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Le chaos des élections américaines, révélateur de la « maladie » des Etats-Unis

le Quotidien du Peuple en ligne | 08.11.2016 17h09

Le résultat des élections présidentielles américaines de 2016 sera bientôt connu, et il est certain que, que ce soit Donald Trump ou Hillary Clinton, ce que retiendra finalement l'histoire, ce ne sera pas une victoire de la démocratie, mais une des pages les plus « sales et troublées » des 200 ans d'élections aux États-Unis.

Lors des débats publics, les deux candidats n'ont pas fait dans la dentelle, recourant à des attitudes et des tournures de langage de la dernière vulgarité, que beaucoup d'Américains ont trouvé insupportables à regarder. On a ainsi vu tour à tour émerger les affaires des mails ou de la santé d'Hillary Clinton, ou celle du harcèlement sexuel concernant Donald Trump, ne cessant de surprendre et de semer le trouble ; l'ensemble de l'élection a presque été dominé par des attaques personnelles sans pitié quasi émotionnelles et extrêmes, ce qui a eu pour conséquence que les candidats ont eu les pires difficultés à se concentrer sérieusement sur les mesures de gouvernance et les politiques qu'ils pourraient proposer, et pour résultat que ces élections ont perdu leur sens originel et ont tourné à la farce...

Les élections présidentielles américaines de 2016 sont inhabituelles, en ce que les Etats-Unis sont « malades ». Tout d'abord, ils sont atteints d'une « maladie économique ». L'économie américaine est entrée sur la voie de la reprise, mais le grand public ne le ressent guère, et cette croissance économique repose encore principalement sur un assouplissement quantitatif et autres mesures de soutien monétaire, n'abordant pas les autres problèmes structurels, élargissant le fossé entre riches et pauvres, avec une atrophie de la classe moyenne et une jeune génération perdue. Les Etats-Unis sont aussi atteints d'une « maladie sociale ». En huit ans de mandat, Barack Obama n'a non seulement pas réussi à apaiser les conflits raciaux, mais au contraire, les contradictions ethniques intergénérationnelles, de sexe, régionales, de classe se sont manifestées à des degrés divers, provoquant de la colère, de l'anxiété, du pessimisme, et rendant populaire l'isolationnisme, le protectionnisme et le populisme, ce a permis l'ascension fulgurante de Donald Trump et d'arriver où il se trouve maintenant. Les Etats-Unis sont enfin atteints d'une « maladie politique ». La séparation des pouvoirs, les freins et contrepoids entre les deux grands partis furent à l'origine des concepts dont la « démocratie américaine » pouvait être fière, mais dont le développement jusqu'à aujourd'hui a tourné à une grave opposition entre les deux partis, à des conflits au sein de la Chambre des représentants et à une inefficacité gouvernementale ; cette polarisation et cette division politiques entre les différents côtés déchirent les États-Unis, non seulement déçoivent et fatiguent les gens, mais rendent également de nombreux politologues américains inquiets au sujet de l'avenir, de la « démocratie américaine ».

Ce qui explique fondamentalement la « Maladie américaine », c'est que, après la guerre froide, les États-Unis ont été incapables de développer les changements institutionnels nécessaires, conduisant à l'émergence de problèmes structurels au fil du temps, et à l'aggravation de la « petite maladie », qui est devenue une « maladie grave ». Tout le chaos et le mécontentement qui ont émergé à l'occasion des élections de 2016 ne sont en fait qu'une façon extrême pour les Américains de manifester leur mécontentement extrême face au statu quo.

Dans ce contexte, peu importe qui remportera la victoire, l'un comme l'autre devra faire face à des difficultés relatives à l'efficacité de la gouvernance. Quant aux autres gens du monde entier, ils sont surtout préoccupés, dans un contexte de conflit intérieur, par la future politique étrangère des États-Unis ; sera-t-elle plus modérée, plus agressive ou plus aventureuse ? Car après tout, la capacité d'action du Président des Etats-Unis est beaucoup plus grande en matière d'affaires étrangères qu'en matière d'affaires intérieures.

(Yuan Peng est directeur adjoint de l'Institut chinois de recherche sur les relations internationales contemporaines.)

 

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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