Un nouveau scandale impliquant l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) dans des écoutes téléphoniques de dirigeants français place le président Barack Obama dans une position délicate.
De hauts responsables, dont François Hollande et ses deux prédécesseurs Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, ainsi que des ministres et des parlementaires, ont été surveillés par la NSA, selon des documents révélés mardi par Wikileaks.
Ces documents classés "Top secret" ont paru dans le quotidien "Libération" et le site d'informations Médiapart, révélant que ces écoutes avaient été menées entre 2006 et 2012.
Les révélations surviennent quelques mois après que l'Allemagne a ouvert une enquête sur les allégations d'un espionnage par la NSA du téléphone portable de la chancelière Angela Merkel et d'autres dirigeants allemands. L'affaire a cependant été classée sans suite par le parquet fédéral.
Bien que la France et l'Allemagne soient de proches alliés des Etats-Unis, jouant un rôle important au sein d'institutions internationales telles que le G7 ou l'OTAN, leurs dirigeants n'ont pas été épargnés par l'espionnage américain. A l'évidence, quand il s'agit de surveiller et de contrôler le monde, les Etats-Unis montrent un appétit insatiable.
Ce scandale éclate quelques semaines après que M. Obama eut promulgué une nouvelle loi limitant les capacités de la NSA à collecter les métadonnées des appels téléphoniques.
"C'est inacceptable entre alliés", a réagi Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement français, à la sortie d'un conseil de défense réuni dans l'urgence mercredi matin à l'Elysée par François Hollande. Le porte-parole a parlé de "méthodes inacceptables en général et plus particulièrement entre alliés".
En 2013, des documents révélés par l'ancien analyste de la NSA, Edward Snowden, montraient que les Etats-Unis pratiquaient une surveillance électronique de masse, déclenchant une vague de protestations mondiale.
Le quotidien britannique "The Guardian" avait indiqué à l'époque que la NSA avait placé sur écoute les téléphones portables de 35 dirigeants de la planète, dont ceux de la France, du Mexique et du Brésil.
De tels scandales à répétition montrent que Washington ne se fera jamais de véritables amis en traitant ses "alliés" comme de fidèles disciples ou serviteurs.
En utilisant Internet et les technologies les plus avancées dont ils sont les inventeurs, les Etats-Unis ont eu accès à un grand nombre d'informations privées ou classées secret. Tristement, ils ont profité de cet avantage technologique sur d'autres pays pour les espionner ou pirater leurs données.
Mais, ironie du sort, la science et la technologie sont des armes à double tranchant. Elles ont ainsi permis à Snowden de jeter une lumière crue sur les sombres activités américaines.