Suite à la proposition samedi de Nicolas Sarkozy d'abroger la loi Taubira sur le mariage pour tous, plusieurs proches de l'ancien président français ont exprimé leur scepticisme sur un tel projet, dénonçant, faisant notamment valoir l'inconstitutionnalité d'un tel projet.
"Le revirement de l'ex-président de la République a du mal à passer dans son camp, jusque chez ses soutiens", écrivait lundi matin le journal Le Parisien.
"Je ne suis pas d'accord ! Ce n'est ni souhaitable... ni possible !", a déclaré lundi matin sur Europe 1 la députée UMP et ancienne porte-parole du candidat Sarkozy à la présidentielle de 2012, Nathalie Kosciusko-Morizet.
"Le Conseil Constitutionnel ne revient pas sur les nouveaux droits (...) S'il y a un vote (des militants, ndlr), je ferai campagne contre l'abrogation. Pour ne pas rouvrir cette plaie", a-t-elle ajouté.
Lors d'un meeting samedi à Paris, l'ex-chef de l'Etat, aujourd'hui candidat à la présidence de l'UMP, avait estimé que "la loi Taubira devra être réécrite de fond en comble".
"Si vous préférez qu'on dise abroger la loi Taubira pour en faire une autre... En français, ça veut dire la même chose (...) Mais enfin, si ça vous fait plaisir, franchement, ça coûte pas très cher", avait-il assené.
"Que vous disiez : abroger, réécrire... On peut avoir des débats à l'infini là-dessus, mais je ne suis pas favorable à ce qu'on touche à la loi Taubira", a martelé Mme Kosciusko-Morizet.
Interrogé dimanche soir sur BFM TV, l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, François Fillon, a jugé impossible l'abrogation de la loi Taubira "pour des raisons juridiques", tout en défendant sa réécriture pour "préciser" le recours à l'adoption, et "interdire" la gestation pour autrui (GPA).
"Faisons un texte pour interdire complètement la GPA, la PMA (procréation médicalement assistée, ndlr), pour revoir l'ensemble de la filiation et de l'adoption mais ne commençons pas à dire 'abrogation' de la loi", a déclaré lundi matin sur France Bleu Le sénateur UMP Roger Karoutchi.
Revenir sur le mariage homosexuel serait "difficile et à (son) sens inconstitutionnel", a-t-il souligné.
"Les Français attendent d'autres priorités que la réécriture de la loi Taubira", écrivait samedi sur Twitter la fidèle sarkozyste Nadine Morano.
"Sa manière d'avoir présenté les choses n'est ni heureuse ni honorable", a estimé de son côté lundi matin sur RTL le député et candidat à la présidence de l'UMP, Hervé Mariton, notant "une certaine confusion" dans les propositions de son concurrent.
Nicolas Sarkozy "s'est sûrement laissé un peu déporter par la salle qui hurlait : 'Abrogation ! Abrogation !", a estimé pour sa part le député Thierry Solère, proche de l'autre candidat à la présidence de l'UMP Bruno Le Maire.
"Il a sûrement commis une maladresse car il envoie là un message qui donne raison aux veilleurs, ces quelques-uns qui restent devant les ministères et l'Assemblée nationale pour réclamer l'abrogation tous les jours", a-t-il déclaré lundi sur France Inter.
Invité lundi matin sur BFM TV, le porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP, Gérald Darmanin, a défendu de son côté une "position courageuse", par comparaison à celles des autres candidats Hervé Mariton et Bruno Le Maire.
"La loi Taubira devra être réécrite de fond en comble, abrogée pour en faire une autre", avait déclaré samedi l' ancien président devant les militants du mouvement Sens commun, proche du mouvement "Manif pour tous".
"Alors que les trois candidats à la présidence de l'UMP étaient réunis pour la seule et unique fois, il s'agissait pour Nicolas Sarkozy de se distinguer de Bruno Le Maire, qui ne souhaite pas revenir sur la loi Taubira, et d'Hervé Mariton, vent debout contre le Mariage pour tous. D'où cette annonce mi-chèvre, mi-chou, qui peut dire tout, et son contraire", résumait samedi le magazine L'Express.