Dernière mise à jour à 08h28 le 16/05
En Arabie Saoudite, les femmes risquent la flagellation et l'emprisonnement, en sus d'une amende, si elles consultent le téléphone de leur mari sans sa permission. Selon Mohammad al-Temyat, un avocat chevronné, cette infraction serait poursuivie comme une violation de la vie privée, car elle n'est pas couverte par les lois islamiques du pays. Cette question a été une source de débat croissant dans le royaume, avec des cas très médiatisés conduisant à près de 35 000 tweets sous un hashtag en arabe devenu tendance et qu'on peut par « Flagellation d'une femme ayant consulté le téléphone de son mari ».
M. Al-Temyat, un conseiller juridique qui se décrit comme un « membre » du Programme de sécurité de la famille du gouvernement saoudien, a confirmé dans une interview avec le journal La Mecque que les femmes concernées seraient déférées devant les tribunaux si une poursuite était déposée contre elles. En revanche, le mari a le droit de consulter le téléphone de son épouse comme bon lui entend. Cette orientation juridique malgré les tentatives tant vantées de réforme sociale du roi Salman. Le Programme de sécurité de la famille fait partie de la Direction des affaires sanitaires du ministère de la Garde nationale, et a été créé par décret royal en 2005 pour améliorer l'accès aux services sociaux.
Les protestations n'ont pas manqué de fuser en ligne, mais seulement de la part d'internautes féminines. Une utilisatrice de Twitter a dit : « Ils trouvent gênant si les femmes ‘se contentent' de téléphone de leur mari, tandis qu'une femme vit toute sa vie dans une 'inquisition'. Que ce soit au sujet de ses vêtements, de ses paroles ou de son comportement ». Une autre a appelé à davantage de confiance et de tolérance, disant que, pour rendre la vie conjugale « moins compliquée, un mari doit partager sa vie privée avec sa femme afin qu'ils puissent vivre une vie libre de suspicion et de doute ».
Parlant au journal The Independent, M. Al-Temyat a dit qu'il ne travaille avec le gouvernement que sur une base volontaire, fournissant des conseils juridiques. Il a décrit la loi sur le contrôle du téléphone d'une personne comme infraction dite « Ta'zir », autrement dit relevant de la discrétion de la justice parce qu'il n'y a pas de définition ou de peine prescrite par l'Islam à ce sujet. Il a ajouté que « Je tiens à préciser que ce sujet implique le mari et la femme, et que c'est une infraction Ta'zir ; il est donc possible qu'il y ait des coups de fouet, une amende, de l'emprisonnement, la signature d'un engagement ou même rien. C'est une infraction Ta'zir non identifiée légalement, donc la punition dépend du dommage causé. S'il n'y a eu aucun dommage causé, il n'y aura pas de peine ».