L'attentat commis vendredi par Yassin Salhi est bien de nature terroriste et "correspond très exactement aux mots d'ordre de Daech", a estimé mardi le procureur de la République de Paris, François Molins, annonçant la mise en examen du terroriste.
La décapitation réalisée vendredi par Yassin Salhi "correspond très exactement aux mots d'ordre de Daech qui appelle régulièrement à commettre des actes de terrorisme sur le territoire français et précisément à égorger des mécréants", a déclaré mardi M. Molins lors d'une conférence de presse.
"La décapitation rappelle aussi précisément un mode opératoire habituel de cette organisation terroriste", a-t-il poursuivi, ajoutant que ces éléments justifiaient "l'ouverture par la section antiterroriste d'une information judiciaire (..) pour participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer ou de faciliter la commission du crime d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste".
Par ailleurs, Yassin Salhi est également poursuivi pour " destruction ou dégradation par l'effet d'une substance explosive incendiaire, ou de nature à créer un danger pour les personnes, en relation avec une entreprise terroriste" puisqu'il a tenté de faire exploser des bombonnes de gaz dans l'usine Air Products peu de temps après avoir décapité sa victime, a précisé le procureur.
Yassin Salhi, 35 ans, a décapité vendredi matin son employeur, Hervé Cornora, 54 ans, avant de prendre deux photos avec son téléphone portable, l'une où il montre la tête de la victime, l' autre où il pause à côté de celle-ci, qu'il a immédiatement envoyées à un de ses contacts en Syrie dénommé Sébastien Younes, a rappelé M. Molins.
"Lors d'une perquisition réalisée dans l'entourage de Sébastien Younes, les enquêteurs ont découvert un téléphone avec lequel ses proches le contactaient en Syrie", a poursuivi le procureur, indiquant que "l'exploitation de ce téléphone a permis de mettre au jour une discussion, toujours via l'application Whatsapp, le vendredi 26 juin dans la soirée".
Au cours de cette conversation, Sébastien Younes "indiquait très bien connaître Yassin et affirmer 'être une des causes pour lesquelles il a fait ça'. Il disait enfin avoir reçu les deux clichés et avoir demandé l'autorisation à l'organisation terroriste Etat islamique de les diffuser".
"Remarqué dès 2003 dans la sphère djihadiste du Doubs, Yassin Salhi s'est rendu plusieurs fois au Maroc et en Arabie saoudite et a côtoyé l'"imam" converti Jean Salvi, alias 'Grand Ali'", écrivait mardi le journal Le Figaro.
"Selon sa soeur, Salhi a aussi voyagé en Syrie avec femme et enfants en 2009. Pendant un an, il y aurait fréquenté une école coranique avant de revenir à Besançon pour pratiquer des sports de combat, et notamment du 'free fight' pour laisser libre cours à ses bouffées de violence", précise le journal.
"Faisant l'objet d'une fiche S ("sûreté de l'État") des services de renseignement entre 2006 et 2008, Salhi avait depuis lors disparu des écrans radar. Jusqu'à resurgir vendredi de la plus nauséabonde manière", conclut Le Figaro.