Dernière mise à jour à 10h39 le 08/04

Page d'accueil>>Economie

La fermeture de la plus vieille centrale nucléaire française actée mais différée

Xinhua | 08.04.2017 10h23

La demande d'abrogation de l'autorisation de l'exploitation de la plus vieille centrale nucléaire française a été votée jeudi mais le décret de fermeture ne pourra pas être pris avant la fin du quinquennat de François Hollande, qui l'avait pourtant promis durant la campagne présidentielle de 2012.

Contrairement à ce qu'affirmaient dans un premier temps les syndicats, le Conseil d'administration d'EDF (Electricité de France) a approuvé jeudi à une courte majorité, après des échanges tendus et une interruption de séance, une délibération permettant au groupe EDF de faire une demande d'abrogation d'exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim située en Alsace, dans le département du Haut-Rhin (Grand Est).

Le Conseil d'administration a accepté le principe de la fermeture de Fessenheim mais le PDG d'EDF ne pourra envoyer au gouvernement la demande que six mois avant la mise en service de l'EPR de Flamanville (Manche), prévue fin 2018-début 2019. Le décret ne pourra donc pas être pris avant la fin du mandat de François Hollande.

Malgré ce délai, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a salué l'issue du conseil. "C'est enfin une bonne décision qui est prise dans la mesure où le caractère irréversible et inéluctable de la fermeture est explicitement acté dans la décision", a-t-elle affirmé, assurant que cette décision "sera actée juridiquement dans les prochains jours".

Les six administrateurs salariés ont voté contre cette délibération et les six administrateurs indépendants, dont le PDG du groupe Jean-Bernard Lévy qui a une voix prépondérante en cas d'égalité ont voté pour, a indiqué une source à l'AFP.

Les six administrateurs représentant l'Etat n'ont pas pris part au vote, en raison d'un conflit d'intérêt, puisque l'Etat est actionnaire à plus de 83% de l'électricien.

La fermeture de Fessenheim, la doyenne des centrales françaises, est réclamée de longue date par les écologistes français, suisses et allemands mais les salariés du groupe s'y opposent, dénonçant son impact sur 2 000 emplois directs et indirects.

La centrale se situe à moins de 30 kilomètres de Mulhouse, chef-lieu du département du Haut-Rhin, à une cinquantaine de kilomètres de la ville suisse de Bâle, à une centaine de kilomètres de la capitale alsacienne Strasbourg, et à un peu plus de 120 km de la ville allemande de Stuttgart.

Le conseil d'administration d'EDF avait adopté fin janvier, le protocole d'indemnisation du groupe pour la fermeture anticipée de Fessenheim, enclenchant la procédure d'arrêt de la doyenne des centrales nucléaires françaises.

Au terme d'un compromis avec l'Etat, qui détient 85% de son capital, le conseil d'administration d'EDF, fournisseur et distributeur mondial d'électricité, avait voté, grâce à la voix prépondérante de son PDG, Jean-Bernard Lévy, le mécanisme d'indemnisation du groupe d'électricité et de ses partenaires allemands et suisses pour l'arrêt de la centrale.

La construction de la plus vieille centrale nucléaire française, implantée en bordure du Grand Canal d'Alsace, dans une région densément peuplée comportant un risque sismique, a été décidée à la fin des années 1960 par les présidents Charles de Gaulle puis George Pompidou.

Mise en service en 1978, la centrale est équipée de deux réacteurs d'une puissance installée de 900 MWe chacun. Une anomalie sur un générateur de vapeur a entraîné l'interruption du fonctionnement du réacteur numéro 2 en juin dernier.

François Fillon, candidat de la droite et du centre à l'élection présidentielle, a promis de "stopper la fermeture" de la centrale s'il est élu.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
Partez cet article sur :
  • Votre pseudo
  •     

Conseils de la rédaction :