Dernière mise à jour à 08h33 le 25/08
Nicolas Sarkozy, qui a annoncé lundi sa candidature à la primaire des Républicains pour la présidentielle 2017, expose dans son nouveau livre-programme des positions en matière de sécurité très proches du Front national. Les thèses sécuritaires de son rival Alain Juppé, d'ordinaire plus mesuré, ont également été influencées par l'extrême droite. L'ombre de cette dernière se propage chez les candidats à l'élection présidentielle française. Un signe inquiétant.
Dans son nouveau livre ''Tout pour la France'', les thèmes de campagne de M. Sarkozy sont la sécurité, la laïcité, la lutte contre le terrorisme, l'identité et l'autorité. L'ancien président propose notamment de suspendre le regroupement familial, car ''la grande problématique de notre politique d'immigration est d'abord celle du nombre''.
Une autre idée de Nicolas Sarkozy -suspendre unilatéralement la liberté de circulation au sein de l'Union européenne- avait été approuvée en septembre dernier par plus de 95% des militants de son parti, rappelle le quotidien La Croix.
"Nicolas Sarkozy déroule un programme de rupture radicale, fait pour une bonne partie de mesures glanées (...) chez Marine Le Pen", dénonce Laurent Joffrin, directeur du quotidien Libération.
En ce qui concerne Alain Juppé, favori de la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017, certains thèmes de campagne sont également proches de l'extrême droite. En matière d'immigration, l'ex-Premier ministre veut durcir davantage les conditions du regroupement familial, dont il entend diminuer le nombre.
Dans son livre-programme "Pour un Etat fort", M. Juppé propose aussi d'interdire l'acquisition de la nationalité française à tout enfant né en France dont l'un des deux parents étrangers était alors en situation irrégulière à sa naissance.
La présidente du FN Marine Le Pen s'est en tout cas félicitée de voir que les idées proposées par la gauche et la droite pour lutter contre le terrorisme "étaient dans (son) projet de 2012: la déchéance de nationalité, la Garde nationale, la fermeture des mosquées salafistes, le moratoire sur les nouvelles mosquées financées par l'étranger".
La France traverse depuis longtemps une crise économique, politique, migratoire et terroriste. Désormais, une autre crise profonde se profile: la gauche et la droite évoluent vers ''la droite de la droite''. A l'évidence, le national-populisme défendu par l'extrême droite est en train d'influencer la politique en France. Cette tendance est très inquiétante.
En 2012, les Français ont élu François Hollande président malgré son manque d'expérience à ce niveau de gouvernance car ils ne voulaient pas que Nicolas Sarkozy effectue un second mandat. A l'issue du second tour de cette élection, Dominique Reynié, professeur de sciences politiques à Sciences Po, avait confié à Xinhua que l'erreur la plus importante de M. Sarkozy avait été le choix stratégique de sa campagne électorale.
Nicolas Sarkozy "pouvait quand même être réélu, mais le choix qu'il a fait d'une campagne électorale très centrée sur des thèmes comme l'immigration en particulier ou les frontières ou une espèce d'hostilité ou de conflit avec l'Europe ont perturbé une partie de son électorat", avait-il analysé.
Selon lui, il était évident pour tous que Nicolas Sarkozy a essayé d'attirer les électeurs de Mme Le Pen pendant la présidentielle de 2012, au lieu de mettre en avant qu'il était le président sortant et qu'il avait de l'expérience à ce poste.
(Auteur : Tang Ji)
''Il n'a pas du tout fait ça. Il est devenu un candidat comme les autres. Je crois que ça a réduit sa candidature : il est devenu un candidat ordinaire, banal'', a indiqué M. Reynié.
Quatre ans plus tard, MM. Sarkozy et Juppé ont-ils vraiment tiré les leçons de la dernière élection présidentielle?