La Chine n'envisage pas d'utiliser son droit de veto pour les décisions importantes de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB), selon un spécialiste de la question.
Tous les articles devraient être formellement signés lundi, a confirmé jeudi le ministère chinois des Affaires étrangères. La structure bancaire devrait être opérationnelle d'ici la fin de l'année.
La Chine a jusqu'à présent le statut du plus grand actionnaire, avec des droits de vote suffisants pour bloquer à elle seule toute décision importante au sein de la banque.
Mais cela pourrait être modifié si davantage de pays rejoignent l'AIIB, selon la source.
«Le statut de la Chine repose sur un calcul prudent par rapport à son poids économique dans les pays membres», a déclaré l'expert à China Daily, sous couvert de l'anonymat. «La Chine ne poursuit pas délibérément ce droit, ni ne retenir délibérément dans le futur».
N'ayant pas encore été officiellement annoncés, les 57 membres fondateurs potentiels de la AIIB ont approuvés les accords sur l'agriculture lors d'une réunion de trois jours fin mai à Singapour.
Le Royaume-Uni est devenu le premier grand pays occidental à vouloir adhérer à la nouvelle structure comme membre fondateur, suivie par les grandes nations européennes, dont la France, l'Allemagne, le Luxembourg, la Suisse et l'Autriche, ainsi que l'Australie.
La Chine fournira 29,78 milliards de dollars de fond propres des 100 milliards de dollars du capital de la banque, a rapporté le Wall Street Journal (WSJ).
La formule des calculs et votes de l'AIIB considère non seulement l'apport de capital, mais également les votes pour les prochains nouveaux membres ainsi que les droits des 57 membres fondateurs.
Selon le WSJ, pour les grandes décisions concernant la structure, l'élection du président, les augmentations de capital et d'autres questions importantes, il faudra compter sur une «super majorité» d'au moins 75% des votes, ce qui signifie que la Chine dispose d'un pouvoir de veto sur les principales motions, à environ 26% des droits de vote, a rappelé un peu plus tôt la Deutsche Presseagentur.
Si de nouveaux pays, en particulier les grandes économies, se joignent à la banque, cela permettrait de faire changer la structure des élections et le total des votes de la Chine pourrait être abaissé à moins de 25%, perdant ainsi son droit de veto.
Les Etats-Unis et le Japon ont choisi de ne pas rejoindre l'AIIB, mais une adhésion ne peut pas complètement exclue, d'après les analystes.
Outre le système des droits de vote, la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures devrait innover dans d'autres domaines, comme dans ses politiques d'approvisionnement et créer un Conseil d'administration de non-résident.
Pour Liu Dongmin, chercheur à l'Institut de l'économie mondiale et de politique de l'Académie chinoise des sciences sociales : «L'innovation de l'AIIB est présentée à travers ses principes d'ouverture, d'inclusion et de modernité. Tentant de pallier les lacunes de gouvernance des organisations financières multilatérales existantes».