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Boeing doit reconnaître ses erreurs et que la sécurité ne se proclame pas

le Quotidien du Peuple en ligne | 15.03.2019 09h38

En l'espace de 5 mois seulement, le Boeing 737 MAX 8 a connu deux crashs aériens qui ont entraîné respectivement la mort de 189 et 157 personnes, une tragédie humaine. Selon des statistiques incomplètes à ce jour, des dizaines de pays et régions ont complètement immobilisé le 737 MAX 8. Les États-Unis ont également rejoint la liste des pays qui ont bloqué cet avion et ont aussi cloué au sol tous leurs Boeing 737MAX. Rien n'est plus précieux que la vie, et personne n'ose plaisanter avec la vie des gens et considérer la sécurité nationale comme un jeu d'enfant.

Un peu plus tôt, Boeing avait déclaré dans un communiqué que la sécurité était sa priorité absolue et que l'avionneur avait suffisamment confiance en la sécurité du 737 MAX. Le problème est qu'affirmer qu'on a confiance en soi ne saurait suffire, que la sécurité ne peut pas se proclamer aussi facilement que ça, et qu'en l'absence de preuves solides en faveur de la sécurité, cette soi-disant sécurité et cette prétendue confiance risquent bien de ressembler à une allégorie du genre « siffler sur une route en pleine nuit pour se donner du courage ». C'est-à-dire que non seulement on se trompe soi-même, mais on trompe également les utilisateurs et on fait au minimum preuve d'un manque criant de respect pour la vie.

Sur la base des principes humanitaires les plus élémentaires, voire de l'éthique professionnelle la plus simple, Boeing devrait également, en tant qu'entreprise, se livrer à une introspection, ne pas éluder le problème, ni diffuser une théorie de confiance à laquelle personne ne croit. « Nous comprenons que les régulateurs et les clients ont pris la décision qu'ils jugent la meilleure pour leur marché national. Nous continuerons à communiquer avec eux pour nous assurer qu'ils disposent des informations nécessaires pour assurer la confiance de leur flotte qu'ils exploitent ». De tels mots ne reflètent pas le moindre respect pour la vie, mais plutôt de l'indifférence, de l'arrogance et de la vanité.

Les gens disent souvent que « les grands hommes ont de la sagesse » et que plus on est grand plus ses responsabilités sont grandes. En tant que principal fabricant d'avions du monde, Boeing a toujours été au cœur de la fabrication et de la vente d'avions gros porteurs ; le lancement de la famille 737 a été impressionnant et les commandes globales pour la série 737 MAX l'ont été tout autant. Mais du point de vue du sens commun, la sécurité des vols et la vie humaine sont plus importantes que tout ; les deux accidents ont de nombreux points communs : par exemple, les avions qui se sont écrasés étaient tous les deux des nouveaux modèles de Boeing et l'un et l'autre ont été victimes d'un accident peu de temps après le décollage, et tous deux sont accusés d'avoir des défauts de conception fatals. Indépendamment de la vérité, face à ces deux accidents aériens, Boeing doit avoir suffisamment de courage et faire face aux inquiétudes de l'opinion publique. Cependant, quand on voit les initiatives prises après les accidents, le moins que l'on puisse dire est que Boeing a échoué et n'a convaincu personne.

L'attitude « supérieure » de la société Boeing fait que les gens ont la forte impression que le constructeur américain pense surtout à ses intérêts. Selon son rapport annuel, le chiffre d'affaires annuel de Boeing pour 2018 était de 101,1 milliards de dollars, dont un bénéfice net de 10,46 milliards de dollars, soit une augmentation de 19%. Parmi les quatre principaux secteurs d'activité, les produits tirés des avions commerciaux ont représenté 60% du total des produits de l'exercice. Selon les experts, le 737 MAX est le modèle le plus répandu au monde et l'un des plus importants systèmes Boeing. C'est probablement l'une des raisons qui justifie l'attitude de Boeing après l'incident. En fait, indépendamment des considérations commerciales ou du calcul des intérêts, c'est chose normale pour les entreprises, mais on ne saurait pour autant réduire les calculs à de simples calculs, et dans tous les cas ils ne sauraient être supérieurs à la vie des gens. Si une entreprise, aussi puissante soit-elle, manque de réflexion, elle ne méritera pas le respect. Si vous ne respectez pas la vie, vous ne récolterez que l'opprobre et le mépris.

Il est à noter que la Chine a été le premier pays à annoncer la suspension du Boeing 737MAX8. Au début, cette initiative a suscité quelques critiques, mais il s'est vite avéré que les pratiques de la Chine ne méritaient pas ces reproches, car elles reflètent le souci de la vie et la responsabilité d'un grand pays. Depuis lors, nombre de pays lui ont emboîté le pas et ont « voté avec leurs pieds », ce qui prouve par ricochet que la série des Boeing 737 Max est pour le moins suspecte.

On ne sait toujours pas comment Boeing va régler le problème. Aujourd'hui, outre sa chute en bourse, Boeing est confronté à une situation où il risque de faire face à des plaintes et réclamations. Un porte-parole d'une compagnie aérienne norvégienne a ainsi déclaré : « Nous enverrons toutes les factures générées à Boeing ». Si le modèle 737 MAX est bloqué, un effet domino va se former. Boeing ne risque-t-elle alors pas de connaître un déferlement de plaintes ? Pour Boeing, mieux vaut reconnaître ses erreurs que de se montrer entêté, et mieux que de reconnaître ses erreurs, il est encore plus préférable de corriger le problème pour assurer la qualité d'abord, et mettre la sécurité en premier. On dit que la sécurité est ce qui assure la survie de l'industrie de l'aviation civile. S'il n'y a pas de sécurité, les autres choses peuvent-elles encore avoir de l'importance ?

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Gao Ke)
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