Le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, a accueilli favorablement dimanche soir les conclusions de la Conférence de Paris sur le Proche-Orient qui, selon lui, "a souligné la nécessité de mettre fin à l'occupation israélienne".

De son côté, Israël a estimé que la Conférence de Paris "éloigne" les perspectives de paix. "Cette conférence internationale et les résolutions de l'ONU ne font qu'éloigner les perspectives de paix, car elles encouragent les Palestiniens à refuser des discussions directes avec Israël", a déclaré le ministère des Affaires étrangères israélien à Jérusalem.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est quant à lui félicité d'un texte "équilibré", qui dénonce les actes et les incitations à la violence côté palestinien. Il a également confirmé qu'il avait parlé dimanche au téléphone avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour le "rassurer".

Le Royaume-Uni, favorable à des négociations bilatérales israélo-palestiniennes, a exprimé des "réserves" vis-à-vis du communiqué final et ne l'a pas signé, a indiqué le Bureau des affaires étrangères du pays dimanche soir. Un refus interprété par de nombreux observateurs comme la volonté de Londres de rester proche du prochain gouvernement américain.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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