Le sommet UE-Turquie au coeur des débats de la session plénière du Parlement européen

Le Parlement européen (PE), réuni en session plénière à Strasbourg jusqu'à jeudi, débattra mercredi des conclusions du sommet Union Européenne (UE) -Turquie sur la crise des réfugiés qui s'est tenu lundi à Bruxelles.

Les échanges entre les eurodéputés, la représentante de la présidence néerlandaise du Conseil européen, Jeanine Hennis-Plasschaert et le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis promettent d'être houleux, mercredi matin, dans l'hémicycle strasbourgeois.

Après la réunion extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement de l'UE et du Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, organisée lundi sur la question du plan d'action conclu entre Bruxelles et Ankara en matière de crise migratoire, le climat continue de s'envenimer.

L'UE attend de la Turquie qu'elle reprenne "tous les réfugiés non syriens" et fasse tout pour stopper le départ de migrants syriens depuis ses côtes, a martelé lundi le Premier ministre néerlandais Mark Rutte en arrivant à ce sommet censé resserrer la coopération.

Les Européens espèrent qu'Ankara mettra en oeuvre dès juin, comme promis, un accord de réadmission pour tous les migrants économiques et tous les demandeurs d'asile déboutés en Europe arrivés depuis la Turquie, qui devra à son tour les renvoyer dans leurs pays d'origine.

M. Rutte s'est néanmoins d'ores et déjà déclaré "moyennement optimiste" quant aux "concessions" que la Turquie pourrait faire à l'UE.

Pendant cette session plénière, les députés européens aborderont également la question des besoins humanitaires urgents des migrants et des réfugiés bloqués en Grèce et en Turquie ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour rétablir le fonctionnement normal de l'espace Schengen.

Signe de la gravité et de l'urgence, le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, s'adressera à la plénière, mardi, journée internationale des droits de la femme, afin de tirer la sonnette d'alarme quant à la situation des femmes réfugiées. Depuis le début de l'année, les femmes et les enfants représentent 55% des personnes arrivant en Grèce pour demander l'asile, contre 27% en juin 2015 d'après les chiffres du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.

La réforme des politiques et procédures européennes de migration et d'asile doit inclure des mesures tenant compte du genre afin de garantir la sécurité des femmes qui demandent l'asile et qui voyagent souvent seules avec de jeunes enfants et d'autres tiers à charge, affirment les eurodéputés dans une proposition de résolution qui sera soumise au vote mardi.

Pendant le débat conjoint mardi matin, la Commission informera également les députés sur la situation globale des femmes en Europe.

Le Premier ministre de la Suède, Stefan Lofven, débattra mercredi après-midi avec les députés de la situation actuelle dans l'UE. La venue en plénière de ce social-démocrate, à la tête depuis octobre 2014 de la toute première coalition gouvernementale socialiste et écologiste en Suède, fait suite à celle de la Première ministre polonaise Beata Szydlo le 19 janvier 2016.

Le fragile cessez-le-feu en Syrie, entré en vigueur le 27 février, sera par ailleurs débattu avec la cheffe de la politique étrangère de l'UE, Federica Mogherini, mardi après-midi. Depuis 2011, le conflit a coûté la vie à plus de 250.000 personnes et plus de 4 millions de Syriens ont été forcés de se réfugier dans les pays voisins, avec un peu plus de 10% d'entre eux en Europe.

A noter également, dans un tout autre registre, à l'agenda chargé de la session plénière : la mise au vote final, mardi, d'un nouveau projet de loi, provisoirement conclu entre les ministres de l'UE, visant à promouvoir une meilleure alimentation des enfants et une meilleure éducation en matière de nutrition. S'il est approuvé, les programmes européens de lait et de fruits à l'école aujourd'hui distincts fusionneront et le budget annuel des nouveaux régimes augmentera de 20 millions à 250 millions d'euros.