Dernière mise à jour à 16h48 le 13/12
Huawei Technologies Co a obtenu un important vote de confiance, avec le choix par l'une des plus grandes sociétés de télécommunications d'Allemagne de l'entreprise chinoise comme fournisseur principal d'équipements de télécommunications pour son réseau 5G.
Telefonica Deutschland, qui exploite le deuxième plus grand réseau sans fil d'Allemagne, a choisi Huawei aux côtés des finlandais de Nokia Oyj pour la fourniture d'équipements à son réseau 5G. Cette décision est intervenue alors que des responsables français et allemands ont déclaré publiquement que les deux pays ne suivraient pas les États-Unis en excluant Huawei de leur déploiement du réseau 5G.
Selon les analystes, la décision de Telefonica Deutschland montre que les partenariats commerciaux mutuellement bénéfiques ne seront pas compromis par les ingérences politiques, et les efforts intensifs de Washington pour interdire Huawei sur des accusations sans fondement échoueront finalement.
Telefonica Deutschland, une partie du groupe espagnol Telefonica, a déclaré dans un communiqué que l'accord doit toutefois encore être approuvé par les autorités allemandes, qui sont en train de finaliser les règles de sécurité pour les fournisseurs d'équipements de télécommunications, ajoutant qu'elle tenait compte du processus politique en cours d'élaboration de ces directives de sécurité, mais qu'elle ne voulait pas non plus retarder le début de l'expansion de la 5G.
La société allemande suit les traces des Suisses de Sunrise qui a lancé son réseau 5G alimenté par Huawei. Jusqu'à présent, Sunrise a déployé des services 5G dans plus de 262 villes et villages suisses, et plus de 50% des équipements de télécommunications de son cœur 5G et de ses réseaux radio sont fournis par Huawei.
Dans le même temps, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hua Chunying a démenti le 12 décembre les informations des médias selon lesquelles le gouvernement chinois aurait menacé d'annuler un accord commercial avec les îles Féroé s'il n'acceptait pas d'utiliser l'équipement de Huawei. Selon Mme Hua, ces affirmations « sont complètement fausses et sont motivées par des arrière-pensées ». Huawei, le plus grand fabricant mondial d'équipements de réseau mobile, a pour sa part déclaré qu'il « n'était au courant d'aucune rencontre entre l'ambassadeur de Chine et les politiciens des Iles Féroé en novembre, comme certains l'ont prétendu ».
Bai Ming, chercheur principal à l'Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique, a déclaré que la liste croissante des contrats 5G de Huawei montre que les efforts des Etats-Unis pour mélanger politique et coopération commerciale normale échoueraient en fin de compte, car les faits seraient plus éloquents que les accusations sans fondement de Washington.
Un nombre croissant de pays européens adoptent une approche impartiale en ce qui concerne l'utilisation des équipements Huawei dans leur déploiement de réseau 5G. La ministre française de l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, a ainsi récemment déclaré dans une interview aux médias locaux que la France n'exclurait pas Huawei de la 5G.
L'Allemagne a également indiqué qu'elle n'écarterait aucun acteur des télécommunications, y compris Huawei, dans sa version de la 5G. Fin novembre, la chancelière allemande Angela Merkel a appelé les pays européens à convenir d'une approche commune envers la Chine et Huawei dans le déploiement de la technologie sans fil ultra-rapide.
Selon Jeremy Ghez, professeur affilié d'économie et d'affaires internationales à HEC Paris, une école de commerce internationale française, une attitude commune envers Huawei est dans l'intérêt commun des pays européens.
Tous les commentaires interviennent alors que le gouvernement américain accuse Huawei de poser des risques pour la sécurité, sans pour autant jusqu'à présent pouvoir fournir aucune preuve factuelle. Washington a cherché à interdire aux agences fédérales et aux opérateurs de télécommunications rurales américaines d'acheter l'équipement et les services de Huawei.
La directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, est actuellement détenue au Canada à la suite d'une demande des États-Unis. Elle a été arrêtée à l'aéroport international de Vancouver par les autorités canadiennes à la demande des États-Unis le 1er décembre 2018 et est assignée à domicile depuis lors.
Récemment, des preuves plus détaillées sur le cas de Mme Meng sont apparues, et de nombreux médias ont souligné que l'affaire était motivée par des forces politiques. Le journal canadien The Globe and Mail a ainsi révélé dans un récent article que « Lorsque Washington a eu besoin de l'aide du Canada pour appréhender un haut dirigeant de Huawei, les responsables de la Maison Blanche, du Congrès et du corps diplomatique ont été informés de ce qui se passerait des heures avant les politiciens à Ottawa ».
Pour Simon Tisdall, chroniqueur pour The Guardian, la rivalité géopolitique et économique entre la Chine et les États-Unis est ce qui est vraiment derrière l'arrestation de Mme Meng. Selon Xiang Ligang, PDG du site Internet de l'industrie des télécommunications Cctime, l'arrestation de Mme Meng n'est pas un incident isolé, mais l'une des nombreuses mesures prises dans le cadre de la campagne systématique du gouvernement américain contre Huawei.
De son côté, Huawei a déclaré dans un communiqué précédent que la société avait confiance en l'innocence de Mme Meng, et qu'elle pensait que son arrestation était un abus de procédure illégal, guidé par des considérations politiques et tactiques, et non par la primauté du droit.